VIH résistant : une souche à surveiller

3 Septembre 2020
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Début août, la revue scientifique The Lancet publiait un article sur une étude dans laquelle des chercheurs-ses français-es disaient avoir identifié une souche de VIH résistante à « pratiquement tous les antirétroviraux » chez deux hommes en France. Il s'agit, disent-ils, d'un « événement sans précédent », tant la « transmission par voie sexuelle d'un virus aussi résistant aux médicaments n'a pratiquement jamais été répertoriée nulle part dans le monde ». Cette annonce a été reprise dans des médias, notamment par le site Cnews le 18 août. Deux cas identifiés en 2019 en France sur environ 6 000 diagnostics VIH (6 200 en 2018). Cette annonce n’a pas manqué de créer un petit vent de panique sur les réseaux sociaux et notamment chez certaines personnes très hostiles à la Prep et qui ont conclu, de façon très hâtive, que cette souche était due à une mutation du virus causée par la Prep, ce qui est faux. En effet, la première personne chez laquelle la souche résistante a été identifiée n’était pas sous Prep. Elle a contracté le VIH lors d’un rapport sexuel avec un autre homme. La second personne, originaire de la même région de France (les médecins ne précisent pas laquelle) était séropositive depuis 1995, mais avec une longue histoire d'échecs thérapeutiques. Dans leur étude, les médecins écrivent que « les souches prélevées chez les deux patients étudiés ont permis d'établir qu'elles sont phylogénétiquement liées [elles ont un lieu de parenté génétique, ndlr], mais un historique de transmission directe n'a pas pu être établi, ce qui suggère des liaisons intermédiaires non échantillonnées ». En résumé, d'autres patients-es non encore identifiés-es pourraient être concernés-es. Pour calmer un peu les esprits, le collectif interassociatif TRT-5 a publié un communiqué le 20 août sur sa page Facebook dans lequel il donne la parole à un des auteurs de l’étude, le docteur Delobel : « À ce jour, cela reste isolé et il n’y a pas de circulation communautaire de cette souche, mais nous allons rester vigilants. Tous les laboratoires de virologie de France, et nos collègues de Barcelone que nous avons contacté également, ont recherché la présence de cette souche avec pour l’instant identification d’un seul autre cas, rapporté également dans cet article ». Et le TRT-5 d’en déduire : « Nous concluons à des données intéressantes, à analyser et poursuivre la recherche sans pour autant se noyer d'inquiétude ! ».