Usage de drogues par injection et VIH

30 Juillet 2017
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Les politiques de réduction des risques, mises en place en France entre la fin des années 80 et le milieu des années 90, ont eu un impact positif sur la réduction de la transmission du VIH parmi les personnes usagères de drogues par injection, rappelle l’ANRS dans un communiqué (25 juillet). De récents indicateurs révèlent cependant que la situation actuelle concernant ce groupe reste critique. Les données issues du système français de surveillance du VIH mettent en évidence une incidence du VIH qui ne faiblit pas et un diagnostic tardif de l’infection. Par ailleurs, une étude, ANRS-Coquelicot, menée par Santé publique France et l’Inserm a mis en avant la grande précarité de ces personnes et leurs difficultés à se procurer des seringues. Mieux comprendre le risque du VIH chez les personnes usagères de drogues. C’est l’objectif de l’étude conduite par Santé publique France sous la direction de Marie Jauffret-Roustide (Cermes 3 de l’Inserm U988 - Santé publique France). A la conférence HIV Science IAS 2017, une présentation a été faite. Elle croise les données issues : des diagnostics d’infection à VIH en 2015 et des estimations du nombre de nouvelles contaminations en 2012 ; de l’étude ANRS Coquelicot 2011-2013, dont l’objectif était d’estimer la proportion de personnes usagères de drogues infectées par le VIH et de comprendre les déterminants de l’exposition aux risques infectieux. Cette étude a concerné 1 718 personnes usagères de drogue par injection (UDI) et a été réalisée dans 122 structures réparties entre Bordeaux, Lille, Marseille, Paris, la Seine-Saint-Denis et Strasbourg. Les résultats indiquent une prévalence du VIH qui reste élevée et une incidence qui ne faiblit pas. La prévalence du VIH est de 13 % parmi les personnes usagères de drogues ayant injecté au moins une fois au cours de leur vie. Marseille et la Seine-Saint-Denis présentent les prévalences les plus élevées (20 % et 21 %), principalement en raison de la présence de personnes usagères plus âgées. L’incidence du VIH chez les personnes injectrices ne diminue pas depuis 2004. Elle était de 86 nouveaux cas pour 100 000 personnes en 2012 (versus 5 nouveaux cas pour 100 000 chez les hétérosexuels). Ils indiquent aussi des comportements qui favorisent le risque de transmission du VIH. Ainsi, 26 % des personnes injectrices ont déclaré avoir partagé leur seringue au moins une fois au cours du mois précédent, alors qu’elles n’étaient que 13 % en 2004. De même, 30 % des personnes usagères de drogue ont fait part de leurs difficultés pour obtenir des seringues, même dans les grandes villes comme Paris. Enfin, les données révèlent des diagnostics tardifs. Les personnes utilisatrices de drogues par injection sont souvent diagnostiquées à un stade avancé de l’infection (pour 38 % d’entre elles en 2015), ce qui retarde leur accès aux traitements antirétroviraux permettant de contrôler l’infection et de limiter le risque de transmission. "L’Ile de France fait partie des régions où les usagers sont particulièrement précaires et rencontrent le plus de difficultés pour se procurer des seringues, ils sont donc plus particulièrement exposés au risque de transmission du VIH. Les conditions favorisant l’exposition à de nombreuses maladies infectieuses, dont le VIH, sont réunies. La France doit rester particulièrement vigilante à cette épidémie de VIH touchant les usagers de drogues, notamment avec la mise en place de politiques de réduction des risques se focalisant plus sur les facteurs sociaux et politiques liés à l’infection", explique Marie Jauffret-Roustide. Pour l’ANRS, le renforcement des politiques de réduction des risques, facilitant l’accès aux seringues et la mise en place des salles de consommation à moindre risque, combinées à des mesures permettant l’accès aux soins et au sevrage, ainsi que l’amélioration de la situation sociale pour les usagers de drogues sont indispensables afin d’agir efficacement sur la diminution de l’exposition au risque VIH dans cette population.