Les archives communautaires

Bon, pas d'affolement, il s'agit d'un document qui a été présenté au dernier congrés de la SFLS en novembre 2012 et qui est loin de présenter les résultats définitifs de l'étude.

Je n'ai vu ce document sur aucun site (même pas celui de la SFLS), je ne crois pas qu'il en ait été question sur seronet. Ce document n'a sans doute donc pas vocation à être diffusé largement, mais en faisant une recherche google avec les mots clés appropriés, on a directement accès au pdf. 

Il ne s'agit donc pas des résultats complets et définitifs, mais il fallait bien je pense présenter quelques chose au congrès de la sfls. Vespa est une grosse entreprise, plus de 3.000 questionnaires et autant d'entretiens à dépouiller, coder, saisir et analyser. Il faut au moins deux ans pour parvenir à un document finalisé. C'est donc un document d'étape, qui porte de plus sur des données non redressées (Cette réserve étant faite, ça n'impacte qu'à la marge les résultats présentés, il serait intéressant aussi de discuter de la methodologie de l'étude mais ce n'est pas le sujet pour l'instant)

LE DOCUMENT :

http://www.sfls.aei.fr/ckfinder/userfiles/files/Formations/JourneesNatio...


QUELQUES RESULTATS INTERESSANTS :

--> Caractéristiques socio-économiques - Evolution 2003-2011

Stabilité du taux d'activité mais montée du chômage dans tous les groupes mais beaucoup plus marquée pour les femmes

Baisse de l'aah de 22 à 18%

Augmentation du RSA de 4 à 7%

Stabilité des conditions de logement, légère augmentation des propriétaires chez les hommes

Situation sociale difficile pour les femmes : vie en famille monoparentale, taux de chômage élevé, 1/3 vit des minima sociaux, difficultés financières croissantes

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--> Facteurs de risques et co-morbidités en 2011

La prévention de l'alcoolisme et du tabagisme chez les gays n'a pas fonctionné...

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--> Comportements sexuels


Présentation Vespa 2 : http://www.anrs.fr/VIH-SIDA/Sante-publique-Sciences-sociales/Actualites/...

Commentaires

Portrait de sonia

Comportements sexuels

 

Bonsoir Ouhlàlà

 

 

c'est quoi des données non redressées?

tu veux dire que les résultats sont aléatoires et libres d'interprétation?

 

par exemple on note que les hommes heterosexuels ont plus d'hepatites b et c que les hommes entre eux, bizarre je pensais le contraire, la prevention dans les milieux gay pense comme moi lol,

 ensuite pour les femmes, elles ont des relations intimes avec des personnes seronegatives (pareil que non positifs? sero interrogatifs?) et n'utilisent pas le preservatif, bizarre encore....

 

ces femmes sont elles seropositives ?? par ce que je pourrais encore penser que le nouveau foyer d'infection est féminin....

Portrait de ouhlala

Sonia, la question du redressement des données d'un sondage est un problème de methodologie des enquêtes en sciences sociales.

L'idéal pour une étude statistique c'est qu'elle soit à la fois aléatoire et probabiliste, c'est-à-dire que chaque unité de sondage (individus, ménages, entreprises ou autres...) ait la même chance de participer, et qu'on puisse choisir complétement au hasard les "unités" qui seront enquêtées. C'est dans ces conditions que l'échantillon qu'on va observer est réputé avoir la plus grande chance possible d'être représentatif de la population sur laquelle on souhaite recueillir des informations. Mais ce cas de figure arrive rarement.

Le seul fait qu'il faille être volontaire pour participer à Vespa (quand même 3/4 d'heure d'entretien sur des sujets sensibles+1/4 d'heure de questionnaire+infos transmises par le médecin sur consentement) est déjà un biais de l'étude. Même s'il y a eu en tout 5600 patients tirès au sort parmi 9000 éligibles dans une première étape (et 3000 participants effectifs)

Les biais sont les événements qu'on ne contrôle pas et qui viennent mettre en doute la représentativité de l'échantillon. Mais les biais sont inhérents à toute enquête, celle-ci, la plupart de celles de l'Insee, de l'Inpes etc. C'était d'ailleurs un volontariat mais avec incitation financière, un chèque de 15 euros, ce qui à la limite peut représenter un biais supplémentaire... (il faut avoir envie de participer, mais de plus l'incitation financière peut inciter des participations non sincères)

C'est comme ça, on ne contrôle pas tout, Vespa repère aussi qu'il y a une sur-représentation dans l'enquête de gens n'ayant pas travaillé dans le mois, sûrement du fait qu'il faut avoir le temps pour passer une heure à répondre, etc. etc. Il y a toujours plusieurs biais qu'il faut détecter et traiter.

Le redressement consiste à accorder aux unités qui sont en nombre insuffisant un poids plus élevé dans l'échantillon. Par exemple on a recruté dans l'enquête 20% de femmes en moins que l'objectif fixé (on sait qu'elles représentent x% des séropos donc il en faut x% dans l'échantillon), alors on va donner à chaque femme de l'echantillon un poids de 1,2 au lieu de 1 dans les effectifs, cela gonfle les effectifs un peu artificiellement, c'est un peu cosmétique, mais ne change pas nécessairement en profondeur les résultats (1/3 des femmes est au minima sociaux avant redressement, ça sera encore le cas après redressement, et elle le resteront donc davantage que les hommes, ce qui change ce sont les pourcentage sur la population totale : si on rajoute artificiellement des femmes (davantage aux minima que les autres), ça fait remonter le pourcentage de séropo aux minima tous sexes confondus, et le rapproche le plus qu'il est permis de ce qu'il serait dans un échantillon représentatif.

Pour ceux qui n'ont pas encore decroché : c'est très chiant, ça joue à la marge sur les résultats mais c'est aussi indispensable du point de vue des règles d'analyse statistiques et une enquête de cette envergure se doit d'être innattaquable quant aux efforts déployés pour lutter contre ces fameux biais.

En même temps, un autre moyen de crédibiliser une étude, c'est de constituer un échantillon le plus grand possible, et dans le cas présent 3000 enquêtés c'est beaucoup, et malgré tous les biais qu'on voudra (pas plus quand même) Vespa est incontestablement une enquête crédible riche d'enseignements.

Du fait des exigences imposés à ce niveau (j'imagine à peine le coût de l'étude), les résulats présentés dans le document ne sont pas diffusés au public, en attendant l'article final ad hoc copieusement relu et peaufiné. En attendant effectivement, toute lecture de ces résultats partiels doit être précautionneuse et tenir compte du non-redressement...

Portrait de sonia

un grand merci pour tes explications

je reviendrai vers toi une fois les resultats finaux connus...en partant de l'objectif initial...

 

Portrait de ouhlala

Donc, Sonia, en ce qui concerne les résultats, ils sont bien concrets. Les pourcentages donnés correspondent donc bien à des données recueillis auprès d'un grand nombre de personnes. Au sens où tu l'entends, les résultats ne sont pas aléatoires, on ne peut pas les interpreter comme on veut et disent donc bien ce qu'ils veulent dire en donnant une image aussi fidèle que possible de la réalité qu'on cherche à étudier.

Il y a de bonnes chances pour que cette étude devienne le référentiel des politiques publiques pendant dix ans au moins...

Le recrutement des patient(e)s inclus(es) dans l'étude, lui, devrait donc être en principe le plus aléatoire possible, mais heureusement il n'existe pas encore de liste nationale des séropos dont l'Inserm pourrait se servir pour tirer au sort son échantillon (on les recrute là où l'on peut les trouver, c'est-à-dire dans les services d'infectiologie, et sur la base du volontariat) et aucun moyen de s'assurer que les réponses soient sincères (le "declaratif" est un biais en soi). Le redressement c'est un moyen d'attenuer les biais qui affecte le recrutement quand on le peut, et Vespa c'est ce qu'on fait de plus compliqué et fiable à la fois en matière d'étude scientifique.

Le document final, lui, en plus d'explications détaillées sur la methodologie et les redressement notammment, doit indiquer le résultat des tests statistiques qui permettent d'établir que les écarts constatés sont significatifs ou pas, et donc éventuellement dus au hasard (bien que là, au sujet des hépatites, l'écart entre homos d'un côté et femme ou homme hétéro de l'autre paraît significatif, c'est moins évident pour les cancers par exemple)...

(Le document est probablement stratégiquement flou à dessein, les analyses se font aussi, heureusement, un peu à tâtons, on cherche... il ne dit même pas si les redressements visent à rapprocher l'échantillon de sa composition de 2003 ou de la composition socio-économique des personnes séropos en 2011 (telle qu'on la connait à travers les données de l'institut de veille sanitaire, ou certaines données hospitalières). Il y a bien quelques différences entre les deux (significatives ?), mais méthodologiquement les deux choix sont défendables, ça dépend de l'objectif initial. On saura à la fin...! Sournoisement je dirais que les initiateurs de l'étude n'ont pas encore fait définitivement leur choix... Logiquement, la solution la plus sûre et la plus pratique serait de coller à la composition de l'echantillon de 2003, ce qui est à la fois défendable et contestable...)

Les statistiques et les sondages sont donc bien une science mais pas absolument exacte même si les tendances observées, elles, sont exactes. Et il est clair que ce sera le document final qui primera. D'ici là, il faut voir résultat par résultat. 

Donc point par point:

   Tu ecris : on note que les hommes heterosexuels ont plus d'hepatites b et c que les hommes entre eux, bizarre je pensais le contraire, la prevention dans les milieux gay pense comme moi lol. D'abord, mélanger des VHC aigûes avec des porteurs d'anticorps de VHB anciennement rencontrés, je ne sais pas si ça a grand sens tout court comme indicateur... Mais dans le fond, ces résultats ne me choquent pas, la prévention en milieu gay constate bien un risque d'exposition au VHC qui s'accroît mais c'est quand même marginal et la plupart des coinfectés VHC l'ont été par voie intraveineuse avec une majorité d'hétéros, donc en mélangeant les deux sortes d'hépatites il me semble logique que les homos soient globalement moins porteurs d'hépatites. Mais pour avoir tous les éléments de compréhension il faudrait savoir si les homos sont davantage exposés ou non que les hétéros au VHB, ce que je ne sais pas...

Un intérêt de l'enqûete serait de mettre en évidence l'apparition ou une augmentation de ce risque VHC chez les homos depuis l'enquête de 2003 mais apparemment la question des hépatites n'avait pas été posée à l'époque, ou pas comme ça, en tout cas on n'a pas l'évolution 2003-2011...

   Tu ecris : ensuite pour les femmes, elles ont des relations intimes avec des personnes seronegatives (pareil que non positifs? sero interrogatifs?) et n'utilisent pas le preservatif, bizarre encore.... oui ça parait bizarre, en même temps l'écart n'est énorme  : 2% entre les femmes et les deux autres groupes, sur un rapport 90%-10% qui impose des écarts encore plus importants pour être significatifs, donc pas de quoi faire des femmes un nouveau ou spécifique foyer d'infection je pense à première vue. Elles ont aussi beaucoup moins de partenaires occasionnels.

   Ce qui est sûr c'est qu'au niveau des conditions de vie et des "caractéristiques socio-économiques", ce sont les femmes qui trinquent depuis la première édition de l'enquête.

   Les résultats distillés ne sont qu'une infime partie de l'ensemble des variables, de leurs croisements et des indicateurs qu'on peut construire en les combinant, indicateurs croisés et testés à leur tour. Vespa c'est des giga-octets de données.

   Ne pas oublier, enfin, que l'étude aura toujours une limite qui est de porter sur les personnes suivies.

Portrait de ouhlala

Il y a encore sûrement bien des choses à relever dans ces premiers résultats.

Tu observeras que 100% des homos se sont contaminés par voie sexuelle (aucun par usage de drogue par exemple, voir autre... si t'es gay tu t'es contaminé en baisant point barre), et aucun homme soi-disant hétéro au cours de relation avec d'autres hommes... Etonnant quand même, non ? Il faut dire que ces données sont transmises par les médecins dont on connait le sens de la nuance...

Les bi, les trans, à la trappe ? Observer la réalité dans toute sa complexité devient vite une usine à gaz et il faut bien faire des réductions, des choix arbitraires.

Portrait de mitsouko

C'est abérrant de mettre les 2 hépatites dans le même sac.

L'hépatite B est très contagieuse et se transmet par voix sexuelle et sanguine, alors que l'hépatite C se transmet uniquement par le sang.

Par conséquent, c'est normal qu'il y ait un pourcentage plus élevé pour les hétérosexuels car dans les hétérosexuels hommes il y a des hommes qui ont des pratiques homosexuelles. Donc les données sont complètement faussées car je suppose que les hétéros ont bien gardé de dire qu'ils avaient aussi des pratiques homosexuelles. 

J'aimerais bien connaitre le pourcentage de personnes qui ont fait leur test de dépistage pour l'hépatite B et C.

C'est une maladie sournoise et si on ne fait pas de test, on ne peut pas le savoir. Vous êtes-vous fait dépister ?

Aujourd'hui, on meurt davantage d'hépatite que de VIH.

Bref, c'est pas trop clair leurs statistiques... Enfin, ce n'est que mon humble avis.

Portrait de zut

Merci pour les explications même si la gymnastique statistique reste un peu nébuleuse pour moi c'est la première fois que je trouve autant d'éclaircissements. Surtout continue, ça finira peut-être par décanter.

Portrait de ouhlala

quelques mots.

Cet indicateur semble un détail mais c'est intéressant de s'y arrêter une minute. Je parle de l'indicateur "HEPATITES B OU C - antécédents ou chroniques" (dans le tableau Co-morbidités ) qui faute d'informations suffisantes, est interprété comme la somme de situations très différentes. Je posséde moi-même les anticorps du VHB qui fait donc parti de mes antécédents, et je suis additionné dans cet indicateur à des porteurs de VHC chronique parfois en situation très difficile. Si cette interpretation est correcte, l'indicateur en question n'a guère d'intérêt.

On pourrait en rester là, mais quand même... Il a fallu le construire cet indicateur. A la base, il y a des informations systématiques sur l'hépatite B, l'hépatite C, il devrait y avoir mention de la chronicité du VHB au moins, autant de variables combinées ou pas pour parvenir à l'indicateur présenté... alors défaut d'explication (le document est pauvre, une sorte de powerpoint rédigé à la va-vite) ou conception debile de l'indicateur...? 

Dans tous les cas, plus d'un an après le début de l'étude, l'os à ronger est bien maigre. De plus, il a fallu aller le chercher avec les dents.

D'ici un an il y aura un document reprenant les résultats généraux et dans les années qui suivent une floppée d'articles sur des questions annexes ou non traitées dans le document principal. Une corne d'abondance à laquelle est bien évidemment liée la carrière d'une poignée de statisticiens et de médecins de santé public (de l'inserm et de l'anrs ici). Est-ce qu'ils ont intérêt à faire durer le plaisir, la question mérite d'être posée.

Vespa est exemplaire par sa methodologie, entendez les moyens deployées, mais guère par ses résultats. Qui ose, s'il a l'info, donner le coût global de Vespa 2 ? Je pense que la discrétion est de mise tant l'investissement est colossal.

Il y a un article seronet sur vespa 2 : les séropos ménent l'enquête... tu parles... http://www.seronet.info/article/vespa-les-seropos-menent-lenquete-36920

Portrait de ouhlala

sur le vieillir avec le vih...

Il en a été question quelque part en 2012, exactement: http://www.seronet.info/article/vieillir-52149

Et bien elle va avoir lieu ! Et elle est même reportée d'un mois au 18-19/04/13 du fait de l'indisponibilité des données Vespa2 (en partie). On peut donc s'attendre à avoir, sous (presque) peu, du neuf nous concernant (j'ai de gros problèmes d'identité...). Je n'en sais pas plus.

C'est chouette, non ?

Toujours ces problèmes d'acidité.