Travailler tue !

1 Octobre 2021
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Les maladies et traumatismes liés au travail ont été responsables du décès de 1,9 million de personnes en 2016. C’est ce que révèlent les premières estimations communes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Ces chiffres sont un peu anciens. Ils proviennent du Rapport mondial de suivi relatif aux estimations communes de la charge de morbidité et des traumatismes liés à l’activité professionnelle, 2000-2016. Il n’y pas de données plus récentes. Les maladies non transmissibles étaient responsables de 81 % des décès, dont les principales causes étaient les pneumopathies obstructives chroniques (450 000 décès), les accidents vasculaires cérébraux (400 000) et les cardiopathies ischémiques (350 000). Les accidents du travail étaient quant à eux responsables de 19 % des décès (360 000). L’étude a examiné19 facteurs de risque professionnels, notamment l’exposition à de longues heures de travail et l’exposition sur le lieu de travail à la pollution atmosphérique, aux asthmogènes, aux agents cancérogènes, aux facteurs de risque ergonomiques et au bruit. Le risque principal était l’exposition à de longues heures de travail (environ 750 000 décès). L’exposition à la pollution atmosphérique (particules, gaz et fumées) sur le lieu de travail a provoqué 450 000 décès. À l’échelle mondiale, le nombre de décès liés au travail par habitant-e a diminué de 14 % entre 2000 et 2016. Selon le rapport, cette évolution peut s’expliquer par les améliorations apportées à la santé et à la sécurité sur le lieu de travail. Toutefois, les décès dus aux cardiopathies et aux accidents vasculaires cérébraux associés à l’exposition à de longues heures de travail ont augmenté respectivement de 41 et 19 %. Ces chiffres témoignent d’une tendance à la hausse de ce facteur de risque psychosocial relativement nouveau. 
« Ces près de deux millions de décès prématurés sont évitables. Il faut prendre des mesures fondées sur les recherches disponibles pour cibler la nature évolutive des menaces pour la santé liées au travail », a commenté la Dre Maria Neira, directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS. « Assurer la santé et la sécurité des travailleurs est une responsabilité partagée par le secteur de la santé et du travail, tout comme le fait qu’aucun travailleur ne soit laissé pour compte à cet égard. Dans l’esprit des objectifs de développement durable des Nations Unies, la santé et le travail doivent œuvrer ensemble, main dans la main, pour faire disparaître cette charge de morbidité non négligeable », a-t-elle souligné. Le rapport note que l’on recense un nombre disproportionné de décès liés au travail chez les travailleurs-ses d’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental, ainsi que chez les hommes et les personnes âgées de plus de 54 ans. Enfin, le rapport note que la « charge totale de morbidité liée au travail est probablement beaucoup plus importante, car la détérioration de la santé imputable à d’autres facteurs de risque professionnels n’a pas encore été quantifiée ». En outre, les effets de la pandémie de Covid-19 ajouteront une nouvelle dimension à cette charge, qui devra être prise en compte dans les estimations futures.