Usage des médicaments : point de l'ANSM

15 Mai 2020
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Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Caisse nationale d'Assurance Maladie publie les résultats après cinq semaines de confinement d’une étude de pharmaco-épidémiologie portant sur la dispensation de médicaments remboursés sur ordonnance en pharmacie d’officine depuis le début de l’épidémie en France. Réalisée à partir des données nationales de remboursement de l’Assurance Maladie, cette étude a pour objectif de caractériser les comportements de consommation des Français-es vis-à-vis des médicaments prescrits, qu’ils soient en lien ou non avec le Covid-19, dans le contexte particulier du Covid-19 et du confinement actuel. Elle compare, pour 58 classes thérapeutiques, le nombre de personnes ayant eu une délivrance remboursée en pharmacie chaque semaine depuis mars 2020 au nombre « attendu » estimé sur la base de la même période en 2018 et 2019. Les résultats après cinq semaines de confinement en France mettent en évidence un retour vers une consommation normalisée des traitements de pathologies chroniques depuis la mi-avril, après un phénomène initial de « stockage » au cours des deux premières semaines du confinement. Ils confirment la très forte diminution de la délivrance de produits qui nécessitent une administration par un-e professionnel-le de santé, notamment les vaccins (entre 35 et 71 % semaine 16 ; entre -15 et -78 % sur les semaines 12 à 16) (entrainant possiblement une prise de retard dans le calendrier vaccinal) mais aussi les produits destinés aux actes diagnostiques médicaux tels que coloscopies (-82 % semaine 16), scanners (-66 % semaine 16) et IRM (-67 % semaine 16). On constate aussi une forte baisse de consommation durant le confinement pour d’autres traitements : la corticothérapie orale (jusqu’à -70%) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS (jusqu’à 75%) diminution probablement en lien avec la mise en garde concernant l’utilisation des anti-inflammatoires émise par les autorités sanitaires françaises pour un risque potentiel d’aggravation du Covid-19 ; l’antibiothérapie systémique (­jusqu’à 40 % semaine 15, -37 % semaine 16). Pour le traitement du Covid-19, les achats sur prescription médicale de chloroquine et hydroxychloroquine ont été limités dans le temps en lien avec la médiatisation de ce traitement potentiel. L’association hydroxychloroquine et azithromycine, qui n’était qu’exceptionnellement utilisée avant l’épidémie de Covid-19, a bondi de 7 000 % en semaine 13 pour atteindre environ 10 000 patients-es. La dispensation d’ibuprofène a été quasiment arrêtée à la suite des messages des autorités sanitaires, tandis que la délivrance sur ordonnance de paracétamol a atteint jusqu’à 1 million de patients par jour (pic le 16 mars). La surveillance réalisée par Epi-phare sur plus de 450 millions d’ordonnances avec des  données de remboursement remontant chaque semaine est essentielle et sera poursuivie jusqu’à la fin de l’épidémie. Les données seront régulièrement mises à jour et publiées sur les sites de l’ANSM et de la Cnam.