VIH et Covid-19 : recommandations

31 Mai 2020
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Lundi 25 mai, un grand nombre de sociétés savantes et organisations travaillant sur le VIH ont publié un nouvel avis, mis à jour, des recommandations pour les personnes séropositives en termes de suivi et prise en charge. Sous le pavillon de l’EACS (European aids clinycal society), ces dernières ont voulu (re)faire un point sur les travaux et connaissances actuelles sur les éventuels liens entre VIH et Covid-19. Premièrement, les membres de l’EACS ont passé en revue les résultats d’études venant des quatre coins du monde. Déjà, aucune d’elles ne montre une mortalité supérieure des personnes vivant avec VIH infectées par le Covid-19 par rapport à la population générale. « Dans une étude de cohorte au Royaume-Uni, faisant état de résultats sur 16 749 patients hospitalisés pour le Covid-19, seulement 1 % d’entre eux étaient, par ailleurs, séropositifs, mais le VIH n'a pas eu d'impact négatif sur la mortalité », explique la déclaration de l’EACS. Point intéressant, c’est que l’on dispose de chiffres qui mettent en exergue ce que l’on supposait déjà : « la plupart des cas de VIH montre un plus jeune âge dans leur population étudiée que chez les patients atteints de Covid-19 hospitalisés séronégatifs, mais des taux de comorbidités comparables », expliquent les experts-tes. Plus précisément, c’est parce que les personnes vivant avec le VIH sont plus susceptibles de vivre avec des pathologies chroniques (troubles cardio-vasculaires, respiratoires, diabète, surpoids et tabagisme, entre autres) que la population générale. Les personnes ne semblent donc pas exposées en soi à cause du VIH, mais bien parce que, par ailleurs, elles vivent plus souvent avec des comorbidités qui se révèlent être déterminantes dans le risque de contracter le Covid-19 et d’en développer une forme sévère. À partir de là, l’EACS rappelle que les traitements anti-VIH des personnes ne doivent pas être arrêtés ou modifier, quels qu’ils soient. Ni vers les molécules actuellement testées contre le Covid-19 (Kaletra), ni vers toute autre forme de thérapie. La recommandation reste la même : continuer à bien prendre ses médicaments, car ce sont ces derniers qui maintiennent une efficacité virologique contre le VIH et maintiennent les CD4 stables et au-dessus de la limite des 200 CD4/mm3. Aujourd’hui, il n’y a pas de cas répertoriés de patients Covid-19, vivant avec un VIH non-contrôlé. Les experts-es rappellent simplement qu’une telle situation requiert un traitement contre les infections opportunistes en cas de positivité au Covid-19. Concernant la recherche spécifique sur le Covid-19, les résultats des essais sur des molécules déjà utilisées en Prep ou en traitement curatif du VIH ne sont pas concluants, pour l’instant. Même son de cloche sur la très médiatique hydrochloroquine, qui, en dehors de l’étude marseillaise publiée par les propres partisans de ce médicament, n’a pas montré d’efficacité contre les symptômes ou la mortalité liés au Covid-19 à large échelle. Quant au suivi et au maintien dans le soin des personnes vivant avec le VIH malgré les mesures de sûreté sanitaire, l’EACS rappelle que « la mise en œuvre de mesures de quarantaine, de distanciation sociale et de confinement communautaire a réduit l'accès au dépistage du VIH, ce qui complique la réalisation de la première cible 90-90-90 de l'Onusida, à l'échelle mondiale. Le lien vers le soin et le traitement en cas de test positif au VIH ont été considérablement rallongés et exposent à de nouvelles contaminations au VIH. Devant cette réalité, l’EACS insiste sur le besoin d’associations de terrain pour pallier à cela et leur soutien par les autorités de santé.