Pas de "patient zéro" à l'origine de l'épidémie

8 Novembre 2016
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Le steward gay canadien Gaëtan Dugas, surnommé le "patient zéro", a été injustement accusé au milieu des années 1980 d'être le premier responsable de l'épidémie du sida aux Etats-Unis. C’est ce que confirme une nouvelle étude publiée fin octobre dans la revue scientifique "Nature". Le virus, responsable d'un total de quelque 650 000 morts aux Etats-Unis, a fait un "saut" des Caraïbes à New York vers 1970, devenue la plaque tournante à partir de laquelle il s'est ensuite répandu dans le monde, rapportent les chercheurs. Vilipendé à titre posthume comme l'épicentre de l'épidémie américaine, Gaëtan Dugas, n'était qu'une des nombreuses victimes de la maladie, indique l’AFP. Cette publication devrait mettre fin au mythe popularisé dans le monde du "patient zéro". Elle repose sur une solide analyse historique et génétique. L'équipe de l'Université de l'Arizona, à Tucson, menée par Michael Worobey et des chercheurs de l'université de Cambridge (Royaume-Uni) ont reconstitué les origines de l'épidémie après avoir récupéré du matériel génétique (ARN) dégradé du virus (VIH) de huit échantillons sanguins vieux de près de 40 ans (1978-1979), en plus celui du steward. Grâce à des techniques moléculaires qu'ils ont mises au point, ils ont ainsi pu reconstituer le génome du virus. Les chercheurs n'ont trouvé ainsi "ni preuve biologique, ni historique que le "Patient zéro" ait été le premier cas aux Etats-Unis". "Dugas est l'un des patients les plus diabolisés dans l'histoire", constate Richard McKay (Cambridge), historien de la santé publique et l'un des deux principaux auteurs de l'étude. "Nous avons maintenant des preuves phylogénétiques" (en l'occurrence, arbre génétique dressant les liens de parenté entre les virus, ndlr) permettant de consolider cette position.