Un ambassadeur aux droits LGBT+

10 Août 2022
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Tout un symbole. La Première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé jeudi 4 août qu’un « ambassadeur aux droits LGBT » (ambassadrice ?) serait nommé « avant la fin de l’année ». Elle a aussi annoncé « la création d’un fonds de trois millions d’euros pour créer dix nouveaux centres LGBT », en plus des 35 existants. La cheffe du gouvernement s’est exprimée lors d’une visite au centre LGBT+ d’Orléans, à l’occasion du quarantième anniversaire de l’abrogation des discriminations entre les relations hétérosexuelles et homosexuelles introduites dans le Code pénal par le régime de Vichy. Cet ambassadeur « coordonnera l’action du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour la protection contre les discriminations et la promotion des droits LGBT » et portera la voix de la France », a indiqué la Première ministre, notamment pour défendre « la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité ». La Première ministre a salué « le travail exemplaire des associations et des centres LGBT », « points d’entrée identifiables et accessibles pour de nombreuses personnes qui ne savent pas vers qui se tourner » et qui, l’année dernière, « ont aidé près de 6 000 personnes partout dans notre pays ». Le fonds de trois millions d’euros doit permettre la création de dix nouveaux centres, afin qu’il y ait au moins deux centres dans chaque région de l’Hexagone et un centre au moins dans chaque région d’outre-mer. « La bataille des mentalités n’est pas encore gagnée », a mis en garde Elisabeth Borne, relevant que « la haine anti-LGBT+ continue à exclure, blesser et même parfois tuer ». Il est vrai que certains-es membres de son gouvernement illustrent ou ont illustré dans le passé (à des degrés divers) ce que pouvait être le visage de l’homophobie en politique. Interrogée sur le cas de la désormais célèbre ministre Caroline Cayeux, qui avait provoqué un tollé mi-juillet, notamment pour avoir désigné les homosexuels par la formule « ces gens-là », la cheffe du gouvernement a déploré « des expressions blessantes ». Elle a martelé qu’il n’y avait « aucune ambiguïté sur l’engagement de tous les membres de (son) gouvernement, qui portent la même vision d’une société progressiste ». Sa façon d’expliquer son choix de maintenir en poste Caroline Cayeux. Interrogée sur une proposition de loi portée par le sénateur PS Hussein Bourgi — qui devait être déposée le 6 août — qui demande réparation pour les personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982, la Première ministre a dit qu’elle « l’entendait » et qu’elle allait la « regarder ». « Ça n’est pas un sujet simple de savoir comment on répare des blessures qui ont pu être apportées en raison de discrimination », a-t-elle commenté, en considérant « important, déjà, d’acter que l’introduction de discrimination dans le droit avait été une faute, et de saluer et de commémorer l’abrogation de ces dispositions ». Le régime de Vichy avait introduit une discrimination entre les relations hétérosexuelles — la majorité sexuelle étant alors fixée à 15 ans — et homosexuelles, pénalisées si l’un-e des partenaires était mineur-e (à l’époque, 21 ans). La discrimination était restée en vigueur lors de l’abaissement de la majorité à 18 ans en 1974, avant que la gauche ne l’abroge en 1982, grâce à l’action du ministre de la Justice de l’époque, Robert Badinter, et n’aligne la majorité sexuelle à 15 ans, quel que soit le sexe des partenaires. Le texte proposé par le sénateur Hussein Bourgi a déjà été cosigné par plus d’une vingtaine de sénateurs-rices PS, dont le sénateur du Loiret Jean-Pierre Sueur et les sénateurs-rices de Paris Marie-Pierre de La Gontrie et Rémi Féraud. Il a été proposé à la signature des autres groupes politiques. La proposition de loi ne concernerait plus aujourd’hui que 150 à 200 personnes, selon Hussein Bourgi. Le texte fait écho à une tribune publiée le 15 juin dernier dans Têtu à l’initiative de plusieurs associations de défense des droits LGBT et de personnalités, dont notamment le militant Michel Chomarat, lui-même condamné pour homosexualité en 1977.