Violences faites aux femmes : des engagements

30 Novembre 2017
1 785 lectures
Notez l'article : 
0
 

Des milliers de femmes ont marché dans les rues de Lima, fin novembre, contre les violences faites aux femmes, un sujet de préoccupation fort dans plusieurs pays d'Amérique Latine. Scandant de "Pas une de plus !" et "Assez de la maltraitance et de la violence !", les manifestantes ont aussi exprimé leur volonté de voir les agresseurs punis plus sévèrement. Cinq femmes membres du cabinet du président Pedro Kuczynski étaient présentes lors de la marche, où l'on pouvait voir également une jeune manifestante agiter une bannière : "Désolée de vous déranger, mais nous nous faisons tuer !" Les observateurs internationaux font du Pérou le deuxième pays d'Amérique Latine où le nombre de viols est le plus élevé, derrière la Bolivie, avec 3 125 cas recensés de janvier à septembre, sur 6 000 agressions sexuelles et plus de 21 000 agressions physiques. De son côté, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a appelé (26 novembre) les hommes à s'élever contre les violences faites aux femmes, estimant qu'ils ont "un rôle vital" à jouer pour y mettre fin. "Les hommes doivent se tenir responsables entre eux et faire partie de la solution", a jugé Justin Trudeau dans une déclaration à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, soulignant que "la violence à l'égard des femmes est une atteinte aux droits de la personne et un enjeu qui nous touche tous". "Qu’il s’agisse de défendre les droits des femmes et des filles, d'encourager le leadership des femmes dans toutes les sphères de notre société ou de contrer la violence lorsqu’elle se manifeste, les hommes ont un rôle vital à jouer dans l’élimination de la violence fondée sur le sexe", a-t-il ajouté. En France, c’est le président Emmanuel Macron qui a fait un discours et plusieurs annonces (25 novembre). "C'est notre société tout entière qui est malade du sexisme", a déclaré le président de la République à l'Elysée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Devant 200 personnes  — responsables d'associations, d'institutions, politiques, personnalités dont l'humoriste Florence Foresti et l’écrivain Leila Slimani — il a décrété l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat". "La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur", a-t-il dit, détaillant "trois priorités" : "l'éducation et le combat culturel en faveur de l'égalité", un "meilleur accompagnement des victimes" et un "renforcement de l'arsenal répressif". En 2016, près de 225 000 femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de leur conjoint, dont moins d'une sur cinq a déposé plainte, selon des chiffres officiels, cités par l’AFP. Lors de cette intervention, le chef de l'Etat a annoncé la création d'un "délit d'outrage sexiste" passible d'une amende "dissuasive" contre le harcèlement de rue et des "modifications législatives" contre les auteurs de cyber-harcèlement. Il a aussi promis de "traquer" ceux qui pratiquent l'excision en France. Emmanuel Macron a confirmé que le projet de loi "contre les violences sexuelles et sexistes", annoncé pour 2018, fixerait à 30 ans, au lieu 20, le délai de prescription des viols sur mineur-e-s. Il a aussi proposé de fixer à 15 ans l'âge de consentement minimum à un acte sexuel. Pour les victimes, un signalement en ligne sera créé dès le début de l'année, leur permettant de contacter des policiers ou gendarmes formés, 24h sur 24, 7 jours sur 7.  Pour lutter contre les représentations sexistes, un "module d'enseignement" sera mis en place dans les écoles. Evoquant par ailleurs la pornographie sur Internet, accessible aux enfants, le chef de l'Etat a annoncé vouloir étendre les pouvoirs du CSA au contrôle des contenus vidéos numériques. Pour lutter contre l'inégalité dans les entreprises, le président a souhaité des "opérations de testing sur la discrimination des femmes à l'embauche". Les associations féministes ont salué "l'engagement du président", mais ont réclamé davantage de moyens, "le nerf de la guerre". Pour elles, les 420 millions d'euros de budget interministériel annoncés par Emmanuel Macron pour 2018 sont "insuffisants" car ils ne font que s'appuyer sur l'existant, ont résumé la militante féministe Caroline De Haas et Ernestine Ronai, membre du Haut conseil à l'Egalité.