Tuberculose : dépistage animal

5 Février 2023
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Curiosité. L’AFP a récemment publié (23 janvier) un reportage singulier sur l’utilisation de rats comme démineurs à la recherche de mines antipersonnelles, mais aussi comme dépisteurs de la tuberculose. Ces rats sont formés, sur une période de six à neuf mois, par une ONG belge Apopo, établie en Tanzanie, puis déployés dans d’autres pays (Mozambique, en Angola ou au Cambodge). C’est dans un laboratoire du campus de l'université Sokoine que deux rats (Violet et Oprah) passent d'éprouvette en éprouvette. Plus d’entraînement pour eux, mais du vrai travail. Les deux rongeurs reniflent à longueur de journée des échantillons de crachats envoyés par 29 hôpitaux de la région et tentent de détecter les cas de tuberculose passés entre les mailles du filet lors de tests par microscopie peu avancée, explique l’AFP. L'utilisation de rats dans le dépistage de la tuberculose n’est pas homologuée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), mais elle a fait ses preuves, assure l'ONG Apopo, selon laquelle ces animaux permettent d'augmenter de 40 % le nombre des cas de tuberculose dépistés. L'ONG dispose actuellement de 222 rats géants, dont 108 participent à des activités de déminage et 42 dépistent la tuberculose, en Tanzanie et au Mozambique. « En fait, le principal obstacle, c'est la perception négative que les gens ont du rat », concède Christophe Cox, directeur d'Apopo, ONG créée en 1997 et installée à Morogoro (Tanzanie) depuis 2000. Le dépistage de la tuberculose s'effectue dans deux laboratoires, à Morogoro depuis 2007, et à Maputo, la capitale du Mozambique, depuis début 2013, en vertu de contrats passés avec les autorités locales. Les rats y passent en revue des échantillons provenant de centres de santé avoisinants. « Par manque de moyens, de qualifications et de temps, les hôpitaux de la région passent à côté de 50 % des cas de tuberculose », assure Christophe Cox. « Grâce aux rats, nous augmentons de 40 % le taux de détection ». Lorsqu'un rat désigne un échantillon qui n'avait pas été initialement détecté, celui-ci est soumis à un test de confirmation. « Le grand avantage ici, c'est à nouveau la rapidité des rats, ils peuvent passer 100 échantillons en revue en 20 minutes alors qu'un technicien de laboratoire mettra quatre jours », indique Christophe Cox. Apopo dit avoir détecté 10 000 cas de tuberculose grâce à ces rats dépisteurs. Des recherches sont en cours sur la détection du cancer ou des maladies neurodégénératives. La tuberculose tue 1,5 million de personnes par an. Elle est, en Afrique subsaharienne, la première cause de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH.