VIH : quelques données mondiales

2 Décembre 2019
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Comme à chaque Journée mondiale de lutte contre le sida, l’Onusida publie son rapport annuel sur les grandes tendances, notamment épidémiologiques, en mattière de VIH au niveau mondial. Cette année, le Rapport est intitulé « Power to the people » (le pouvoir au peuple). Il montre, au global, que le nombre de nouvelles infections recule. Il constate que « l’accès au traitement augmente là où les personnes et les communautés vivant avec le VIH et affectées par le virus sont impliquées dans la prise de décision et la fourniture de services liés au VIH ». « Le changement se produit lorsque les personnes et les communautés deviennent des moteurs et des acteurs de ce changement », explique d’ailleurs Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida, dans un communiqué qui accompagne la publication du rapport « La solidarité dont font preuve les femmes, les jeunes, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleur(se)s du sexe, les consommateur(rice)s de drogue et les personnes transgenres a transformé l’évolution de l’épidémie de sida. Les autonomiser permettra de mettre fin à ce fléau », comment-elle. Mais revenons aux chiffres. Mi-2019, on estimait que sur les 37,9 millions de personnes vivant avec le VIH, 24,5 millions d’entre elles avaient accès à un traitement. Cet élargissement de la couverture des soins s’accompagne d’une baisse des décès par maladie liée au sida. Les progrès « restent toutefois mitigés pour ce qui est du recul des infections au VIH », note le rapport. En effet : 1,7 million de personnes ont été contaminées en 2018. En Afrique orientale et australe, la région la plus touchée par le VIH, le nombre de nouveaux cas a baissé de 28 % entre 2010 et 2018. Autre donnée encourageante : le taux d’incidence du VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans et vivant dans cette partie du globe est passé de 0,8 % en 2010 à 0,5 % en 2018, soit une baisse de 42 %. L’incidence traduit la dynamique de l’épidémie. Toutefois, pour ce qui est des nouvelles infections, « les jeunes femmes et les filles payent toujours un lourd tribut : en Afrique subsaharienne, elles représentent 80 % des nouveaux cas parmi les ados », note l’Onusida. L’Afrique orientale et australe mise à part, les nouvelles infections au VIH n’ont reculé que de 4 % depuis 2010. La multiplication de nouveaux cas dans certaines régions est préoccupante, note l’agebnce onusienne. Leur nombre annuel a ainsi augmenté de 29 % en Europe de l’Est et en Asie centrale, de 10 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et de 7 % en Amérique latine. « Dans de nombreuses parties du globe et en Afrique orientale et australe en particulier, des progrès ont été réalisés pour réduire les nouvelles infections au VIH, le nombre de décès liés au sida et les discriminations. Toutefois, les inégalités entre les genres, ainsi que la négation des droits de certains groupes font que de nombreuses personnes sont oubliées », a souligné Winnie Byanyima. « Les injustices et les inégalités sociales, les droits bafoués des citoyens et citoyennes, ainsi que la stigmatisation et la discrimination entravent la lutte contre le VIH et les Objectifs de développement durable. » Les nouvelles infections au VIH parmi les enfants ont baissé de 41 % depuis 2010 et près de 82 % des femmes enceintes vivant avec le VIH suivent une thérapie antirétrovirale. Toutefois, des milliers d’enfants « passent encore entre les mailles du filet », explique la rapport. « La moitié des bébés nés avec le VIH et qui ne font pas l’objet d’un diagnostic précoce va mourir avant leur deuxième anniversaire. Dans le monde, seulement 59 % des enfants exposés au VIH ont fait l’objet d’un test dans les deux mois suivant leur naissance ». En 2018, 160 000 enfants âgés de 0 à 14 ans ont été nouvellement infectés avec le VIH et 100 000 enfants sont morts d’une maladie liée au sida. « Leur décès est imputable à l’absence de diagnostic ou de traitement, ce qui illustre de manière choquante que les enfants sont oubliés », dénonce l’Onusida. Les populations clés restent oubliées. C’est un des constats alarmants du rapport. Les populations clés et leurs partenaires représentent « au bas mot 75 % des nouvelles infections au VIH hors de l’Afrique subsaharienne » et sont moins susceptibles de suivre un traitement que d’autres groupes. Plus d’un tiers de leurs membres ne connaît pas son statut sérologique. Le soutien apporté par les communautés de gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est efficace pour élargir la prise de la Prep, informer sur les rapports sexuels à moindre risque, améliorer les taux de dépistage du VIH et aider le suivi du traitement.
Les personnes trans, quant à elles, sont exposées aux discriminations dans tous les aspects de leur vie, ce qui comprend aussi l’éducation et l’emploi. Seulement 10 % d’entre elles travaillent dans l’économie formelle. Le travail des communautés visant à émanciper les travailleur(se)s du sexe a permis de tripler l’utilisation des préservatifs chez la clientèle et de réduire de plus de 30 % les risques d’infection au VIH, note l’agence. Un travail, récemment rendu public (14 novembre) par l’Onusida et Fonds des Nations Unies pour la population permet d’en savoir plus sur « les progrès réalisés en vue de réduire le nombre de nouvelles infections au VIH dans 28 pays particulièrement touchés par le virus ». Ce document présenté mi-novembre, lors d’une conférence à Nairobi, rappelle que ces 28 pays concentrent 75 % des nouvelles infections chez les adultes, ce qui représente pour 2018 : 1,2 million des 1,7 million de nouveaux cas dans le monde. Le rapport révèle que les nouvelles contaminations chez les adultes ont baissé de 17 % en moyenne depuis 2010 parmi les pays de la coalition. Ce chiffre est légèrement supérieur au recul de 13 % au niveau mondial, mais il reste bien en deçà des 60 % nécessaires en 2018 pour atteindre les objectifs mondiaux de prévention du VIH. Le rapport montre que certains pays ont réalisé des progrès importants avec douze pays ayant réduit les nouvelles infections au VIH chez les adultes de 26 % ou plus depuis 2010. Cela inclut des nations où se trouvent des foyers majeurs de l’épidémie comme l’Afrique du Sud avec un recul de 39 %, la République démocratique du Congo (-37 %), l’Ouganda (-36 %) et le Zimbabwe (-28 %). Certains pays de la coalition ont toutefois enregistré une augmentation préoccupante, notamment le Nigeria où les nouvelles infections au VIH chez les adultes ont augmenté de 8 %, ainsi que le Pakistan qui connaît une épidémie à croissance rapide parmi les populations clés (+56 %). En moyenne, les nouvelles infections au VIH dans les pays n’appartenant pas à la coalition sont restées relativement stables entre 2010 et 2018.