VIH : Un traitement préventif protège les bébés allaités

29 Novembre 2015
3 062 lectures
Notez l'article : 
5
 

Un traitement antirétroviral administré à des bébés allaités par des mères vivant avec le VIH permet de réduire considérablement le risque d'infection par le virus du sida, indique une étude faite en Afrique, publiée le 18 novembre dans la revue médicale britannique The Lancet. L'étude menée par deux chercheurs français a permis de montrer qu'un traitement préventif donné pendant toute la période d'allaitement préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soit douze mois au total, permettait de réduire le taux de transmission du VIH à 1,4 %, soit le taux le plus bas jamais observé dans une étude. L'étude a été effectuée entre 2009 et 2012 sur plus de 1 200 enfants nés dans quatre pays africains (Burkina Faso, Afrique du sud, Ouganda et Zambie) de mères vivant avec le VIH. Depuis 2013, l'OMS recommande que toutes les femmes enceintes ou allaitantes vivant avec le VIH soient mises sous traitement quel que soit leur taux de CD4. Selon le Pr Van de Perre, l'un des auteurs de l’étude, chercheur à l'Inserm/CHU de Montpellier, des études montrent que le traitement de la mère "même parfaitement suivi (...) n'éradique pas complètement le risque de transmission du VIH par l'allaitement". Ce risque résiduel est selon lui de 0,2 % par mois d'allaitement, soit 2,4 % si la durée d'allaitement est de douze mois. Il ajoute que même lorsque le traitement antirétroviral leur est proposé pendant la grossesse ou l'allaitement, "à peine la moitié des femmes" africaines sont encore sous traitement un an plus tard. Les bébés traités pendant douze mois ont reçu, soit une combinaison de lopinavir-ritonavir (Kaletra), soit de la lamivudine (Epivir), des antirétroviraux utilisés pour empêcher la transmission du VIH par le lait maternel. Dix-sept infections ont été observées au total (huit dans le premier groupe et neuf dans le second), soit un taux d'infection de 1,4 %, mais ce taux est encore plus faible (0,5 %) pour les enfants ayant effectivement pris le traitement. "Près de la moitié des infections sont survenues après six mois d'allaitement, lorsque l'exposition au VIH était déjà réduite en raison d'un allaitement moins important", notent encore les auteurs de l'étude. "Ceci confirme que le risque de transmission par l'allaitement est bien présent, même dans les phases tardives de l'allaitement et que donc le traitement préventif doit être administré pendant toute la durée de l'exposition", ajoutent-ils. L'allaitement maternel peut difficilement être remplacé dans la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne par du lait artificiel car il expose à un "risque de mortalité important", notamment en raison de mauvaises conditions d'hygiène pour préparer le lait, note l'ANRS (agence nationale de recherche sur le sida) promoteur de l'essai.