Ukraine : 30 000 séropositifs sans traitements ?

Quelque 30 000 personnes vivant avec le VIH risquent de se retrouver sans traitement en Ukraine, l'un des pays les plus touchés par le VIH en Europe, a prévenu, 27 mai, une association de personnes séropositives. "Dans trois semaines, il n'y aura plus de médicaments pour 30 000 séropositifs" affirme l’organisation non gouvernementale Réseau ukrainien des séropositifs dans un communiqué, cité par l’AFP. Ses militants ont d’ailleurs érigé un cimetière symbolique devant le siège du gouvernement en appelant les autorités "à éviter une telle catastrophe", a précisé Volodymyr Jovtiak, qui dirige l'ONG. Les militants expliquent ce problème par une loi adoptée en 2014 permettant aux fournisseurs d'obtenir une avance sur recette et de ne livrer les médicaments que six mois plus tard. Problème : plusieurs fournisseurs ont empoché l'avance, mais n'ont jamais livré les médicaments. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'Ukraine comptait officiellement début 2014 quelque 234 000 personnes vivant avec le VIH de plus de 15 ans, soit 0,8 % de la population dans cette fourchette d'âge. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on sait que l’épidémie de VIH est très active dans le pays, comme l’a souvent pointé Michel Kazatchkine (représentant de l’Onusida en Europe de l’Est). Le ministre ukrainien de la Santé, Alexandre Kvitachvili, a assuré lors du conseil des ministres (27 mai) qu'il était conscient du problème et qu'il allait travailler avec les organisations humanitaires internationales afin de remédier à la crise. "Nous avons des réserves jusqu'à la fin juin", a-t-il assuré en disant espérer une nouvelle livraison le 19 juin. Mais pour Pavlo Skala, un responsable de l'Alliance internationale HIV/sida, la situation est alarmante. Les patients pourraient voir leur traitement interrompu "pour la première fois en plus de dix ans", a-t-il déclaré à l'AFP.  Les statistiques ukrainiennes faisaient état de 124 000 séropositifs enregistrés au 1er avril. Les médecins ont répertorié 4 563 nouveaux cas au cours des quatre premiers mois de l'année.