Violences : manifs et annonces

29 Novembre 2021
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Des milliers de manifestants-es sont descendus-es jeudi 25 novembre dans les rues des grandes capitales ou villes d'Europe (Madrid, Barcelone, Paris, Londres, Istanbul, Berlin, etc.) et d'Amérique latine (Tegucigalpa, Mexico, Santiago, etc.) pour exiger la fin des violences faites aux femmes. Ces défilés marquaient la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. En Amérique latine et dans la région Caraïbes, quelque 4 091 femmes ont été victimes de fémicide en 2020, selon la commission régionale des Nations unies. « Nous ne sommes pas toutes là, il manque celles qui ont été assassinées », chantaient les manifestants-es réunis-es à Madrid, portant masques, bonnets et écharpes violettes. L'Espagne, qui compte un puissant mouvement féministe, dispose d'un observatoire public des violences de genres qui a comptabilisé 1 118 meurtres de femmes par leur compagnon ou ex-compagnon depuis 2003, dont 37 en 2021. En Turquie, ce sont 345 femmes qui ont été tuées depuis début 2021, selon la plateforme We Will Stop Feminicide, contre 410 en 2020. Près d'une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles, souvent de la part d'une personne qu'elles connaissaient, selon l'Onu. « La violence contre les femmes est une crise mondiale. Dans tous nos propres quartiers, des femmes et des filles vivent en danger », s'est alarmée Sima Bahous, la directrice exécutive de ONU Femmes, l'organisation des Nations unies défendant les droits des femmes. Le pape François s'est également exprimé sur Twitter : « Les différentes formes de maltraitance que subissent de nombreuses femmes représentent une dégradation pour les hommes et pour toute l'humanité. Nous ne pouvons pas détourner le regard ».  En Afrique, plusieurs chefs d'État africains, réunis à Kinshasa pour un sommet sur la « « masculinité positive », se sont solennellement engagés à lutter contre les discriminations et les violences contre les femmes, qu’il s’agisse des viols pendant les conflits ou des mutilations génitales. En France, la candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo a réclamé (25 novembre) au gouvernement, à l'instar des associations, un milliard d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes. Elle a aussi rendu publique une série de mesures qu'elle initierait si elle était élue.  Elle appelle en particulier, dans une tribune publiée sur le site du Monde, à « tout mettre en œuvre budgétairement pour que plus aucune victime ne se sente abandonnée par l’État », et à « enfin punir sévèrement et sans équivoque les criminels », « notamment en cessant de correctionnaliser les viols et agressions sexuelles », qui sont des « crimes ».  « Il est grand temps d’écouter les associations qui demandent un milliard d’euros à l’Etat », a-t-elle défendu. Ce montant est préconisé par le Haut conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (contre 360 millions d'euros dans le budget 2020).  De son côté, le Premier ministre Jean Castex a arrêté (25 novembre) de nouvelles mesures pour « renforcer la protection des victimes et la lutte contre les violences », notamment l'ouverture de nouvelles places d'hébergement. « L'effort d'ouverture de nouvelles places sera poursuivi, et 1 000 nouvelles places d'hébergement seront ouvertes en 2022, avec un financement équivalent à celui prévu en 2021 afin de permettre un accompagnement de qualité", a indiqué Matignon, qui rappelle qu’au total « 9 000 places seront dédiées à l’accueil des femmes victimes de violences fin 2022 ».  Par ailleurs, 5 000 « téléphones grave danger » seront rendus disponibles en 2022, dispositifs « qui ont fait leurs preuves et qui sont efficaces pour protéger les victimes de leur agresseur », selon Matignon.  Le Premier ministre a encore annoncé le lancement d'une « semaine de l'égalité entre les filles et les garçons (...) dès l'année prochaine à l'école la semaine du 8 mars ».