VIH : justice et appartenance ethnique

22 Octobre 2022
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Depuis 2011, pas moins de 176 personnes ont eu à faire avec la justice de l’État de Louisiane dans le cadre de poursuites judiciaires concernant le VIH, selon un rapport du Williams Institute de l’École de droit de l’UCLA. Ces affaires (non-divulgation du statut sérologique aux partenaires, exposition à un risque de transmission du VIH, transmission effective, etc.) concernent de manière disproportionnée les hommes, tout particulièrement les hommes noirs. En Louisiane, les hommes noirs représentent 15 % de la population de l’État, 44 % des personnes vivant avec le VIH et 91 % des personnes arrêtées dans le cadre d’affaires concernant le VIH. La Louisiane possède dans son arsenal juridique une loi sur le VIH, qui permet de sanctionner une personne qui connaissant son statut sérologique positif au VIH expose intentionnellement une autre personne à un risque d’infection lors de rapports sexuels. Une exposition intentionnelle expose à une peine de 10 ans de prison ; une personne condamnée est enregistrée dans le fichier des délinquants-es sexuels-les pour une durée d’au moins 15 ans. Entre 2011 et 2022, les frais d’incarcération et de détention pour « HIV crimes » se sont montés à 6,5 millions de dollars en Louisiane. Les données du Williams Institute indiquent que les personnes noires — tout spécialement les hommes — constituent la majorité des personnes suspectées et arrêtées pour « HIV crimes » en Louisiane. Ainsi, dans cet État : 63 % des personnes poursuivies étaient noires ; 45 % étaient des hommes noirs. À la Nouvelle Orléans, les personnes poursuivies étaient noires à 80 % ; 58 % étaient des hommes. Les femmes noires et les femmes blanches représentaient, dans chaque groupe, 28 % des victimes. À la Nouvelle Orléans, les hommes noirs représentaient 58 % des victimes. Depuis 1998, au moins 47 affaires ont été jugées débouchant, pour 43 personnes, sur une inscription au fichier des délinquants-es sexuels-les.