VIH : ne pas oublier les migrants-es

3 Mars 2020
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Des résultats d’une étude de modélisation, récemment publiés dans la revue scientifique Plos One, confirment qu’exclure les personnes migrantes des programmes de lutte contre le sida n’est pas une bonne mesure de santé publique. L’étude a porté sur le Bostwana : fournir des traitements anti-VIH et des soins aux personnes migrantes dans le pays permettrait d’éviter 16 000 nouvelles contaminations au VIH et 500 décès des suites du sida, d’ici 2030. Dans le pays, les traitements anti-VIH sont gratuits pour la population locale, mais pas pour les personnes migrantes (7 % de la population environ) qui viennent, pour la plupart, de pays voisins avec une prévalence élevée du VIH. Selon l’étude, l’extension de la gratuité des antirétroviraux aux personnes migrantes est, dans ce contexte,  coût/efficace. Concernant les objectifs 90-90-90, des données de 2018 montrent que 86 % des personnes vivant avec le VIH sont diagnostiquées ; que 95 % des personnes diagnostiquées sont sous traitement et que 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. Pour autant, ces bons résultats ne doivent pas faire oublier que l’incidence du VIH dans le pays a peu baissé entre 2010 et 2018. Des chercheurs-euses ont émis l’hypothèse que la dynamique actuelle de l’épidémie était liée au fait que les personnes migrantes ne sont pas éligibles aux traitements anti-VIH et ont un accès difficile aux soins. Ils et elles ont calculé qu’entre 2020 et2030, il y aura 172 000 nouveaux cas de VIH dans le pays, soit une augmentation de 31 % (avec le système de prise en charge actuel). A partir de là, ils ont testé différents scénarios, dont celui d’un accès des personnes migrantes aux traitements anti-VIH et aux soins. Avec ce scénario, on peut obtenir une baisse de 42 % des nouveaux cas de VIH. C’est la solution que les chercheurs-euses préconisent pour renforcer les bons résultats de la cascade d’une baisse de l’incidence.