Vente d'antibiotiques à l'unité

15 Octobre 2017
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La vente d'antibiotiques à l'unité permet de réduire de 10 % les volumes délivrés aux personnes, tout en favorisant une meilleure observance des traitements, selon les résultats d'une expérimentation commandée par le ministère de la Santé. C’est ce qu’indiquent des résultats consultés et publiés par l’AFP (2 octobre). Conduite de novembre 2014 à novembre 2015 dans 100 pharmacies de quatre régions (Ile-de-France, Limousin, Lorraine, Provence-Alpes-Côtes-d'Azur), sous l'égide de l'Inserm, l'expérimentation portait sur quatorze antibiotiques et leurs génériques. Ses résultats, dévoilés en septembre par la revue scientifique américaine Plos one, "en toute discrétion", confirment les avantages économiques, environnementaux et sanitaires de la dispensation à l'unité, selon les auteurs de l'étude. Sur les quelque 1 185 personnes ayant accepté de participer à l'enquête, 907 ont expérimenté ce type de dispensation (testée dans 75 pharmacies), les 278 autres ayant reçu des boîtes traditionnelles (dans les 25 autres pharmacies). Dans 60 % des cas de vente à l'unité, le conditionnement initial ne coïncidait pas avec la prescription. Et la distribution du nombre exact de comprimés nécessaires au traitement a permis de réduire de 9,9 % le nombre de médicaments délivrés et remboursés par la sécurité sociale (à 20 en moyenne) par rapport aux volumes délivrés avec les boîtes traditionnelles (23 en moyenne). La dispensation à l'unité pourrait réduire l'automédication de 1,9 %, calculent les auteurs. Parmi les répondants, 17,6 % ont indiqué vouloir garder leurs antibiotiques non consommés, 10,7 % ont mentionné qu'ils pourraient les utiliser sans le consentement d'un médecin. Autre enseignement, celui-là "inattendu" : la dispensation à l'unité semble contribuer à un meilleur suivi des traitements : sur 984 répondants, 91,4 % des patients ayant profité de ce procédé ont été "observants", contre 65,6 % des patients de l'autre groupe. La généralisation de la vente à l'unité aurait un coût (charge de travail accrue pour les pharmaciens, modifications imposées aux industriels), non évalué par l'étude, reconnaissent ses auteurs. Cette mesure avait été promise pendant la campagne par Emmanuel Macron. Elle est "en fait assez complexe", a expliqué la ministre de la Santé Agnès Buzyn, la semaine dernière sur BFM TV. "Quand vous vendez les médicaments à l'unité vous perdez en fait la traçabilité de la boîte et donc il y a des risques pour les malades", a-t-elle expliqué, se disant toutefois "favorable" à tout ce qui permettrait des "bénéfices" pour la Sécu et d'éviter la "gabegie". Contacté par l'AFP, le ministère de la Santé a précisé qu'il n'avait pas "officialisé" les résultats de l'expérimentation dans l'attente d'un rapport parlementaire sur le sujet, prévu prochainement.