Vers une vaccination obligatoire

7 Décembre 2021
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Le futur chancelier allemand Olaf Scholz s’est dit (30 novembre) favorable à une vaccination obligatoire contre la Covid-19 pour enrayer la flambée d’infections dans son pays, indique l’AFP. Olaf Scholz « a dit qu’il percevait qu’il y avait des débats sur ce sujet au Bundestag, tous partis confondus », a rapporté l’entourage du futur chancelier social-démocrate. Le successeur d’Angela Merkel a, selon cette source, « signalé sa sympathie pour une telle réglementation », lors d’une réunion entre Angela Merkel, et les dirigeants-es des 16 régions allemandes, qui pourrait déboucher sur un durcissement des restrictions anti-Covid. L’Allemagne a jusqu’ici écarté l’option radicale d’imposer la vaccination, retenue par le voisin autrichien. L’obligation vaccinale a été récemment décidée pour les personnels des maisons de retraite et hôpitaux, de même que les soldats de la Bundeswehr, et devrait bientôt entrer en vigueur. La vaccination obligatoire, longtemps rejetée par une majorité d’Allemands-es, est désormais réclamée par près de deux tiers d’entre eux-elles (64 %), selon un récent sondage des médias RTL et ntv.



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Coronavirus : Les personnes immunodéprimées, terreau de l’émergence du variant Omicron ?

EPIDEMIE Ce sont chez les personnes à l’immunité plus fragile que les variants du coronavirus pourraient émerger avant de se diffuser

Publié le 07/12/21 à 07h35 — Mis à jour le 07/12/21 à 07h3533 COMMENTAIRES36PARTAGES 

Les patients immunodéprimés, au système immunitaire moins efficient, constitueraient un terreau favorisant l'émergence de variants du coronavirus.Les patients immunodéprimés, au système immunitaire moins efficient, constitueraient un terreau favorisant l'émergence de variants du coronavirus. — Shiraaz Mohamed/AP/SIPA

  • Dernier variant du Covid-19 mis au jour, Omicron a été découvert en Afrique du Sud.
  • Un pays atteint par le VIH, et où la couverture vaccinale anti-Covid est faible.
  • Pour les chercheurs, la piste des patients immunodéprimés pourrait expliquer l’émergence de variants du coronavirus.

Un variant en chasse un autre. Découvert il y a peu en Afrique du Sud, le variant Omicron est d’ores et déjà présent dans au moins 38 pays. Dans les prochains mois, il pourrait remplacer le variant Delta jusqu’ici dominant, qui avait lui-même supplanté le variant Alpha… Qui s’était auparavant imposé face à la souche initiale du Covid-19.

Mais par quel mécanisme un variant apparaît et s’impose-t-il sur son précédent ? La réponse pourrait se trouver du côté des patients immunodéprimés.

Le virus présent des mois dans l’organisme

Si à ce jour, tout ou presque reste à découvrir de ce nouveau variant Omicron, on sait qu’il présente une trentaine de mutations de plus que la souche initiale, situées dans la fameuse protéine Spike, la clé d’entrée du virus dans l’organisme. Parmi ces 32 mutations, certaines, connues, laissent à penser que cette souche pourrait être encore plus transmissible que les précédentes. Les mutations inédites, elles, rendent difficiles à prévoir les effets de ce variant sur la pandémie dans les semaines et mois à venir.

Mais comment un variant porteur de tant de mutations a-t-il pu émerger ? Parmi les hypothèses étudiées, « les patients immunodéprimés pourraient être une source d’émergence de variants potentiellement dangereux du Sars-CoV-2 », conclut une étude scientifique publiée récemment dans la revue Nature Communications. Les auteurs, des chercheurs de l’Institut de virologie de l’Université de Fribourg, en Allemagne, se sont penchés sur les effets du Covid-19 sur ces patients dont l’organisme, affaibli par la maladie (VIH, cancer, greffe ou traitement immunosuppresseur), a du mal à lutter contre le virus. Des patients qui pourraient constituer un terreau propice au développement de nouveaux variants. L’un des patients étudiés, un transplanté rénal ayant contracté le Covid-19, a ainsi été positif au virus durant 145 jours.

« Chez ces personnes ayant un système immunitaire déficient, le virus peut rester des mois dans l’organisme. Durant cette période où il se réplique, le virus va analyser le système immunitaire affaibli et se modifier pour le contourner, et c’est ainsi que naissent les mutations. Car le fait que le virus ne soit pas attaqué par le système immunitaire est en soi mutagène », explique le Dr Benjamin Davido, infectiologue et médecin référent de crise Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches.

 
VEndiguer la circulation virale

Ainsi, l’Afrique du Sud, qui avait déjà vu émerger le variant Beta, « est l’un des pays les plus atteints au monde par le VIH. Ce dernier affaiblit l’immunité, et c’est ce qui explique pourquoi des variants classés préoccupants y voient le jour, ajoute le Dr Davido. Ça, et la faible couverture vaccinale dans le pays et sur le continent africain ». Or, l’insuffisance de la couverture vaccinale et du niveau de dépistage, notamment en Afrique, constituent « une recette parfaite pour que des variants se reproduisent et s’amplifient », résume le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

 

Mais les variants peuvent émerger aussi sous nos latitudes. « Il y a un an, le Royaume-Uni, sous l’impulsion de Boris Jonhson, a choisi de laisser circuler le virus. Et quelques semaines plus tard, le variant anglais, rebaptisé Alpha, a émergé et remplacé la souche initiale venue de Wuhan, rappelle le Dr Davido. Cela montre encore une fois que plus le virus circule activement, plus les probabilités sont fortes que des mutations apparaissent. D’où la nécessité d’endiguer la circulation virale. Or, il y a aussi beaucoup de patients immunodéprimés en France et en Europe, encore 6 millions de personnes éligibles qui ne sont pas vaccinées, et la population générale appelée à recevoir sa dose de rappel en raison de la baisse de l’immunité conférée par les vaccins ».

Vacciner pour éviter « les incubateurs à variants »

Alors pour freiner le virus et ses envies de muter, « il faut accélérer la vaccination globale, insiste l’infectiologue. En premier lieu chez les personnes immunodéprimées, car au-delà du bénéfice individuel pour ces patients vulnérables, la vaccination représente un enjeu collectif, puisqu’une personne immunodéprimée vaccinée a moins de risques de devenir un incubateur à variants ». C’est dans cette optique que, dans un avis rendu le 30 novembre, la Haute Autorité de santé a « préconisé de vacciner les enfants de 5 à 11 ans vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou celui de personnes vulnérables non protégées par la vaccination ».

Mais si la France peut se targuer d’avoir l’une des couvertures vaccinales les plus élevées au monde, « il est impossible de sortir de la pandémie tant que la planète entière n’est pas vaccinée », martèle le Dr Davido. Alors que nombre de pays, parmi lesquels les Etats-Unis, l’Allemagne, la France ou encore Israël, ont lancé de vastes campagnes pour administrer une troisième dose, l’OMS déplore la faible couverture dans les pays les plus pauvres et appelle à la solidarité internationale. « On a dans l’Hexagone – et c’est le cas dans tous les pays riches – une vision assez autocentrée du Covid-19. Face à une pandémie, la lutte ne peut être efficace que si elle est globale et coordonnée, insiste le Dr Davido. Peut-être faudrait-il en passer par la vaccination obligatoire ici pour ne plus perdre de temps, et se concentrer ensuite sur la vaccination des pays oubliés », propose l’infectiologue.

En attendant, Omicron poursuit sa progression à travers le monde, et plusieurs cas ont été identifiés en France. Dans le même temps, l’Hexagone subit une cinquième vague provoquée par le variant Delta. Ce lundi, à l’issue d’un Conseil de défense sanitaire, le chef du gouvernement Jean Castex a annoncé le renforcement des protocoles sanitaires dans les écoles primaires et appelé les Français à « lever le pied » dans les interactions sociales. Côté vaccination, le Premier ministre envisage l’ouverture de la vaccination à tous les 5-11 ans, « si possible d’ici la fin de l’année », et assure que les plus de 65 ans pourront se faire vacciner sans rendez-vous « quel que soit le centre ».