Un nouvel accord sur la crise des opiacés

3 Novembre 2019
2 300 lectures
Notez l'article : 
0
 

Quatre sociétés pharmaceutiques ont trouvé lundi 21 octobre un accord à l'amiable leur permettant d'éviter un procès fédéral inédit sur la crise des opiacés qui ravage les États-Unis, en attendant un accord plus large qui pourrait se chiffrer en dizaines de milliards de dollars pour l'industrie pharmaceutique, indique l’AFP. Les avocats-es des centaines de collectivités locales qui poursuivent en justice laboratoires et distributeurs de médicaments antidouleurs aux opiacés ont confirmé qu'un accord avait été trouvé in extremis entre les distributeurs Cardinal Health, McKesson, AmerisourceBergen et le laboratoire israélien Teva, d'une part, et deux comtés de l'Ohio, dont les plaintes devaient être examinées en premier dans le cadre d'un procès-test, d'autre part, détaille l’AFP. L'accord prévoit le versement de quelque 215 millions de dollars par ces grands distributeurs et 45 millions par Teva, qui fabrique des médicaments opiacés génériques, sous forme de cash et de médicaments utilisés dans le traitement des dépendances, selon le Wall Street Journal.  « L'accord proposé permettra des progrès importants pour endiguer la crise, en apportant des ressources aux programmes de traitement des dépendances aux opiacés » des deux comtés, ont déclaré les avocats des territoires concernés. Ce procès, qui devait s'ouvrir lundi 21 octobre au matin, aurait été le premier procès fédéral à examiner les responsabilités de l'industrie pharmaceutique dans cette crise de santé publique qui a fait plus de 400 000 morts par overdose depuis 20 ans, selon les chiffres des Centres américains de prévention des maladies (CDC). Un seul procès, dans l'État de l'Oklahoma, a eu lieu pour l'instant dans cette crise, avec le laboratoire Johnson & Johnson seul au banc des accusés. Le géant du New Jersey avait été condamné en août à quelque 570 millions de dollars de dommages et intérêts pour compenser les conséquences de la crise dans cet État du Midwest. Laboratoires et distributeurs sont accusés d'avoir, à partir de 1996, fait la promotion agressive d'antidouleurs aux opiacés comme l'oxycodone alors même qu'ils connaissaient leur puissance addictive. Ils auraient aussi engrangé des dizaines de milliards de dollars de revenus grâce aux ventes de ces médicaments, disponibles uniquement sur ordonnance, malgré les signaux d'alerte qui montraient leur utilisation abusive et leur revente sur le marché des drogues illégales. Si ce premier procès n'aura pas lieu,  les avocats-es des plaignants-es ont souligné qu' « il ne s'agi[ssai]t pas d'une solution globale ». Il reste en effet à trouver un accord plus large pour solder l'ensemble des plaintes - quelque 2 700 avec des collectivités locales en tous genres, y compris la quasi-totalité des États américains. Un accord global pourrait se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, et constituer le plus important accord négocié depuis celui trouvé avec les grands cigarettiers américains en 1998 : ces derniers avaient alors accepté de payer plus de 200 milliards de dollars après avoir été accusés d'avoir minimisé pendant des décennies les dangers du tabac. Dans la crise des opiacés, les montants payés par l'industrie pharmaceutique doivent permettre d'aider villes, comtés et États américains à faire face aux coûts de cette crise, estimés par les CDC à quelque 78,5 milliards de dollars par an en frais de santé, productivité perdue et coûts pour le système pénal.