Vous avez dit sérophobie !

28 Juillet 2015
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Avec souvent à la base la résurgence de peurs ancestrales, l'ignorance du VIH et des hépatites, la sérophobie peut se manifester dans tous les aspects de la vie quotidienne : discrimination au sein de la famille et parmi les proches, dans le monde du travail, pour l'accès aux soins, dans la liberté de circuler d'un pays à l'autre, de contracter une assurance, dans le contexte de l'enseignement, à travers les activités sportives et jusqu'aux soins funéraires ! Si le cadre législatif en limite de plus en plus l'impact, la sérophobie ne se manifeste pas toujours directement, ses attaques peuvent être déguisées et les difficultés à le prouver d'autant plus grandes. Personne n'est épargné, même au sein de sa communauté d'appartenance, et en particulier une sérophobie affichée parmi les gays via les réseaux sociaux et les lieux de rencontre. Malgré l'amélioration des traitements vers l'atteinte rapide et le maintien d'une charge virale indétectable, le fait d'être non contaminant et en bonne santé ne garantit pas toujours un progrès dans le regard sur la séropositivité et les comportements qui en découlent. Avez-vous déjà été victimes de sérophobie, l'avez-vous déjà ressentie ? Venez partager votre expérience, ce soir sur le chat thématique dès 21h, en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Avant une pause pendant tout le mois d'août, nous avons poursuivi mardi 28 juillet la reprise des chats thématiques hebdomadaires avec ce 3ème numéro de juillet , et nous étions une quinzaine pour échanger sur le thème de la sérophobie.

La sérophobie semble générale, et très peu de séropositifs y échappent ou parviennent à s'en accommoder. Qu'elle soit diffuse dans un discours ambiant, ou bien ciblée quand ce sont les lipodystrophies, les "visages cabossés" qui affichent le statut, ou quand ce statut sérologique est connu, ou bien que la personne choisit simplement de le dire, elle peut atteindre et meurtrir quotidiennement, au point de créer un réflexe de défense qui conduit le plus souvent à taire sa séropositivité. Afficher son statut c'est fréquemment faire fuir l'autre, s'exposer à un refus, à un rejet, faire avorter un contact, une relation, prendre le risque d'être victime de discriminations : chacun choisit différemment, et selon le contexte et ses interlocuteurs, de dire ou non son statut sérologique. On se cache, avec le risque de s'enfermer dans un monde de séropos, et le secret est parfois lourd à porter. Rares sont les sites de rencontre où dire son statut ne fait pas fuir. Mais au quotidien, le statut sera partagé avec quelques amis, souvent la famille, qui peut aussi donner lieu au rejet, presque jamais dans le cadre professionnel : dans la vie en collectivité qu'elle implique, dire son statut c'est être vu comme un danger, assimilé quelques fois à la rage ou la peste. La sérophobie est ainsi présente partout dans la société et le monde de la santé, les médecins, les dentistes ne sont pas les derniers à la manifester : un refus de soin, de main serrée, de cuillère partagée, montrent que les representations des années 1980 induisent encore et très souvent la peur irrationnelle née de la méconnaissance intitiale du virus et que au-delà de la connaissance des modes de transmission, les progrès des traitement et la non-contamination liée une charge virale indétectable n'ont pas abolie. Pour briser cette sérophobie, certains ont fait le choix de témoigner à visage découvert dans un reportage télévisé pour que la parole se libère, que les comportements évoluent , et que l'acceptation fasse son chemin.

Prochain thème : la chatophobie existe-elle ? Car si l'homme est un loup pour l'homme, on est tout de même félin pour l'autre ...
Portrait de KYSV1974

Tres bonne synthèse de la sérophobie qui montre que la peur d'une maladie "contagieuse" et "contaminante" à ses débuts est restée ancrée dans les sentiments, les émotions et donc que cette peur est "irrationnelle" malgré les progrès scientifiques et les connaissances développées dans le milieu médical.... il y a un énorme travail d'éducation et de démonstration à faire auprès des personnes sérophobes...