Troubles du sommeil et VIH

7 Mai 2023
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Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont plus susceptibles de souffrir de troubles du sommeil que les personnes séronégatives, selon les résultats d'une étude publiée dans la revue AIDS, rapporte le site américain Poz. Les troubles du sommeil sont associés à l'anxiété et à la dépression, aux facteurs de risque cardiovasculaire et à l'utilisation de divers médicaments susceptibles d'affecter le sommeil, mais pas à des médicaments antirétroviraux spécifiques, précise l’étude en question. On estime que 10 à 30 % de la population générale souffre de troubles du sommeil, bien que de nombreuses personnes ne soient pas correctement diagnostiquées. La littérature scientifique a montré que les troubles du sommeil sont plus fréquents chez les PVVIH. Certains médicaments antirétroviraux, en particulier l'éfavirenz (nom commercial Sustiva, présent notamment dans la trithérapie en un seul comprimé Atripla), sont connus pour provoquer des troubles du sommeil, notamment des insomnies et des rêves inhabituels. D'autres facteurs, telles que la consommation d'alcool ou de médicaments en vente libre, l'anxiété ou la dépression, jouent également un rôle. La Dre Maria Mazzitelli et ses collègues ont mené une étude sur les problèmes de sommeil chez 721 PVVIH soignées à l'hôpital universitaire de Padoue (Italie). La majorité d'entre elles (72 %) étaient des hommes. L'âge moyen était de 53 ans. Elles vivaient avec le VIH depuis 15 ans en moyenne. Toutes les personnes suivaient un traitement antirétroviral stable et la plupart avaient une charge virale indétectable. Le nombre moyen de CD4/mm3 était supérieur à 600. Deux tiers d'entre elles présentaient des comorbidités (le plus souvent de l'hypertension artérielle, de l'obésité et des taux élevés de lipides sanguins) et 20 % prenaient plusieurs médicaments (polypharmacie). Environ la moitié des participants-es prenaient des antirétroviraux susceptibles d'affecter le sommeil, principalement des anti-intégrase ; moins de 1 % prenaient de l'éfavirenz. En outre, 20 % des participants-es prenaient divers hypnotiques, sédatifs ou autres médicaments affectant le sommeil, notamment des benzodiazépines, des corticostéroïdes, des opioïdes pour soulager la douleur et des antidépresseurs susceptibles d'affecter les cycles « veille-sommeil ». Au total, 61 % des personnes interrogées utilisaient des médicaments susceptibles d'altérer le sommeil. Les chercheurs-ses ont évalué la qualité du sommeil à l'aide de différentes mesures. Dans l'ensemble, 77 % des participants-es présentaient des troubles du sommeil. La majorité d'entre eux-elles présentaient des scores indiquant une mauvaise qualité du sommeil, avec l'apnée du sommeil (chez 31 %), l'insomnie (31 %) et une forte somnolence diurne (en journée) (8 %). En outre, 28 % des personnes interrogées souffraient d'anxiété et 16 % de dépression. Malgré un excellent profil virologique et immunologique et une bonne tolérance aux antirétroviraux, la population étudiée « maintient une prévalence très élevée de troubles du sommeil, supérieure à celle de la population générale avec un effet potentiel important sur la qualité de vie », ont conclu les auteurs-rices de l'étude. Afin de ne pas sous-estimer les troubles du sommeil, les troubles psychiatriques et autres problèmes connexes, les chercheurs-ses suggèrent que les personnes vivant avec le VIH fassent l'objet d'une évaluation des troubles du sommeil et de l'humeur une fois par an. Ils-elles ajoutent que l'évaluation de la santé du sommeil et des troubles du sommeil devrait être incluse dans l'évaluation de la santé cardiovasculaire et métabolique.