TSO : des pharmacies hors la loi

26 Novembre 2018
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Depuis près de trente ans maintenant, Asud (Association des usagers de drogues) se mobilise pour permettre aux traitements de substitution aux opiacés (TSO) d’exister. Dans un communiqué (début novembre), Asud, rappelle qu’il y a « près de vingt ans que l’État les a autorisés et près de dix ans que nous savons, sans aucune discussion possible, que les pharmacies sont encore majoritairement défavorables à l’idée de les délivrer ». L’été dernier, l'Observatoire des droits des usagers (Asud) s’est donc rendu « sur le terrain » et a réalisé « un testing de grande ampleur sur la ville de Paris pour évaluer la situation et mettre des chiffres sur une réalité que trop peu envisagent ». Résultat ? À Paris, sept pharmacies sur dix ne délivrent pas les substituts à l'héroïne prescrits aux personnes qui en ont besoin. Cette enquête a été conduite auprès de 115 pharmacies de la capitale. Elles représentent 11,6 % des pharmacies parisiennes. Les pharmacies concernées par l’enquête ont été sélectionnées selon leur proximité géographique avec des structures médico-sociales. Ses résultats ont été présentés, en primeur, le 2 novembre dernier, dans Le Parisien. D'après l'étude, 70 % des officines ne délivrent pas les substituts prescrits, ce qui constitue une pratique illégale. Ces substituts, prescrits par des médecins, permettent aux personnes consommatrices de ne pas souffrir du manque et donc de ne pas réutiliser dans l'héroïne. « Le testing confirme aussi le préjugé qui entoure les justifications du refus, indique l’Observatoire. L’argument de sécurité, la crainte d’une mise à mal de la réputation de l’établissement, la remise en cause du principe même de la substitution ou le jugement moral sont autant d’éléments redondants dans l’étude et qui démontrent qu’il est nécessaire de penser une campagne d’information à destination des pharmacies sur ce sujet important ». L’Observatoire indique aussi qu’il considère, comme nécessaire de « contrôler » et « de demander aux agences régionales de santé de jouer un véritable rôle de soutien des usagers sur cette question ».  De son côté, le site Franceinfo indique que trois plaintes ont été déposées par un centre de soin en addictologie contre les pharmacies qui affichent sur leur refus de délivrer du Subutex. « C’est insupportable. Ces pharmaciens vont passer devant le Conseil de l’ordre. La sanction tombera en fin d’année. Elle peut aller jusqu’à l’interdiction d’exercer », a indiqué au Parisien Martial Fraysse, président de l’Ordre des pharmaciens d’Île-de-France.