Trump : le budget VIH contesté

21 Mars 2018
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Le site Aidspan (L’observateur indépendant du Fonds mondial) suit de près les annonces d’engagement financier relatives à la lutte contre le sida au niveau mondial. Le 9 mars dernier, David Garmaise, rédacteur en chef du site, expliquait que le président américain Donald Trump avait envoyé au Congrès une proposition de budget pour le Fonds mondial pour l’exercice 2019 ; proposition qui suppose une réduction d’environ 425 millions de dollars de financement destiné au dit-Fond. Aux Etats-Unis, l’exercice 2019 commence le 1er octobre 2018, et le pays est, de loin, le plus gros donateur du Fonds mondial, contribuant à hauteur environ de 1,35 milliard de dollars par an. Va-t-on vers une baisse ? Pas vraiment. Comme l’explique Aidspan, ce montant correspond à ce que souhaite le président américain, c’est une proposition. Mais selon le "New York Times", ce sont le Congrès et le Sénat qui ont le dernier mot en matière budgétaire, ce budget a "peu de chances, voire aucune, d’être adopté tel quel". Il n’en demeure pas moins que les organisations non gouvernementales ont largement critiqué l’annonce de l’administration Trump. C’est le cas pour l’ONG Health GAP (Projet pour l’accès mondial à la santé). Elle explique, rapporte Aidspan, que le budget proposé par l’équipe Trump "réduirait de bien plus d’un milliard de dollars les programmes mondiaux de lutte contre le sida au Département d’Etat, à Usaid (1) (notamment au niveau du Pepfar (2) et de l’Initiative présidentielle pour lutter contre le paludisme) et aux Centres pour le contrôle et la prévention des maladies". A la clef donc, une éventuelle réduction de 425 millions de dollars du financement destiné au Fonds mondial. Ce désengagement aurait, selon les ONG, des " conséquences dévastatrices". D’ailleurs, l’ONG Les Amis du Fonds mondial a faits ses comptes. Selon elle, un désengagement de cette ampleur aurait les effets suivants : 565 250 vies sauvées en moins au travers des programmes soutenus par le Fonds mondial ; 454 750 personnes en moins accédant à un traitement antirétroviral ; 131 750 femmes en moins bénéficiant d’un traitement pour prévenir la transmission du VIH à leur enfant ; 650 250 personnes en moins bénéficiant de la prise en charge et du traitement de la tuberculose ; 18 275 personnes en moins traitées contre la tuberculose multirésistante ; 26 millions de moustiquaires en moins distribuées pour protéger les enfants et leur famille du paludisme ; 5,1 millions de foyers en moins traités par pulvérisation du domicile à effet rémanent pour protéger les enfants et leur famille du paludisme ; perte du potentiel de prévenir huit millions de nouvelles infections par le VIH, la tuberculose et le paludisme. D’ailleurs pour Chris Collins, le président des Amis du Fonds mondial : "Les réductions proposées gâcheraient les progrès accomplis face au sida, à la tuberculose et au paludisme et risqueraient d’entraîner une recrudescence des maladies". Même critique virulente chez Asia Russell, la directrice exécutive de Health GAP, citée par Aidspan : "Si ce budget est adopté tel quel, le legs de Donald Trump sera des millions de nouvelles infections et de nouveaux décès évitables – sans parler d’une recrudescence massive de la pandémie de sida". On verra donc, à l’automne prochain, quelles seront les décisions du Congrès et du Sénat américains, sur le plan de baisse souhaité par Donald Trump.

(1) : C’est l'Agence des Etats-Unis pour le développement international. Il s’agit d’une agence indépendante du gouvernement des Etats-Unis chargée du développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde.
(2) : President's Emergency Plan for Aids Relief ou Plan présidentiel d'urgence contre le sida, lancé en 2003 par le président Bush.