Tuberculose multirésistante : du nouveau

12 Novembre 2018
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Un nouveau traitement contre la tuberculose résistante aux antibiotiques a enregistré un taux de réussite de 90 %, selon des résultats d'essais cliniques consultés par l'AFP (22 octobre) ; résultats qui pourraient s'avérer déterminants dans la lutte contre cette maladie meurtrière. Une équipe de médecins en Biélorussie (l'un des pays où le taux de tuberculose multirésistante est le plus élevé) a traité pendant plusieurs mois des personnes avec la bedaquiline, combinée à d'autres antibiotiques. Les résultats indiquent que sur 181 personnes traitées, 168 sont totalement guéries. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), seuls 55 % des personnes atteintes de tuberculose multirésistante peuvent être guéries. Le taux de succès de l'étude biélorusse (93 %) a pu être répliqué au cours d'autres essais cliniques avec la bedaquiline en Europe de l'Est, en Afrique et en Asie du Sud-Est, selon des conclusions consultées par l'AFP. Ces résultats ont été présentés lors d'un sommet consacré à la tuberculose. « Les résultats de cette étude confirment (...) que des nouveaux traitements comme la bedaquiline peuvent guérir et sont une nouvelle donne pour ceux qui vivent avec la tuberculose multirésistante ou très résistante aux traitements antibiotiques », a commenté, pour l'AFP, la docteur Paula Fujiwara, directrice scientifique de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (UICTMR). Cet organisme n’est pas lié à cette étude. La tuberculose, maladie transmise par voie aérienne, a tué 1,7 million de personnes en 2017, selon l'OMS, ce qui en fait la maladie transmissible la plus meurtrière dans le monde, alors que c'est une maladie que l'on peut prévenir, traiter et guérir. Par ailleurs, il est important de rappeler que le VIH et la tuberculose, qui accélèrent mutuellement leur progression, forment une association meurtrière. La tuberculose est une cause majeure de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. Elle est responsable de 13 % environ des décès par sida dans le monde, indique l’OMS. En Afrique, le VIH est le principal déterminant de la hausse de l’incidence de la tuberculose observée ces dix dernières années. Quels problèmes pose la tuberculose multirésistante ? Une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en 2017 estimait que d'ici à 2040, 12,4 % des cas de tuberculose seraient causés par des souches résistantes aux antibiotiques. Selon l'OMS, de telles souches ont été enregistrées dans au moins 117 pays.  La tuberculose est causée par une bactérie qui touche le plus souvent les poumons, mais aussi les reins, les ganglions et les os. L'infection peut rester silencieuse pendant des années avant de se déclarer en maladie. Hautement contagieuse, elle est favorisée par la malnutrition, l'âge (moins de cinq ans, personnes âgées) ou encore le VIH. Contrairement à beaucoup d'antibiotiques, la bedaquiline n'attaque pas directement la bactérie, mais cible les enzymes avec lesquelles elle se nourrit.  « Globalement, notre étude confirme l'efficacité qu'a pu montrer la bedaquiline lors de précédentes études et infirme les inquiétudes autour des dangers des effets indésirables », a réagi la chercheuse Alena Skrahina qui a dirigé l'étude biélorusse.  Si toutes les personnes de l'étude ont souffert d'effets indésirables, elles ont été moins sévères qu'attendu.  Lors de l'assemblée générale des Nations Unies fin septembre 2018, les dirigeants-es mondiaux se sont engagés à mettre un terme à la pandémie de tuberculose d'ici à 2030 en levant 13 milliards de dollars par an pour atteindre cet objectif. « Nous avons un besoin urgent de traitements abordables comme la bedaquiline si nous voulons vraiment guérir les quelque 600 000 personnes atteintes de tuberculose multirésistante chaque année et éviter ainsi près d'un quart de million de morts", estime Mme Fujiwara, directrice scientifique de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (UICTMR).