Tuberculose : l’Europe aussi ?

4 Septembre 2022
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L'élimination de la tuberculose d'ici 2035 est très peu vraisemblable, estime une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Clinical Microbiology and Infection. Les experts-es les jugent d’ailleurs « alarmants ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) conduit, depuis des années, une stratégie d’élimination de la tuberculose d'ici 2035 : la statégie EndTB. La tuberculose est la maladie infectieuse bactérienne ayant la plus forte mortalité dans le monde. Au cours des dix dernières années, son incidence d'un cas pour 100 000 habitants-es n'a pratiquement pas changé, alors que les cas mortels ont recommencé à augmenter pour la première fois depuis des décennies. Le manque de médicaments efficaces et de tests de résistance aux antibiotiques dans certains pays à la frontière Est de l'Union européenne est notamment en cause. Dans certains pays voisins de l'Union européenne (UE) comme la Russie, la Biélorussie, la Moldavie et l'Ukraine, plus de 25 % des malades souffrent de tuberculose multirésistante. Dans l'UE, ce taux est de 3 %, note l'hôpital universitaire bernois de l’ïle qui a participé à l’étude menée par le réseau Tuberculosis Network European Trials Group (TBnet). Ses auteurs-rices ont comparé la disponibilité des médicaments et des tests de résistances, ainsi que les coûts dans 43 pays européens. Les résultats sont alarmants. Ainsi, deux nouveaux médicaments hautement efficaces ne sont disponibles que dans respectivement 36 et 24 des 43 pays étudiés. Une thérapie combinée contre la tuberculose extrêmement résistante aux antibiotiques (XDR-TB) n'est disponible que dans 17 de ces pays. Selon Gunar Günther, médecin-chef à l'Hôpital de l'Île et premier auteur de l'étude, cité dans le communiqué, « les coûts des médicaments sont exorbitants dans certains pays, et les frais de traitement d'un patient peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros ». Et si les médicaments sont disponibles, ce sont souvent les tests de résistance qui font défaut, et on ignore donc si le traitement administré est efficace. Cet ensemble de faits favorise l'émergence et la diffusion de souches résistantes, soulignent les chercheurs-ses. Les capacités de diagnostic, de traitement, de prévention et de recherche doivent donc être améliorées d'urgence dans de nombreux pays, si l'on veut parvenir à maîtriser cette maladie dans un délai raisonnable. L'échéance de 2035 est jugée dans ce contexte « très invraisemblable », comme, le rapporte l’agence d’infos suisse ATS.