VHC : une avancée pour les personnes transplantées

5 Décembre 2014
2 831 lectures
Notez l'article : 
0
 

L’hépatite C dans ses formes les plus graves peut nécessiter, malgré les traitements, la greffe d’un foie. La réinfection de ce greffon par le VHC survient très fréquemment chez les personnes transplantées. Cette réinfection est liée à la persistance de la réplication du virus de l’hépatite C dans l’organisme, rappelle l’ANRS (agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales, 13 novembre). Dans de rares cas (2 % à 10 % des personnes transplantées), cette réinfection se traduit par la survenue d’une hépatite fibrosante cholestatique. Cette complication provoque une détérioration rapide du foie qui met en jeu la vie de la personne. Jusqu’à présent, les options de traitement étaient limitées en dehors d’une nouvelle transplantation. La cohorte CUPILT de l’ANRS, lancée en octobre 2013, visait à évaluer l’efficacité des nouvelles molécules, les antiviraux à action directe (AAD), chez les personnes greffées du foie présentant une réactivation de l’infection par le VHC. Cette cohorte compte aujourd’hui 327 personnes, parmi elles la situation de 23 personnes transplantées présentant spécifiquement une hépatite fibrosante cholestatique a pu être étudiée. Ces personnes ont reçu différents schémas thérapeutiques comportant au moins un antiviral à action directe, le sofosbuvir et/ou le daclastavir, associé ou non au Peg-interféron et/ou à la ribavirine. Les personnes ont reçu leur traitement pendant six mois. Les résultats ont été présentés par le professeur Vincent Leroy (CHU de Grenoble) à la conférence annuelle de l’American Association for the Study of Liver Diseases (AASLD, association américaine sur l’étude des maladies du foie). Ils ont montré qu’à l’issue du traitement, aucun décès n’a été constaté et aucune nouvelle transplantation n’a été nécessaire. Toutes les personnes avaient une charge virale du VHC indétectable à la fin du traitement et une réponse clinique complète - disparition de l’ascite (1) et de l’ictère (2) - a été observée chez 87 % d’entre elles La tolérance aux traitements était satisfaisante. Une rechute virologique a été observée 4 semaines après l’arrêt du traitement chez un seul malade qui avait reçu une combinaison sofosbuvir + ribavirine. Cette rechute ne s’est pas accompagnée d’une dégradation clinique. Pour Vincent Leroy, cela constitue "une avancée majeure pour ce type de patients. On constate une amélioration très rapide, en quelques semaines, et spectaculaire de leur état général. Le nombre de patients est certes relativement limité. Mais pour une complication post-transplantation qui était jusqu’à présent mortelle dans 100 % des cas, nous apportons pour la première fois la preuve qu’un traitement efficace est désormais possible". Le suivi à plus long terme des 23 personnes se poursuit. Il devrait permettre de savoir si la réponse virologique et clinique se maintient, et conduit à une guérison de leur récidive post-transplantation de l’hépatite C.

(1) Ascite : accumulation de liquide dans l’abdomen
(2) Ictère : l’ictère ou jaunisse désigne une coloration de la peau ou des muqueuses qui prend une teinte jaunâtre.