Tunisie : fin de l'obligation de test anal ?

7 Octobre 2017
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Le ministre tunisien des droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia, a fait savoir que son pays s'engageait à ne plus imposer aux homosexuels de se soumettre à un test anal, en cas de poursuites pour leurs pratiques sexuelles, indique l’AFP (22 septembre). Aucune date n'a toutefois été donnée pour l'entrée en vigueur de cet engagement qui ne constitue, hélas pas, en une interdiction en bonne et due forme, mais comme un "assouplissement". Ainsi, "un juge pourra encore demander à une personne poursuivie pour homosexualité de faire un test anal, mais cette personne aura tout le droit de le refuser sans que son refus soit retenu comme une preuve d'homosexualité", a déclaré le ministre. On voit bien l’hypocrisie de la situation concernant une pratique policière et judiciaire que des organisations non gouvernementales et des organismes internationaux de défense des droits de l’Homme dénoncent comme "cruelle" et "inhumaine".  Cette concession imparfaite sans date précise est le fruit de pressions, notamment de la part des Nations Unies. En Tunisie, la sodomie est punie de trois ans d'emprisonnement, selon l'article 230 du code pénal. Les enquêteurs ou les juges ont à plusieurs reprises imposé à des jeunes poursuivis pour homosexualité de se soumettre à un test anal. "Ces examens ne pourront plus être imposés de force, ni physiquement ni moralement, et sans consentement de la personne concernée ", a insisté Mehdi Ben Gharbia. Il a ajouté que l'Etat tunisien s'engageait "à protéger la minorité sexuelle de toute forme de stigmatisation, de discrimination et de violence et d'empêcher tous les tests et examens anaux anarchiques" (sic). Le Conseil des droits de l'Homme de l'Onu à Genève a transmis en mai à la Tunisie 248 recommandations pour améliorer les droits humains. Elle accepté 189 d'entre elles, mais a rejeté le reste et notamment celle prônant l'abrogation de l'article 230 du Code pénal sur la sodomie. "Il faut tout d'abord préparer la société civile", s'est maladroitement justifié Mehdi Ben Gharbia. On pourrait estimer que supprimer des dispositions attentatoires à la dignité humaine contribuerait à faire changer les mentalités, mais manifestement, on n’en est pas encore là. Comme le rappelle l’AFP, dans le passé, un ex-ministre de la Justice s'était dit en faveur de l'abrogation de l'article 230, qui est la base des condamnations pour homosexualité, mais le président tunisien Béji Caïd Essebsi s'y était catégoriquement opposé. Depuis la révolution de 2011 qui a mis fin à la dictature de Zine el Abidine Ben Ali, les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) sont sorties de l'ombre et ont organisé leur défense contre les discriminations sociétales et institutionnelles mais leur condition reste précaire, du fait d'un rejet social encore violent et d'une législation qui leur demeure hostile.