Vaccination anti-HPV insuffisante

3 Juillet 2022
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L’infection par les papillomavirus humains (HPV) est une infection sexuellement transmissible très répandue, qui affecte plus de 80 % des personnes (hommes et femmes) au début de leur vie sexuelle, rappelle un récent communiqué de l’Académie de médecine. En France, ces virus sont responsables, chaque année, de plus de 100 000 verrues génitales bénignes, plus de 30 000 lésions pré-cancéreuses et plus de 8 000 cancers des régions génitales, anales et oropharyngées. Les premiers vaccins anti-HPV ont été mis sur le marché en 2007. Ils ont été progressivement élargis pour inclure, depuis 2018, les 9 types d’HPV à l’origine des tumeurs bénignes, pré-cancers et cancers, HPV-dépendants. En 2007, les recommandations sanitaires mondiales pour la vaccination anti-HPV ne concernaient que les filles âgées de 11 à 14 ans. En France, en 2019, les recommandations vaccinales ont été élargies aux garçons de la même tranche d’âge avec une prise en charge à 65 % par l’Assurance maladie à partir du 1er janvier 2021, rappelle l’Académie. En 2020, en Europe, la couverture vaccinale dépassait 50 % dans 20 pays et 75 % dans onze pays dont le Portugal, l’Espagne et le Royaume-Uni. En France (en 27e position), elle ne parvenait qu’à 28 % (essentiellement chez des filles), 29 % pour une seule dose à 15 ans et 24 % pour un schéma vaccinal complet à deux doses à 16 ans. L’année suivante, après l’extension des recommandations aux garçons, la couverture vaccinale française s’élevait à 41 % (45,8 % pour les filles et 6 % pour les garçons), un niveau très éloigné des objectifs fixés par la Stratégie nationale de santé sexuelle et le Plan cancer : 60 % chez les adolescentes âgées de 11 à 19 ans en 2023 et 80 % à horizon 2030 [5,6]. Comment expliquer cette insuffisance de la couverture vaccinale observée en France ? L’Académie de médecine avance plusieurs explications : une stratégie décennale de lutte contre le cancer (2021-2030) surtout orientée sur la prévention des cancers du col utérin, donc limitée aux filles ; un manque de coordination politique et stratégique de la part des Agences régionales de santé (ARS). Les actions en faveur de l’amélioration de la couverture vaccinale anti-HPV sont rares sur le territoire français et mal coordonnées lorsqu’elles existent ; un manque de confiance chez certains-es professionnels-les de santé qui renoncent ainsi à tenter de convaincre leurs patients-es. Différentes enquêtes montrent que 40 % des médecins ne recommandent pas systématiquement cette vaccination, évoquant un acte « mal perçu » par les parents. Dans un communiqué, l’Académie nationale de médecine rappelle qu’elle s’est prononcée à plusieurs reprises sur la nécessité de mettre en application un programme national de vaccination anti-HPV chez les adolescents des deux sexes, soulignant l’efficacité et la bonne tolérance des vaccins commercialisés.