Une commission contre la désinformation

13 Octobre 2021
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Emmanuel Macron a installé mercredi 29 septembre une équipe d’une quinzaine d’universitaires et personnalités, présidée par le sociologue Gérald Bronner, chargée de faire, d’ici fin décembre, des propositions face à l’emprise des théories complotistes et de la désinformation dans le débat public. La commission, intitulée « Les lumières à l’ère numérique », « devra formuler d’ici la fin de l’année des propositions concrètes dans les champs de l’éducation, de la régulation, de la lutte contre les diffuseurs de haine et de la désinformation », indique la présidence de la République dans un communiqué. Les membres de la Commission ont été reçus par le président de la République. Cette nouvelle initiative présidentielle intervient à quelques mois de la campagne des élections présidentielles, période particulièrement propice aux manipulations et désinformations de toutes sortes. L’enjeu de cette commission sera de faire des propositions pour que le débat public soit un exercice « d’intelligence collective » où la profusion d’informations est un atout, et non une menace, a expliqué Gérald Bronner. Aujourd’hui, la surabondance d’information s’accompagne d’une certaine « cacophonie », avec une « mise en concurrence directe de toutes les visions du monde », qu’elles relèvent « de la science, de la rationalité, de la croyance, de la magie, de la superstition », a-t-il souligné. Les études ont montré, par exemple, la tendance que les réseaux sociaux avaient à sur-pondérer les fausses informations dans leurs algorithmes de recommandation, a indiqué l’expert. La commission s’intéressera aussi à la façon dont le marché publicitaire tire profit de ces fausses nouvelles, mais aussi aux moyens de développer l’esprit critique, à la liberté éditoriale des médias face à la pression des plateformes, ou encore aux ingérences étrangères, a-t-il indiqué. La commission est composée de chercheurs comme le sociologue Laurent Cordonier, la spécialiste du cyberespace Frédérick Douzet, l’historien Jean Garrigues, l’anthropologue Rahaf Harfoush, mais aussi des personnalités comme Rudy Reichstadt (directeur de Conspiracy Watch), la professeure des écoles Rose-Marie Farinella, la journaliste web Aude Favre ou Rachel Kahn, actrice et écrivaine ou encore le professeur Guy Vallancien. La nomination annoncée de celui-ci a d’ailleurs conduit la pneumologue et lanceuse d’alerte de l’affaire du Mediator, Irène Frachon, a publié (1er octobre) une tribune dans Le Monde où elle fait part de sa « perplexité » et de son regret de voir au sein de cette commission contre la désinformation, ’un des médecins qui, « depuis des années et sans vergogne », tente de nier le drame humain causé par le Mediator.