VIH et tuberculose : mobilisation !

2 Avril 2021
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La tuberculose est la première cause de mortalité par maladie infectieuse dans le monde. Selon l’OMS, chaque année 10 millions de personnes sont diagnostiquées et 1,5 million en décèdent. Un quart des nouveaux cas surviennent sur le continent africain où la tuberculose se répand d’autant plus rapidement que la proportion de personnes vivant avec le VIH/Sida est élevée, rappelait récemment Médecins sans frontières (MSF). Depuis 2012, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de dépister la tuberculose auprès de toutes les personnes venant d’apprendre leur séropositivité ; du moins, celles qui vivent dans des pays où la maladie est très présente. C’est le cas des pays du sud. . Si elles ne présentent aucun symptôme de la tuberculose (toux avec ou sans présence de sang, fièvre, sueurs nocturnes, perte de poids, douleurs dans la poitrine, souffle court ou fatigue), elles doivent obtenir un traitement préventif adapté. Si elles présentent un ou plusieurs symptômes, elles doivent subir un diagnostic complet de la tuberculose. Si la tuberculose est diagnostiquée, elles doivent commencer immédiatement un traitement adapté », rappelle un récent communiqué de l’Onusida. La tuberculose est la première cause d’hospitalisation et de décès chez les personnes vivant avec le VIH dans le monde. En 2019, elle était responsable de 208 000 décès liés au sida, soit 30 % d’entre eux, indique l’agence onusienne. La tuberculose peut toutefois être soignée et il est possible d’empêcher les contaminations. Le traitement préventif de la tuberculose réduit le risque de contracter la maladie et peut baisser de près de 40 % la mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. La tuberculose, notamment chez les personnes séropositives, reste encore trop largement sous-diagnostiquée et donc non traitée tant son diagnostic reste un défi majeur dans les pays à ressources limitées, rappelle, de son côté, MSF (24 mars). Pour faire face à ce défi, Épicentre et Médecins Sans Frontières, avec le soutien de l’ANRS | MIE  évaluent un nouveau test de dépistage de la tuberculose (FujiLAM). « Les diagnostics moléculaires automatisés tels que le Xpert MTB/RIF font preuve d’une bonne performance, rappelle Helena Huerga, épidémiologiste à Épicentre et responsable des projets de recherche sur la tuberculose. Mais en raison de leur coût, du besoin en électricité et de l’infrastructure de laboratoire nécessaires, ils sont peu disponibles dans certains milieux à ressources limitées où, par conséquent, le diagnostic repose encore souvent sur l’analyse des crachats par microscopie. » La mise au point et l’évaluation de tests plus faciles à utiliser représentent un enjeu pour améliorer la prise en charge des personnes et leur proposer un traitement plus rapidement. Les derniers-nés de certains tests de dépistage consistent à analyser un antigène dans des échantillons d’urine, indicateur de la présence de la mycobactérie à l’origine de la tuberculose. Épicentre a ainsi lancé une étude pour évaluer le test FujiLAM qui peut détecter des concentrations d’antigène 30 fois inférieures par rapport à d’autres tests. Financée par l’ANRS et MSF, l’étude est en cours et inclut deux types de population en ambulatoire : des personnes vivant avec le VIH présentant des symptômes de tuberculose et des personnes vivant avec le VIH à un stade avancé de la maladie et ne présentant aucun signe ou symptôme de tuberculose. Environ 1 800 patients-es seront recrutés-es sur quatre sites où les prévalences de VIH/sida et de tuberculose sont élevées. Les sites se trouvent en Ouganda, au Kenya, au Mozambique et dans le KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Si le dépistage est un enjeu, c’est parce que les personnes infectées par le VIH/sida ont jusqu’à 30 fois plus de risques de développer une tuberculose. Et MSF de rappeler que 250 000 personnes dans le monde seraient décédées d’une tuberculose associée au VIH/sida en 2018.  « Malheureusement trop de personnes ne savent pas qu’elles sont malades de la tuberculose », déplore Helena Huerga. « Et sans diagnostic, pas de traitement. D’où l’urgence de développer des tests fiables et accessibles pour cette population », conclut MSF.