Sida : la fin justifie les moyens

Publié par jfl-seronet le 28.11.2013
9 651 lectures
Notez l'article : 
4.666665
 
0
Initiative1er décembre 2013accès aux traitements pour tousTTF

"1,6 millions de morts. Plus de 2 millions de nouvelles contaminations. 16 millions de malades en besoin urgent et vital de traitement. C'est encore ça le bilan du sida en 2013. Une maladie que nous savons traiter depuis plus de 15 ans mais qui fait encore 5 000 morts par jour. Une pandémie que nous pourrions enrayer, mais qui progresse faute d'investissements suffisants". C’est cette situation que dénoncent AIDES et Coalition PLUS à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Explications.

"Sida : Nous sommes en 2013 et 16 millions de malades n’ont toujours pas accès aux traitements". Cette phrase résume à elle seule l’absurdité de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Cette situation, AIDES et Coalition PLUS entendent la dénoncer tout spécifiquement à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, parce cela viendra en contrepoint de certains discours satisfaits des pouvoirs publics et parce que cela résonnera encore plus fort en cette journée si particulière où le VIH a les gros titres de la presse.

Des chiffres qui font peur !

"1,6 millions de morts. Plus de 2 millions de nouvelles contaminations. 16 millions de malades en besoin urgent et vital de traitement. C'est encore ça le bilan du sida en 2013. Une maladie que nous savons traiter depuis plus de 15 ans mais qui fait encore 5 000 morts par jour. Une pandémie que nous pourrions enrayer, mais qui progresse faute d'investissements suffisants. Car depuis 2010 nous savons qu'un monde sans sida est possible. Nous savons que les traitements sauvent la vie des malades et réduisent de façon spectaculaire la transmission du virus. Avec l'accès de tous au dépistage et aux traitements, la mortalité chuterait en quelques années et l'épidémie pourrait s'éteindre à l'horizon 2050".

"Loin des discours triomphalistes, nous voulons porter la voix de ces millions de malades qui attendent toujours que la communauté internationale tienne ses engagements", explique Aliou Sylla, vice-président de Coalition PLUS. "Il y a urgence", confirme Bruno Spire, président de AIDES. "Nous n'y arriverons pas sans une volonté politique forte et de nouvelles sources de financements". Des progrès immenses ont pourtant été réalisés ces dix dernières années. En mobilisant l'ensemble des acteurs de la lutte, le Fonds mondial de lutte contre le sida a obtenu des résultats remarquables : 50 000 malades avaient accès aux traitements en Afrique subsaharienne en 2001, ils sont 7 millions aujourd'hui. Mais c'est encore trop lent pour casser la dynamique de l'épidémie.

Plus de traitements, et plus vite !

"L'accès aux traitements doit progresser plus vite. C'est la seule stratégie possible. Le 3 décembre 2013, les pays donateurs se réuniront à Washington pour déterminer les sommes allouées au Fonds mondial pour la période 2014-2016. Au regard des annonces faites jusqu'ici, il y a tout à parier que le compte n'y sera pas", expliquent AIDES et Coalition PLUS. Selon les estimations de l'ICSS (International Civil Society Support), il manquera 1 milliard de dollars par an pour inverser la tendance. AIDES et Coalition PLUS en appellent au président de la République. "La France peut encore annoncer une augmentation de sa contribution. Les grands pays donateurs l'ont fait, nous pouvons le faire. Nous appelons également François Hollande à tenir les engagements pris en 2012 à Washington : une part substantielle de la taxe européenne sur les transactions financières, qui verra le jour l'an prochain, doit être affectée à la lutte contre le sida. François Hollande avait alors expliqué : "J'ai proposé d'élargir cette taxe à l'échelle de l'Europe et du monde de façon à ce que nous puissions verser des sommes nouvelles à la lutte contre le sida". Quelle est la situation aujourd’hui ?

La France en perte de vitesse

"Les progrès réalisés en dix ans n'auraient jamais été possibles sans une volonté politique au long cours, une détermination inébranlable. La France a joué un rôle majeur en la matière. Or le leadership français donne aujourd’hui de sérieux signes d'essoufflement", estiment AIDES et Coalition PLUS. "Pour preuve, notre pays s'apprête à perdre sa place de second contributeur au Fonds mondial, rétrogradé derrière la Grande Bretagne. Les arguments sont toujours les mêmes : des contraintes budgétaires qui ne permettraient pas d'augmenter sensiblement  la contribution française. Les gouvernements successifs n'ont pourtant pas été avares de promesses, se fixant des objectifs à la hauteur des besoins : porter l’aide au développement à 0,7 % du PIB et doubler la contribution au Fonds Mondial. Pendant la campagne présidentielle, François Hollande nous assurait même que "nous devrons faire plus, avec nos partenaires, pour assurer l’accès universel des malades du sida aux traitements disponibles. Même s’il y a eu des progrès, plus de la moitié des malades n’ont pas encore accès aux traitements antirétroviraux. Depuis, c'est silence radio. Une stratégie de l'immobilisme qui contraste sévèrement avec les annonces ambitieuses des grands bailleurs mondiaux. La Grande Bretagne a annoncé en septembre plus du doublement de sa contribution", dénoncent les deux associations.

L'arnaque de la TTF à la sauce hollandaise

Le second mauvais signal envoyé par François Hollande concerne la taxe "nationale" sur les transactions financières. "Là encore, cruelle déception : les ambitions du candidat ont été totalement revues à la baisse, pour une taxe peu ambitieuse : taux réduit, assiette marginale, elle ne rapportera finalement que 600 millions d'euros par an. Et seuls 10 % (60 millions) seront affectés au Fonds mondial. Ces 60 millions qui devaient être additionnels, viendront finalement tout juste combler le désengagement de l'Etat. En d'autres termes, sans la TTF française la véritable contribution de la France serait en baisse de 60 millions par an. A se demander si le sida fait toujours partie des priorités de la France en termes de politiques de développement".

Accès universel aux traitements = fin du sida

"De nombreuses modélisations scientifiques le démontrent : nous avons désormais les moyens techniques pour mettre un terme à l'épidémie de sida. Grâce aux traitements et à une bonne prise en charge, les risques de transmission deviennent quasiment nuls. En permettant un accès universel à ces traitements (et en garantissant aux malades le respect de leurs droits fondamentaux), nous pouvons arriver à l’objectif "zéro contamination" en 30 ans. Le virus n'aura certes pas disparu, mais l'épidémie régressera rapidement jusqu'à devenir résiduelle et marginale. Pour arriver à ce résultat il faut aller vite, car chaque année perdue se traduit par de nouveaux morts et une augmentation des malades en besoin de traitement", comme on l’a vu plus haut. "Pour stopper la transmission, il faut donc s’assurer que chaque malade ait accès à une prise en charge de qualité, quels que soient son pays, son genre, son orientation sexuelle, ses pratiques ou sa catégorie sociale", expliquent AIDES et Coalition PLUS.

1 milliard pour inverser la tendance

"En agissant rapidement, le défi est à notre portée. C'est ce que confirme un récent rapport solidement étayé. Réalisé pour le compte du GFAN (Global Fund Advocates Network), le rapport de l'ICSS (International Civil Society Support) de septembre 2013 évalue avec précision les financements nécessaires pour parvenir à cet objectif. Le rapport démontre qu’il est possible d'inverser la tendance dans un avenir très proche, à condition d'investir 15 milliards de dollars sur les trois prochaines années (2014-2016). Mais si l'on en croit les annonces faites par les pays donateurs, les financements annoncés plafonneront à 12 milliards. Il manquera donc 3 milliards, soit 1 milliard de dollars par an. Une opportunité à ne pas laisser passer. Ce petit milliard permettrait en quelques années de réaliser de considérables économies et de faire un pas de géant vers un monde sans sida", indiquent les associations.

Où trouver le milliard manquant ?

"Le projet de taxe sur les transactions financières est le principal levier financier additionnel que nous pouvons activer. Onze pays de l'Union européenne, dont la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, veulent mettre en place cette taxe dans le cadre d'une coopération renforcée. En février, la Commission européenne a présenté en ce sens un projet avec une assiette très large qui pourrait, selon elle, rapporter entre 10 et 35 milliards d'euros par an. A condition que Bercy cesse ses manœuvres pour l'édulcorer : la France tenterait en coulisses de réduire l'assiette de cette taxe, en excluant obligations et produits dérivés. Pourtant la solution pourrait venir de là. 10 % du fruit de la TTF permettrait de lever dès l'an prochain le milliard annuel dont le Fonds mondial a besoin pour inverser la courbe de l'épidémie. Nous appelons donc François Hollande à saisir cette opportunité en portant la voix des malades auprès de ses homologues européens (…), il est plus que légitime que la finance dérégulée, à l'origine de la crise mondiale, soit mise à contribution", indiquent-elles.

Les revendications de AIDES et Coalition PLUS

Pour AIDES et Coalition PLUS : "la fin du sida justifie les moyens". "Comment pouvons-nous laisser mourir 1,5 millions de personnes par an alors que des traitements existent ? Comment pouvons-nous laisser courir une épidémie que nous sommes désormais capables de maîtriser ?", demandent les associations. "François Hollande doit prendre ses responsabilités et redonner à la France les moyens d'agir : en annonçant une augmentation de sa contribution de 360 millions à 400 millions d'euros par an, conservant ainsi sa place de second contributeur au Fonds mondial ; en mettant tout en œuvre pour qu'au moins 10 % de la TTF européenne soit allouée à la lutte contre le sida. L'accès aux traitements est un droit, la fin du sida en dépend. Agissons !", proclament-elles.

Commentaires

Portrait de bernardescudier

Il s'agit en effet de permettre  un accès universel aux traitements en garantissant aux malades le respect de leurs droits fondamentaux.

Portrait de pascalcoucou

Avec les molécules génériques, les principales molécules tombent en fin de droit là, et pas mal de ttt faits avec ces génériques et les prix adaptés, et l'acces à ses ttt aussi, faut pouvoir les donner  sans risques pour les personne traitées

Nous en sommes au tournant ca se passe actuelement et sans recul encore mais si ca fait bouger, c'est nickel, et pareil pour l'international.

                                              Pascal ... .. .

Portrait de bernardescudier

Science avec conscience pour un traitement universel !  Voilà nous y sommes en cette veille du 1er décembre ! Bravo !