VIH : plus de cas, plus d’argent

3 Décembre 2022
716 lectures
Notez l'article : 
0
 

Générosité. Le gouvernement fédéral belge a prévu un million d'euros supplémentaires pour « fournir un traitement préventif contre le VIH aux personnes vulnérables à haut risque », a indiqué mardi 22 novembre le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke. Cette annonce fait suite à la publication des nouveaux chiffres de l’épidémie de VIH en Belgique par l'institut de santé publique Sciensano. Chiffres qui indiquent que le nombre de diagnostics a augmenté de 4 % en 2021 après une baisse importante en 2020. Ce budget fait partie d'un plan VIH destiné à atteindre l'objectif fixé par l’Onusida d'une fin de l'épidémie d'ici 2030, rappelle l’agence de presse Belga. Le plan a été approuvé par une conférence interministérielle en octobre après une concertation avec les acteurs-rices impliqués-es dans la lutte contre le sida et des patients-es. Ce plan comprend une liste d'actions allant de la sensibilisation permanente sur la santé sexuelle à la conscientisation sur le « chemsex », en passant par le suivi de la santé sexuelle par Sciensano, le contact systématique des personnes qui ne se présentent pas à leur rendez-vous de suivi, la promotion de l'expertise des prestataires de soins, etc. Parmi les nouvelles actions prioritaires, figurent l'accessibilité et l'utilisation de la Prep pour les personnes à haut risque d'infection. Il ressort du rapport de Sciensano que la transmission du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Belgique repart à la hausse en 2021. Des obstacles sont constatés, en particulier chez les personnes sans assurance maladie, note l’organisme officiel. Les centres médico-sociaux qui s’adressent aux personnes travailleuses du sexe et les centres de référence VIH seront étroitement associés à cette promotion de la Prep. Il est également prévu d'assurer une prise en charge du VIH en tenant compte du vieillissement des patients-es et de poursuivre le développement du cadre juridique permettant un dépistage combiné du VIH et des maladies sexuellement transmissibles par des prestataires de soins non médicaux pour permettre aux organisations de terrain de cibler les populations difficiles à atteindre. « Nous devons vraiment redoubler nos efforts pour réduire le nombre de nouvelles infections par le VIH et diagnostiquer rapidement les personnes séropositives, car un diagnostic précoce permet d'entamer rapidement le traitement contre le VIH », a rappelé Frank Vandenbroucke. Cette mobilisation s’explique par l’approche du 1er décembre, mais aussi la publication de nouvelles données épidémiologiques. En 2021, 781 personnes ont reçu un diagnostic de VIH. Le nombre de diagnostics de VIH a ainsi augmenté de 4,3 % en 2021, après la baisse importante en 2020 — et le passage de 940 à 749 diagnostics —, fortement liée à l’impact de l’épidémie de Covid-19 et aux mesures de confinement, a donc révélé Sciensano. L’Institut de santé publique indique toutefois que la tendance générale au cours de la dernière décennie reste à la baisse. Au total, 48 % des infections au VIH nouvellement enregistrées en 2021 ont été diagnostiquées chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et 48 % chez des hétérosexuels. La consommation de drogues par voie intraveineuse a été rapportée pour 2 % des diagnostics de VIH et la transmission périnatale pour 1 %. Si « le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a augmenté chez les personnes de nationalité belge, tant chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes que chez les hommes et les femmes hétérosexuels », l’institut constate « une diminution ou une stabilisation du nombre de diagnostics chez les non-Belges », rappelle le site d’infos Belga. En 2021, Sciensano estimait à 19 177 le nombre de personnes vivant avec le VIH en Belgique. Parmi ces personnes vivant avec le VIH, 94 % étaient diagnostiquées, parmi-celles-ci, 89 % étaient sous traitement antirétroviral et parmi celles-ci, 97 % avaient une charge virale supprimée, soit 81 % de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH, précise l’institut. L’objectif « 90-90-90 » est donc presque atteint. « Cependant, environ une personne vivant avec le VIH sur cinq aurait une charge virale non supprimée et serait donc à risque de transmission du VIH. Ceci est principalement lié à un retard de diagnostic ou une interruption des soins médicaux pour le VIH », note toutefois l’Institut de santé publique. Sciensano et la Plateforme Prévention Sida insistent d’ailleurs sur « la nécessité, malgré les progrès réalisés ces dernières années, de progresser encore en ce qui concerne le diagnostic précoce et l’utilisation effective de l’éventail des stratégies de prévention, rappelant que l’épidémie du VIH en Belgique n’est pas encore sous contrôle ».