Ukraine : quels besoins pour les PVVIH ?

12 Avril 2022
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Le nombre de réfugiés-es ukrainiens-nes qui ont fui leur pays depuis l’invasion par l’armée russe le 24 février, a franchi, mercredi 30 mars, la barre symbolique des quatre millions de personnes, selon les chiffres du Haut-commissariat aux réfugiés. De son côté, l’ONU estime à presque 6,5 millions le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Que se passe-t-il pour le suivi des réfugiés-es vivant le VIH et l’accès à leurs traitements ? Le 16 mars dernier, le Forum de la Société civile européenne sur le VIH/sida, les hépatites et la tuberculose a fait le point sur la situation, rapporte Aidsmap. Le challenge est énorme. L’Ukraine compte 280 000 personnes vivant avec le VIH. Pour la zone d’Europe continentale, 75 % des découvertes de séropositivité au VIH sont constatées en Ukraine et en Russie. Par ailleurs, avant l’invasion de la Russie, l’Ukraine avait la seconde plus grande incidence de tuberculose multi-résistante en Europe de l’Est et seule la moitié de la population était vaccinée contre la Covid-19. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu’environ 40 000 personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ont ou vont fuir le pays pendant ce conflit et auront besoin d’avoir accès à un traitement VIH à l’étranger. La plupart des PVVIH (80 %) sous traitement VIH prennent une trithérapie à base de tenofovir disoproxil, lamivudine and dolutegravir (TEVA + 3TC + DTG). L’OMS recommande aux pays qui accueillent les personnes réfugiées vivant avec le VIH de leur fournir les mêmes traitements et avec une dispensation de trois à six mois de comprimés, quand cela est possible. Pour soutenir cette demande d’ARV, l’OMS et Pepfar (le plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida) ont demandé à l’Union Européenne l’autorisation de pouvoir importer des ARV génériques fabriqués en Inde. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme va également apporter son soutien financier. La Société européenne de recherche clinique sur le sida (EACS), l’OMS et les acteurs-rices ukrainiens-nes de la lutte contre le VIH travaillent ensemble sur un protocole pour faciliter la prise en charge des PVVIH à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine. Un autre enjeu de santé publique concerne le maintien des traitements pour la gestion de la dépendance aux opioïdes comme la méthadone qui concernent 17 000 personnes en Ukraine. Parmi les deux usines qui fabriquent de la méthadone en Russie, une a été évacuée et l’autre n’a plus aucun stock.