Un sondage illustre le tabou du VIH

28 Septembre 2018
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Rien de surprenant, mais un rappel salutaire. La dernière enquête financée par Gilead et réalisée par l’institut Ipsos sur la vie avec le VIH enfonce certaines portes ouvertes sur le quotidien des personnes séropositives, mais permet de dresser un bilan de l’impact de la séropositivité dans les choix de vie. Cette étude, menée auprès de 200 personnes vivant avec le VIH, après recrutement par des professionnels-les de santé et un questionnaire en ligne, met au jour les difficultés à évoquer le VIH. Ainsi 43 % des personnes interrogées dissimulent ou éludent « souvent » à leur entourage leur maladie. Près de la moitié des personnes vivant avec le VIH se déclarent préoccupées par leur état de santé. Plus d’un tiers d’entre elles (34 %) pensent à la maladie « au moins une fois par jour ». Par la peur de la sérophobie, 31 % des personnes interrogées déclarent penser que personne ne peut comprendre ce qu’elles traversent. Un tiers des déclarants-es n’ont révélé leur séropositivité qu’à trois personnes de leur entourage proche. Par ailleurs, 41 % cachent leur suivi médical et leurs traitements à leurs proches. La peur, intériorisée, leur fait aussi renoncer ou reporter des décisions liées à leur vie affective ou sexuelle. Ainsi 47 % déclarent avoir renoncé à devenir parent et 29 % ont retardé leur projet et la décision de faire un enfant. De plus, 38 % ont renoncé à se marier ou se pacser et 18 % ont retardé le moment pour le faire. En 2018, dix ans après la consécration du Tasp, des avancées sur des traitements mieux tolérés et des progrès conséquents en termes de qualité de vie, la disance reste loin d’être acquise. En cause, l’ignorance autour du VIH, le manque d’information autour de sa prévention, mais surtout le décalage flagrant entre ce que les personnes pensent pouvoir s’autoriser à vivre et à dire, en comparaison des évidences médicales. Ce fossé, comme pour mettre fin à l’épidémie, devra être comblé pour mettre fin à la sérophobie et faire en sorte que le VIH ne soit plus perçu comme un obstacle.