VIH : l'OMS a modifié ses recos

7 Octobre 2019
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Les premiers résultats de l'étude Namsal (New antiretroviral and monitoring strategies in HIV-infected adults in low-income countries), menée par des équipes suisses, françaises et camerounaises, ont permis à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de réviser (en juillet dernier) ses recommandations de traitement du VIH, indique le site 24h.ch. L'OMS recommandait indifféremment deux médicaments - l'éfavirenz et le dolutégravir - pour le traitement de l'infection au VIH. Le premier existe depuis 1998 et le second a été mis sur le marché en 2013, rappelle 24h.ch. Ces traitements n'avaient jamais été comparés dans les conditions habituelles des pays fortement touchés par le VIH. L'étude Namsal a été menée par l’Université de Genève (Unige) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) en Suisse, l'Institut de recherche pour le développement (IRD) en France et l'Hôpital central de Yaoundé au Cameroun auprès de 613 personnes de divers centres hospitaliers camerounais. « Si les deux molécules font baisser la charge virale des patients de manière presque équivalente, le risque d'apparition de résistance au traitement est plus faible avec le dolutégravir », selon ces travaux publiés dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine. Le dolutégravir n'engendre pas de mutation de résistance et permet donc, en cas d'échec, d'opter pour d'autres traitements. L'éfavirenz a, en revanche, déclenché d'importants mécanismes de résistance, ce qui peut s'avérer problématique : le virus est alors plus difficile à traiter. « Les essais cliniques menés en vue de l'autorisation de mise sur le marché sont conduits sur des patients occidentaux, des hommes dans leur très grande majorité, qui bénéficient en outre d'un dépistage précoce et d'un bon état de santé général », explique le Dr Charles Kouanfack, de l'Hôpital central de Yaoundé et premier auteur de ces travaux, cité par 24h.ch. « Nos patients sont très différents : deux tiers sont des femmes dépistées tardivement, et donc avec une charge virale au départ très élevée, qui ne bénéficient bien souvent que de peu de suivi médical. Les traitements mettent alors plus de temps pour agir », ajoute le médecin, dans un communiqué de l'Unige. « Il faut disposer de données représentatives des populations destinataires des traitements dans toute leur diversité et ne pas sélectionner les personnes incluses dans les études en fonction de critères trop réducteurs », a souligné Alexandra Calmy, vice-doyenne de la Faculté de médecine de l'Unige en charge de la médecine internationale et humanitaire et responsable de l'unité VIH/Sida des Hug. « J'aimerais aussi souligner l'importance de ne pas exclure les femmes des essais cliniques, en particulier quand elles constituent la majorité des patients concernés », a-t-elle ajouté. La mise à jour des recommandations de l'OMS a été effectuée en juillet 2019 suite à la publication de ces travaux. Elle permettra maintenant aux pays et aux agences de financement de négocier des tarifs intéressants auprès des fabricants génériques du dolutégravir et des combinaisons basées sur cette molécule.