VIH : la Covid-19 fait du tort

17 Septembre 2021
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La crise sanitaire de la Covid-19 qui sévit dans le monde entier depuis des mois a eu un « impact dévastateur » sur la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, explique le Fonds mondial de lutte contre ces trois pandémies. Selon lui, cette lutte « a connu un recul sans précédent ». Ce constat, on le trouve dans le rapport annuel de l’institution. Pour la première fois depuis sa création en 2002, le Fonds mondial fait état de « retours en arrière » dans le combat qu’il mène. Il s'inquiète notamment de baisses significatives d’activité des services de dépistage et de prévention du VIH pour les « populations clés », celles qui sont le plus exposées au risque d’être infecté-e. Il note aussi « une forte diminution du nombre de personnes testées et traitées pour la tuberculose », avec un impact particulier sur les programmes de lutte contre la tuberculose résistante aux médicaments. Les chiffres de 2020 « confirment ce que nous redoutions au moment où la Covid-19 est apparue », a résumé Peter Sands, directeur exécutif du Fonds, cité dans le rapport. « L'impact du Covid-19 a été dévastateur. Pour la première fois de notre histoire, nos principaux indicateurs sont en recul ». Le Covid-19 a gravement perturbé l'accès aux systèmes de santé, aux tests de dépistage et aux traitements dans de nombreux pays, et pas seulement au Sud. La pandémie a notamment eu des conséquences « catastrophiques » dans la lutte contre la tuberculose. En 2020, le nombre de personnes traitées pour une tuberculose résistante aux médicaments a ainsi baissé de 19 %. Dans les pays où le Fonds mondial investit, quelque 4,7 millions de personnes atteintes par la maladie ont reçu un traitement, soit environ un million de moins qu'en 2019. Sur le front de la lutte contre le VIH, l'impact de la Covid-19 est également « significatif ». Si le nombre de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement antirétroviral a continué d'augmenter, de 9 % en 2020, le rapport fait état d'un recul « alarmant » des services de prévention et de dépistage auprès des groupes les plus exposés. Le nombre de personnes touchées par des programmes de prévention du sida a diminué de 11 % en 2020, de 12 % auprès des plus jeunes populations. Le nombre de traitements administrés aux mères pour empêcher leur bébé de contracter le virus a, lui, baissé de 4,5 %, alors que la prévention de la transmission de la mère à l’enfant est un des grands succès de la lutte contre le VIH. Le dépistage du VIH a globalement fléchi de 22 %, retardant le diagnostic et par voie de conséquence le début des traitements dans la plupart des pays.  Dans les pays où le Fonds mondial investit, 21,9 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral contre le VIH en 2020, une hausse de 8,8 % par rapport à 2019 ; une hausse qui pourrait ne pas être constatée en 2021. Jusqu'à présent, les programmes de lutte contre le paludisme semblent avoir été moins affectés par l’impact de la Covid-19, poursuit le rapport. Le nombre de moustiquaires distribuées a notamment continué de croître, de 17 % en 2020. Pour autant, le nombre de dépistages de personnes dont on pense qu’elles sont porteuses de la maladie a baissé de 4,3 % en 2020. Et les progrès pour endiguer la maladie ont stagné, déplore le Fonds. La pandémie de Covid-19 a fait la lumière sur « l’importance cruciale » des systèmes de santé dans le monde, souligne le rapport du Fonds mondial. Le rapport note que la crise sanitaire a, en quelques occasions, suscité quelques opportunités dont a profité la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Au Nigeria, par exemple, l'agence nationale de contrôle du sida a opportunément procédé à des dépistages VIH sur des personnes qui se déplaçaient dans les centres médicaux pour des tests de dépistage de la Covid-19. Résultat : les détections de personnes positives ont augmenté ; ce qui est une très bonne chose pour leur prise en charge. Pour autant, la crise sanitaire liée à la Covid-19 tient plus de l’obstacle que de l’atout. Certes, l’an dernier, le Fonds a déboursé 4,2 milliards de dollars pour continuer de lutter contre sida, tuberculose et paludisme, mais les fonds restent insuffisants pour faire face à tous les besoins. Ce sera d’ailleurs un des enjeux de la future conférence de reconstitution des ressources financières en 2022.