Grève des salariés de AIDES :
le divorce est consommé avec la direction !

Publié par Paradixman le 16.02.2014
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Grève des salariés de AIDES :
le divorce est consommé avec la direction !

(Le 12 février 2014) Après avoir débrayé le jeudi 16 janvier, les salariés de AIDES, réunis en Assemblée Générale le 7 février, ont décidé d'une nouvelle journée de grève ce vendredi 14, jour de la Saint-Valentin. 
 

Nous entendons protester contre le Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévu par la direction qui au stade actuel des négociations vise à se débarrasser de ses salariés à moindre coût, sans leur garantir des conditions dignes de départ et de reclassement. Les négociations n'avancent pas.
 
La survie de notre association se trouve de plus gravement menacée par ce PSE, dans un contexte où la lutte contre le sida semble elle-même en voie de disparition dans le paysage associatif.
 
Les militants salariés de AIDES font les frais d'une triple-crise : crise de gouvernance, de démocratie interne et de financement de la lutte par les pouvoirs publics.
 
Crise de gouvernance
 
Nous sommes atterrés par la manière avec laquelle notre direction conduit le PSE, c'est-à-dire en cumulant erreurs grossières, manque d'anticipation et absence de vision stratégique. Un mois et demi après le début  des négociations, le constat est accablant :
• légèreté dans le choix du cabinet de reclassement choisi unilatéralement, sans cahier des charges et ... en liquidation judiciaire
• construction du PSE de telle manière à cibler des salariés et non des postes
• refus de négocier les indemnités de licenciement : la direction s'en tient au strict minimum légal (1/5 de mois par année d'ancienneté)
• imprécision et manque de rigueur dans l'élaboration du plan de départ volontaire qui n'est pas à la hauteur des enjeux d'un tel dispositif
• absence de méthode qui s'exprime notamment par le refus d'extension du temps de négociation malgré les problèmes qui s'amoncèlent autour du PSE
 
La direction s'était pourtant engagée dès l'annonce du PSE à  proposer "un certain nombre de mesures afin de soutenir le reclassement et l'accompagnement des salarié(e)s concerné(e)s dans les meilleures conditions possibles". Au vu du blocage des négociations, force est de constater que la démarche n'est en fait ni loyale ni de bonne foi.
 
Rappelons que le PSE est lui-même la conséquence d'une envolée des charges non prévue par la direction : investissement à fonds perdus dans les actions de dépistage rapide, réorganisations multiples, frais de déplacement très importants ...
 
Des graves erreurs de gestion pointées dans plusieurs rapports d'experts (Secafi, Cour de comptes, Comité de la charte et Mazars). A l'évidence, notre direction ne sait plus trop où elle va mais continue de s'accrocher aux manettes, tout en faisant entendre qu'un deuxième PSE pourrait suivre le premier.
 
Crise de démocratie interne 
 
L'association a gagné des centaines de salariés (en moins de dix ans) sans pour autant faire évoluer d'un pouce son mode de gouvernance. Alors qu'elle compte aujourd'hui 1 salarié pour 2 volontaires (bénévoles), les premiers ne sont toujours pas représentés au conseil d'administration (CA), composé de volontaires. Dans ces conditions, la direction assoie son autoritarisme sur « l'onction » donnée par le CA qui se garde bien de prendre ses responsabilités dans l'actuelle crise sociale. Pour preuve, ce dernier refuse toutes les demandes des salariés comme l'allongement de la durée des négociations, et surtout l'audition du cabinet Secafi qui a pointé les manquements de la direction dans un rapport. En gros, l'autoritarisme des uns succède à l'irresponsabilité des autres. Pour un résultat sans appel : les négociations sur le PSE entre les représentants du personnel et la direction n'avancent pas.
 
 
Crise de financement de la lutte
 
Certes AIDES ne rencontre pas une crise similaire à Act-up, également en grande difficulté financière. Contrairement à notre partenaire, les ressources de AIDES sont en augmentation : de 36,8 M en 2009 à 40,6M € en 2012. Il n'en reste pas moins que l'Etat, bien content de nous déléguer ses missions de service public, comme le dépistage ou la prévention, se révèle silencieux dans cette crise. Que fera-t-il demain si notre association est contrainte d'abandonner ses actions auprès des populations vulnérables, publics que l'Etat se révèle incapable d'atteindre ? C'est pourtant l'avenir tout droit tracé par ce PSE. Enfin, qu'en est-il de ses responsabilités en tant que principal financeur de AIDES ? C'est l'avenir de la lutte contre le sida qui est aujourd'hui en suspens. 
 
Aussi, en faisant grève ce 14 février dans toute la France, les salariés de AIDES demandent la mise en place d'un PSE prévoyant des conditions dignes de départ et de reclassement. 
 
Les organisations syndicales demandent à être reçues par Marisol Touraine, Mme la Ministre de la Santé qui, en tant que principal financeur, doit assumer ses responsabilités dans la crise sociale et financière qui menace l'avenir de AIDES et l'ensemble de la lutte contre le sida.
 
Communiqué et action de grève soutenus par
l'intersyndicale CGT, CFDT, FO, Sud.

Soure -infos ( actif-santé.fr )

 De son côté, FO a annoncé dans un communiqué envoyé en milieu de journée qu’il quittait la table des négociations. «La mascarade a assez duré, indique le communiqué dans lequel FO explique que la direction ne veut faire aucune concession. Le syndicat affirme en outre que le cabinet chargé du reclassement des salariés est en liquidation judiciaire.

Commentaires

Portrait de Felix77

Les premiers à devoir être licenciés, doivent être ceux qui ont le plus mal géré leurs responsablités, qui ont mené à la situation actuelle et si tout les plans étaient expédié justement dans toutes les entreprises, le monde ne s'en porterait que mieux. ça existe, le licenciement pour faute grave, à tout les échelons !

Hors, à ce jour depuis des décénie, fort de constater que ce sont toujours les responsables des déroutes qui restent en place, par copinage. Quand allons nous Intégrer un travailleur dans ses fonctions et responsabilités en coopératives ? Il y a souvent beaucoup plus d'idées innovantes par la base que par le sommet !

Et Je vous rappel que chez les Gay, c'est ni Dieux, ni Maîtres et encore moins un roi

Portrait de rudy84

Il n'était pas très difficile d'anticiper des suppressions de postes à AIDES comme dans d'autres asssociations puisqu'il s'agit bien de faire des économies ! Tiens, tiens, ce que j'écrivais depuis fort longtemps est en train de se produire ! 

Avec la mise en oeuvre à marche forcée de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), des diminutions des budgets (enveloppe fermée) à destination des associations relatives à la santé et à la prévention, avec un gouvernement Socialiste, c'est un comble ! Pas étonnant pour moi car je sais que ce gouvernement comme le précédent répond aux plans d'austérité voulus par les directives européennes !

Ceux qui décident de tout cela n'ont aucun état d'âme par contre ils viendront à la veille des élections faire à nouveau de belles promesses qui rendent les enfants joyeux !  

Je crois qu'ils viennent de siffler la fin de la récréation en mettant dehors les salariés du secteur associatif, comme ailleurs !

Bien amicalement !  toujours !  :)

Portrait de Aradia

http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/14/12-000-euros-mois-diriger-associat...

Je trouve décalée qu'un Directeur d'Association gagne autant...! 

Portrait de Felix77

Je dois survivre un an, ce qui veut dire qu'en un an de salaire à ce tarif, je devrais vivre 12ans de plus avec ça, j'en serais super ravi et rassuré pour mon devenir. 

Je n'en suis pas jaloux, mais j'aimerais beaucoup savoir ce qui justifie un tel débordement de prospérité sur une maladie, ce qui me mêne à penser que peut être que seul un séro+ puisse être élu Président (Porte parole de AIDE), qui serait plus à même d'élaborer des stratégies par son expériences personnelles et surtout mieux placer pour parler d'une maladie porté dans sa chair, mais cela ne justifie pas 12000€, AIDE n'a pas être Bling Bling, ça serait trop déplacé. 

Ce qui revient à dire, qu'avant de trancher dans les postes nécessaire à la prévension, faut d'abord trancher dans les hauts revenus pour faire des économies et les postes non prioritaires

Portrait de PIERREJACQUES

Toute asso/loie de 1901, surtout grosse, ne peut qu'attirer les loups;

Il y a du fric à prendre en haut de la pyramide...en délégant le travail aux subordonnés.

Une assos 1901, est un terrain tendre pour des manipulateurs-pervers-narcissiques, qui, en étalant

leurs meilleurs sentiments hyper-politiquement correct, étant des "acteurs-né", arrivent à bluffer le plus grand nombre.

La solution, me semble-t-il, consisterais à faire tester par des psy., d'éventuels problèmes d'Egos  (exacerbés), avant l'embauche.

Méme pour les volontaires cela ne serait-il pas vite rentable, et, à tout point de vue ?

Le "PDG" de AIDE, parait-il, gagnerais 12000 €,

si c'est vrais, ne pensez-vous pas que 3000 € (...4000 en Ile- de France ?), suffirait pour une personne compétente, faisant passer en premier les buts de l'association ?

Il me semble que la transparence favorise la bonne gestion et l'éthique.

Les salariés de AIDE, oserait-ils montrer l'exemple, afin de progresser dans ce sens ?

Afficher leur statut sérologique, ou leur orientation sexuelle, ne leur poserais pas de problèmes,

non ? Et, leur fiche de paye, conditions de travail, éventuels avantages en nature ?

Oserait-ils proposer publiquement une baisse de leurs revenus, fusse-t-elle faible, si leurs revenus sont

modestes, pour montrer l'exemple, afin de réduire les licenciements prévus, et, si utile, faire tomber le haut de la pyramide ?, n'y gagneraient-ils asses rapidement une formidable amélioration de leur ambiance de travail, ainsi qu'une pérennisation de leur propre emploi ?

Et dites moi pourquoi les futurs licenciés de AIDE devrait étre mieux indemnisés que le commun des mortels ?, étant entendu que je partage le point de vue selon lequel les indemnités de licenciements de sont le plus souvent trop faibles, ce sans positionnement politique, car je pense que ce serait hors sujet.

             

Un "participant", non "volontaire", non salarié.

Portrait de Felix77

Que les hauts salaires ont pu en mettre suffisamment de côté, pour nous faire la grace de ne pas toucher de salaire le temps de tout remettre d'aplomb, en conservant tout les emplois spécialisés qui demande quand même des coût de formations. N'étant pas du genre à jeter l'argent par les fenêtres, cela me semblerait le plus sage et logique !

Quel gâchi !Undecided

Portrait de Vladim

ce n'est pas qu'un problème de gestion, c'est toute la pertinence du maintien d'une "association" comme Aides qui devra être clairement posé,

à quoi sert-elle encore ? ses écarts philanthropiques relèvent de sa mégalomanie assumée, se substituer aux responsabilités inhérentes à la politique publique de santé était-ce vraiment de son ressort ? lorsque le budget n'y était plus, ce n'est là qu'un exemple, un argument largement mis en avant par les salariés, un peu tard semble-t-il,

car, pour le moment, il n'y a aucune remise en cause de l'objet social, l'association continue à tourner comme si de rien n'était, assurée de la bonne légitimité de son existence et de son action,

or, de quel bilan peut-elle se prévaloir ? une progression constante des contaminations, une stabilisation du désintérêt de l'opinion face à la maladie ... c'est cela le bilan d'une structure mal gérée, mal inspirée, mal en point ;

le sort de ses salariés, bien sûr c'est terrible de perdre son emploi, enfin comme c'est terrible de le perdre ailleurs, dans tous les secteurs économiques et industriels,

la réalité associative s'est diluée dans la mégalomanie des subventions, coupée de toute inspiration militante, entretenue à grands frais et négligeant ses ouailles,

en l'occurence, nous, son coeur de cible, sa raison d'être, son fonds de commerce, les séropos bénévoles, tout heureux de disposer d'un site pour faire mumuse sous le regard sévère de deux cruciverbistes à la retraite, 

le placard de Aides, c'est un peu de dorure pour masquer l'échec de la prévention, l'absence de solidarité et la négligence de son encadrement,

la dissolution d'une structure aussi sclérosée et rendue caduque, tant par sa taille que par son inadaptabilité aux défis de la contamination de deuxième génération, ne serait que la réponse attendue à ce qui ne manquera pas d'apparaître bientôt comme un "machin" ingérable et inutilement coûteux.

enfin, contraindre le ministère de la santé et des affaires sociales à s'emparer du dossier VIH/VHC serait l'issue logique après tant de gabegie et de temps perdu.

Portrait de alsaco

elles en pensent koi   les  Droles de Dames 

Portrait de Sophie-seronet

Hello,

Tout d'abord, c'est une période super difficile à vivre parce qu'un PSE ce n'est jamais drôle. On est au cœur de la tourmente chaque jour depuis mi décembre et ça va encore durer... donc déjà moralement c'est très dur.

Après, je n'ai pas très envie de m'étaler sur ce que je pense de ce PSE, ni de la gouvernance de Aides. Finalement mon rapport à Aides est assez intime et complexe et je suis une fille discrète.

Je reste convaincue que Aides reste utile aux personnes séropositives au VIH et au VHC sinon, ça ferait longtemps que j'œuvrerais ailleurs...

Voilà pour moi en toute pudeur...

Bises. Sophie

Portrait de Felix77

Sophie-seronet wrote:

Hello,

Tout d'abord, c'est une période super difficile à vivre parce qu'un PSE ce n'est jamais drôle. On est au cœur de la tourmente chaque jour depuis mi décembre et ça va encore durer... donc déjà moralement c'est très dur.

Après, je n'ai pas très envie de m'étaler sur ce que je pense de ce PSE, ni de la gouvernance de Aides. Finalement mon rapport à Aides est assez intime et complexe et je suis une fille discrète.

Je reste convaincue que Aides reste utile aux personnes séropositives au VIH et au VHC sinon, ça ferait longtemps que j'œuvrerais ailleurs...

Voilà pour moi en toute pudeur...

Bises. Sophie

Mais peut être autrement et plus efficacement, mais pour cela faut bien observer le terrain avant d'agir. Toute façon, il y a un trou, la question est comment le résorber le plus sainement possible, sans désarmer. S'il faut tout redéployer pour réussir, ça sera toujours mieux que de tout casser ou ne pas réagir. En balance finacière, c'est pas compliqué, il y a les crédits et les débits, reste à savoir où ça en est, et de taper d'abord dans le futil, après avoir colmater les brêches, c'est comme ça dans la marine, faut garder la tête froide et faire les bons choix et gestes. je vais me renseigner auprès de mes médecins sur le projet de campagne de dépistage globale, mais je pense qu'ils vont d'abord attendre le vaccin, pour faire d'une pierre deux coups.

Courage

Portrait de Emilie-seronet

Tout comme Sophie, je ne m'étalerais pas sur la question. Nous sommes en effet "en plein dedans" depuis 2 mois et c'est éprouvant...Je ne pense pas qu'ici soit le meilleur endroit pour nous exprimer sur ce point.

Tout ce que je peux dire est que je fais partie de la délégation syndicale, ce qui explique ma présence plus discrète sur Seronet en ce moment.

Je reste également convaincu que Aides fait encore de belles choses, ses militants (salariés comme volontaires) sont très investis dans la lutte contre le vih et les hépatites et souhaitent conitnuer cette lutte pour les personnes concernées.

Emilie

Portrait de Felix77

Comme promis au décès de mon Patrick, mais pour moi c'est un mal pour un bien ! Il n'est pas normal d'agoniser des mois dans sa chaise roulante cassé au 6e étage sans ascensseur, ni assistance au COEUR de Paris ! Un malade dans cette état doit, soit être euthanasié rapidement ou finir ses jours dans une maison d'accompagnement avec l'argent du SIDACTION ! Ce cauchemar, j'ai décidé d'y remédier, car je n'ai aucune envie de crever dans ces mêmes conditions, je m'insurge haut et fort !

Sinon je ne déteste personne, malgré la censure, je vous avez promis que j'allais tout faire pêter. Maintenant que l'Abcés est crevé, on va pouvoir soigner.

Portrait de gys

Bjr à toutes et tous, je reste convaincue en tant que séropo que Aides peut nous être utile, elle a oeuvré dans bcp de combat, restons vigilants sur nos propos, le new fil gratuit, les avancées thérapeutiques, la recherche, les WES mis à disposition pour les PVVIH, la rupture d l'isolement pour certaines PVVIH, ect....
J suis volontaire, je combat pour la lutte contre le sida, le reste ne m'intérêsse pas, les blabla, les médisances, les critiques, il y a plus important dans la vie à mes yeux, la solidarité, l'entraide, l'amour, l'amitié, voila ce qui me porte et si je suis encore là aujourd'hui en bonne santé avec 24 ans de VIH c'est grâce aussi à Aides.

Merci pour votre attention...

Solidairement

Gys