VIH : la Grèce adopte des tests sous contrainte

22 Juillet 2013
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La police va pouvoir faire procéder à des tests VIH forcés et des examens de santé obligatoires sur des populations jugées à risque. C’est ce qu’a récemment décidé le ministre de la Santé grec. Cette décision a fait réagir l'organisation non gouvernementale HRW qui demande son abrogation, indique l’AFP. "Il est profondément inquiétant qu'il n'ait fallu qu'un jour au nouveau ministre de la Santé pour réintroduire une mesure qui viole les droits de l'Homme, stigmatise les groupes à risques, et qui s'est avérée contre-productive pour protéger la santé publique" a déclaré Judith Sunderland, une analyste de l’ONG HRW. "Faire face aux maladies infectieuses telles que le VIH, l'hépatite, ou la tuberculose demande des investissements accrus dans les services de santé publique, pas dans la police" a-t-elle ajouté. Le nouveau ministre de la Santé Adonis Georgiadis (extrême-droite) a été nommé lors du remaniement gouvernemental le 25 juin dernier. Le 26 juin, il a réintroduit une mesure sur la lutte contre la transmission des maladies infectieuses, initialement prise en avril 2012 par le socialiste Andreas Loverdos, puis annulée en avril dernier par son successeur du parti de gauche Dimar. Durant son année d’application, cette mesure a permis à la police de procéder à des arrestations de travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs de drogues et personnes sans papiers pour procéder à des tests de dépistage du VIH et autres mesures de dépistages de maladies, sans l’accord des personnes concernées, a souligné HRW. En mai 2012, Amnesty International avait appelé le gouvernement grec à mettre fin à cette mesure qui stigmatisait les travailleuses du sexe. Selon le centre pour le contrôle des maladies et la prévention (Keelpno), les infections par le VIH sont en forte augmentation en Grèce depuis 2000, et particulièrement depuis le début de la crise. Dans son rapport 2012, le centre note que la prévalence du VIH a augmenté de 22 % entre 2011 et 2012, et de 58 % entre 2010 et 2011. "Au total, 1 180 cas d'infection [par le VIH] ont été rapportés en 2012, soit 10,9 cas pour 100 000 habitants, ce qui est le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans le système statistique VIH/Sida du pays", a estimé HRW.