Tuberculose : l’OMS pointe l'urgence

17 Novembre 2017
2 339 lectures
Notez l'article : 
0
 

Les actions menées au niveau mondial pour lutter contre la tuberculose ont permis de sauver environ 53 millions de vies depuis 2000 et de réduire le taux de mortalité de la tuberculose de 37 % d’après le rapport 2017 sur la lutte contre la tuberculose dans le monde publié (30 octobre) par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Malgré ces bons résultats, les dernières nouvelles sont inquiétantes, note l’institution. La tuberculose reste la maladie infectieuse la plus mortelle en 2016. Elle est également la principale cause de décès imputables à la résistance aux antimicrobiens et la première cause de décès des personnes vivant avec le VIH. Autre signe inquiétant, dans la plupart des pays, les progrès marquent le pas et ne sont pas assez rapides pour atteindre les objectifs mondiaux ou pour combler les lacunes persistantes en matière de soins et de prévention de la tuberculose. "Un engagement a été pris à l’échelle mondiale pour mettre fin à l’épidémie de tuberculose d'ici 2030, mais les actions et les investissements ne sont pas à la hauteur de la rhétorique politique. Nous avons besoin d’une approche dynamique, globale et multisectorielle", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. En 2016, on estime à 10,4 millions le nombre de nouveaux cas de tuberculose dans le monde, dont 10 % de personnes vivant avec le VIH, indique l’OMS. Sept pays se répartissaient à eux seuls 64 % du nombre de cas, l’Inde étant la plus durement touchée, suivie de l’Indonésie, la Chine, les Philippines, le Pakistan, le Nigéria et l’Afrique du Sud. Selon les estimations, 1,7 million de personnes sont mortes de la tuberculose, dont presque 400 000 personnes étaient co-infectées par le VIH. Ce chiffre très élevé constitue cependant une baisse de 4 % par rapport à 2015. L’OMS estime à 600 000 le nombre de nouveaux cas présentant une résistance à la rifampicine – le médicament de première intention le plus efficace – dont 490 000 sont des cas de tuberculose multirésistante. Pour venir à bout de l’épidémie, il faut prendre des mesures afin de combler les lacunes au niveau des soins et du financement. L'insuffisance du diagnostic et des notifications des cas de tuberculose posent toujours problème, en particulier dans les pays où le secteur privé est important et dérèglementé, et où le système de santé est fragile. Sur les 10,4 millions de nouveaux cas estimés, seuls 6,3 millions ont été diagnostiqués et officiellement notifiés en 2016 ; 4,1 millions de cas sont donc passés entre les mailles du filet, dont près de la moitié en Inde, en Indonésie et au Nigéria. Seul un malade atteint de tuberculose multirésistante sur cinq a entamé un traitement. L’Inde et la Chine comptaient 39 % des cas non traités. La réussite du traitement, 54 % à l’échelle mondiale, reste faible. Sur les presque 500 000 cas notifiés de tuberculose associée au VIH, 15 % n’étaient pas sous traitement antirétroviral comme le recommande l’OMS, dont plus de la moitié dans la région africaine de l'OMS. Le traitement préventif contre la tuberculose progresse dans deux groupes à risque prioritaires : les personnes vivant avec le VIH et les enfants âgés de moins de cinq ans. Néanmoins, la plupart des personnes relevant d'un traitement préventif contre la tuberculose n’y ont pas accès. En ce qui concerne les soins et la prévention de la tuberculose, il manque environ 2,3 milliards de dollars sur les 9,2 milliards de dollars d’investissements nécessaires en 2017 dans les pays à revenu faible et intermédiaire. En outre, il faut au moins 1,2 milliard de dollars supplémentaires chaque année pour accélérer le développement de nouveaux vaccins, de nouveaux produits de diagnostic et de nouveaux médicaments. Comme on voit, on reste encore très loin du compte.