VIH : la dépression chronique a de sérieuses conséquences

3 Mars 2018
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Une grande étude de cohorte observationnelle a cherché à connaître les conséquences de la dépression chronique lorsqu’on vit avec le VIH. Les résultats de ce travail conduit par des épidémiologistes, des médecins et des psychiatres américains ont été publiés dans le "Jama Psychiatry". Comme le rappelle le "Quotidien du Médecin" (21 février) qui a consacré un article à ces travaux : la dépression touche (selon les données américaines) entre 20 et 40 % des personnes vivant avec le VIH. Elle est connue pour entraver la gestion de la maladie. L'étude américaine, conduite par du Pr Brian W. Pence et ses collègues, a pris en compte "les variations en termes de sévérité et de chronicité des épisodes dépressifs, pour saisir le fardeau croissant que fait peser la dépression sur la gestion du VIH". Les chercheuses et chercheurs ont travaillé sur une cohorte d’environ 6 000 personnes (dont 1 000 femmes) ayant connu au moins deux épisodes de dépression sévère dans l'année. Les participant-e-s étaient tous suivis pour le VIH dans des centres médicaux et universitaires spécialisés et l’ont été pendant dix ans : de septembre 2005 à août 2015). Trois critères avaient été retenus par l’équipe : les rendez-vous médicaux auxquels les personnes ne sont pas venus, une charge virale détectable (supérieure à 75 copies/mL) et la mortalité toutes causes confondues. Dans la cohorte : 77 % des personnes étaient sous traitements ARV et 63 % avaient une charge virale indétectable. "Au total, 18,8 % des rendez-vous médicaux programmés n'ont pas été honorés, 21,8 % des charges virales étaient détectables, et 158 décès ont été déplorés (soit un taux de mortalité de 1,5 décès pour 100 personnes-année)", détaille le "Quotidien du Médecin". Selon les résultats, la dépression chronique affecte l'observance aux soins, la réponse aux traitements, et la mortalité des personnes vivant avec le VIH. Chaque augmentation de 25 % de dépression accroît de 8 % le risque de manquer un rendez-vous médical, de 5 % le risque de rendre sa charge virale détectable, et de 19 % le risque de mortalité.