REQUIEM POUR UN VIHRUS, Flashs sur 29 ans de vie de vih

Publié par Lili11 le 20.03.2016
3 890 lectures

C’était le vendredi 13 mars 1987, à 15h. La dame du labo me remettait la grande enveloppe blanche révélant l’annonce brutale du résultat fatal.

J’avais 20 ans.

 

J’ai dompté 3 10aines d’années, couronnées de 3 épées de Damoclès. La 1e, "la Gold".

Choc

Destinée mourante, être un et en danger, le risque est mortel

Abstraction épaisse, injustice, lourde incompréhension

Savoir choisir à qui & quoi dire. Non. L’urgence de se taire.

ça m’a enseigné le secret, le silence, la lourde responsabilité de la protection de l’amour.

Apprendre à faire semblant aux yeux des gens,

L’empêchement inconscient de (se) projeter.

M’a enlevé des Ami-e-s, raflé des amours,

M’a convoqué, bouleversé à des moments terribles,

T4 qui s’effondrent pile synchro, en me noyant dans la mort de mon père, transfert,

Dépression.

Une amie d’enfance me traite de criminelle.

 

2e dizaine, les traitements… Je passe à survivante envisagée, l’épée est en argent.

Le planning de médicaments «de malade»

Les effets secondaires, certainement indésirables

Le corps, sa dés-appartenance, ses déformations, ses failles,

M’a fait fréquenter les affres de la peur, l’angoisse,

Me suis égarée dans des écrans de soulagements

On se raccroche, on se plaque aux espoirs de ceux qui vous aiment, je parie sur une sorte de sécurité professionnelle, évanoui le personnel, dans le masque de la brume, comme une interdiction.

Je suis courage et résistance, je crie dans le silence, mais j’inscris des succès, apparentes performances.

 

M’a mené à des gens précieux, beaux, géniaux, surtout à mon double, né lé 11.11, mort en 11.11, qui a refusé de le subir, surtout de le souffrir, dernier geste de résistance punk.

M’en a fait éviter plein d’autres, juste filtre à connards,

M’a fait raisonner leur danger, leurs transferts et leurs projections, me méfier de leurs intentions.

Finesse et ajustement des valeurs.

L’amie d’enfance me fait passer pour morte.

 

3e dizaine, je suis vivante confirmée, l’épée est de bronze.

J’ai appris l’élasticité du temps,

J’ai du renier des rêves d’enfance, privée de descendance,

J’ai appris à apprivoiser la solitude, la transformer en indépendance,

M’a rendu cliente gold de l’hôpital, des bilans sanguins par dizaines, trop de réveils d’anesthésie dans la peine

M’a imposé mélancolie chronique, réflexions psycho-anthropo-philosophiques,

M’a fait évaluer confiance, discrétion, Amitié, bonheur, humilité, dignité, confidentialité,

M’a plongé dans la conscience, les amenuisements de son fonctionnement, comme un rappel, un pic d’épée

M’a contraint à l’asthénie, à l’expertise des effets indésirables,

M’a entraîné dans les variations extrêmes des sons des émotions,

M’a giflé la vérité, soufflé le rêve, décidé l’authenticité,

M’a autorisé à décider, à faire des choix,

M’a appris à tolérer, pour de vrai…

L’amie d’enfance dit que je lui manque

 

Ce virus m’a dessinée, j’ai repoussé des limites comme remparts au gouffre,

M’a fait assumer, plus ou moins,

Spécialiste de la dualité de personnalité sans bipolarité,

A fabriqué ma subjectivité, façonné ma place,

J’ai aiguisé mes exigences, continué à désirer, arrosé mes espérances, nourri les doutes, suivi la route. Je me suis réinventée, l’intime a gagné, sauvé par les AA -l’Analyse et les Animaux-.

 

Mes 30 ans de vih sont bien là, sournoisement. Aussi discrète et silencieuse que je m'évertue de mener ma vie avec ce virus, ma guerre contre lui, elle n'en est pas moins réelle violente constante et fatigante. Et de plus en plus. Je m'adapte, "rien n'y parait trop", c'est ce qui me joue des tours, "ça s'voit pas" et je fais ce qu'il faut pour… Gérer ma santé, mon psyché, mes peines, ma peur, toute seule avec des tiers dont c'est le métier bienveillant. Je leur dois tellement.

 

Mes traitements sont là, même si j’ai la chance de repousser le vieillissement prématuré que subissent mes consoeurs de galère, grâce au « 2 jours par semaine de ICCARRE ».

Aujourd’hui, on sait un déficit de plaquettes et de fer. J’ai passé l’année, non, ces dernières années, à subir des examens, des effractions corporelles, des hospitalisations, des états, des consultations, des affaiblissements, violence… Le protocole de soin impose que je reparte dans une recherche de fuite, coloscopie & co, un cauchemar d’épuisement.

 

Alors, je m’autorise le confort, le luxe de ne pas être menacée par des adresses de tiers égoistes, méprisantes ou agressives. Je m'offre donc le droit et le devoir de me protéger des situations de stress, des émotions délétères qui menacent mon organisme, il conspire déjà assez contre moi.

 

Les émotions sont censées être un mouvement « movare », et nous traverser. On sait qu’il est fondamental de faire émerger les émotions, de surcroît dans les situations de «longue maladie ». Les émotions sont utiles, elles sont un signal du corps qui peut indiquer que quelque chose est nuisible dans notre environnement.

Réfractaires, elles affaiblissent le système immunitaire. Il faut les accepter, les exprimer, sans quoi, c’est un stress délétère qui s’installe.


Bien à vous tou-te-s,


LiLi, toujours dans la partie...

Commentaires

Portrait de cyril13

.. pour le partage de ce témoignage/analyse.

.. je ne serais en mesure d'en faire autant, même si mon "squatteur" est en moi depuis presque 35 ans..

.. cependant, je m'interroge sur un tout petit point que tu évoques :

    ".., ma guerre contre lui,.."

..j 'ai parfaitement saisi le sens de cette phrase, mais pourquoi rester "en guerre" contre ton squatteur  ? (le VIH) ..

.. l'accepter, et accepter de vivre avec, et non de batailler contre lui, ne serait-il pas plus "psychologiquement"  appaisant ?..

.. perso, je ne me sens pas en guerre contre lui.. je souhaite au contraire qu'il reste "calme" et qu 'il continue à sommeiller (la bataille éveille les endormis!), tranquilement, là où il s'est réfugié, et , en "bataillant" moralement contre lui, n'est ce pas s'affaiblir ? ..

..cette parenthèse refermée, je ne peux que dire "chapeau bas" à ta clairvoyance en toi-même..

Bien ami calmant

Portrait de bubulle

Ton texte est beau et fort. Merci.

Portrait de Lili11

J'avais juste besoin de poser ces élans de mots qui résonnaient, dans un lieu dédié, à l'approche du 13 mars.

ET Cyril, Cher "Ami calmant", je comprends ton heurt à "ma guerre". Ce n'en est pas une vraie... Mais des fois, je me suis sentie comme "en discipline obligatoire, à serrer les dents"... Par exemple, quand j'accompagne mon pote dans ses derniers moments, et que je dois avant tout respecter son choix d'arrêter de se soigner.... Ou, pus récemment, que j'ai le tube de l'endoscopie dans l'oesophage et que j'entends au dessus de moi les infirmières se raconter leur we, et me dire ensuite que "je serais pas un peu douillette?".

Mais certes, je vis avec plus que contre, ça ferait pas presque 30 ans, sinon. Comme vous  tou-te-s, je suppose!

Merci en tous cas, ça fait plaisir d'être entendue.

Bonne continuaiton chez vous,

Lili

Portrait de Câlin77

Texte virement touchent et tu m'a reboosté Kiss

Portrait de Big Bad Badaboum

.. que ton pseudo et ton style d'écriture résonnait en mon souvenir..

Me voici revenu sur ce billet de blog, suite à ta demande de contact que je viens d'accepter, sous mon nouveau pseudo.

j'en avais changé peu de temps après avoir posté un commentaire ici, en raison d'une trop lourde charge émotionnelle à continuer sur le site avec mon ancien profil, après le décès de mon fils survenu en début de l'année 2016.

Je comprends la tristesse que tu évoques sur ton dernier billet de blog de ne pas connaître la joie (mais aussi parfois les peines !) de la maternité, et je remercie la vie (pour Dieu, on verra ça plus tard, si tant est qu'il existe et après que nous aurons eu ensemble une sérieuse explication sur ses desseins et son sens de l'ironie) pour m'avoir permis d'être père durant 25 ans.

Au plaisir de te lire .

Bien ami calmant

BBB (allias Cyril13)

Portrait de Lili11

De tes mots Cyril BBB. Déjà parce qu'ils étaient (presque) seuls téméraires à s'être présentés, sincères, au fait des sujets, et aussi parce que leur son et leur ton m'avaient touchée.

Pour Dieu, je valide. Comme dirait Blanche Garin, "faut garder la Mort" Wink

https://www.facebook.com/C8TV/videos/blanche-gardin-le-suicide/239838804...

Wouha..... La perte d'un enfant doit certainement la plus violente.... Je t'adresse mes condolénaces les plsu chaleureuses et les plus sincères. Comment ça va? ... Tu es de quel coin si ce n'est pas zindiscret.

Soirée heureuse, à bientôt, prends soin de toi,

LiLi

 

 

Portrait de Big Bad Badaboum

..s'il y a une vie après la mort (ce dont on peut toujours douter alors que l'inverse est quant à lui assuré ) , quelle "merde" nous attend à nouveau ?

Selon certaines pensées, nous choisirions, lorsque nous ne sommes qu' une "âme" (le mot me gène quelque peu, ayant une connotation un tantinet religieuse, préférant l'idée de "courant énergétique"), le corps dans lequel nous nous incarnerions. 

Putain ! Si c'est bien le cas, certes je n'ai jamais aimé faire des choix (et encore moins qu'on me les impose) mais là, franchement, j'ai grave manqué de clairvoyance et de chance ! (comme au tiercé d'ailleurs.. pourquoi dis-je cela alors que je ne joue pas aux courses ?! bah ! la pensée a ses chemins qu'elle seule comprend).

Allons, allons ! soyons positif ! (par obligation, cela s'impose). Ma vie n'a pas été aussi pourrie que ça, il suffit de voire le verre à moitié plein, et non à moitié vide.

Ouais, ben nan en fait ! je préfère continuer à le voire entièrement vide après plus de douze ans d'abstinance à l'alcool

Merci pour tes condoléances et pour Blanche Gardin aussi (ducoup, les deux sujets sont bien raccords ).

Alors en réponse à ta question à savoir de quel coin (de connard ?pff.. facile !) je suis, je me dois d'y apporter une réponse bien précise.

En partant du centre galactique, tu parcours environ 28 000 Années-Lumière pour arriver à un big truc très chaud que nous nommons, chez nous, le soleil (si tu as pris la bonne direction, sinon, t'es paumée ailleurs).

Tu continues ton chemin jusque la troisième planète (tu peux pas la rater, elle est bleue.;enfin encore à ce jour).

Une fois posée sur celle-ci, tu entres les coordonnées suivantes dans ton gps (en espérant que ton vaisseau en soit équipé ou que tu ne voyages pas en téléportation inter-galactique inter-temporelle sans prendre un gps) :

- latitude (tu prends celle que tu veux, ceci étant, t'es libre)   43° 13' 0.02''

- longitude (là, j'ai rien à dire)   5° 31' 59.99''

En résumé, jusqu'à maintenant où j'écris ceci, je suis donc un Galaxien-Terrien-Cassiden, bien que ce ne soit pas mon lieu exact de naissance (mais quand suis-je donc né, si, comme mon gros oncle, je me suis incarné ?!) .

Si cela peut être plus compréhensible (et moins prise de tête à googleliser), j'ai face à moi le Cap Canaille (je serai content quand tu seras mort.. nan pas toi !!)

Jusque maintenant, car j'ai eu vent (pas aujourd'hui, le Mistral s'est calmé) par un certain Douglas Adams que les Vogons devraientt détruire (ou avoir déjà détruit.. la notion de temps m'étant parfois un peu floue, je l'avoue) la Terre afin de créer une nouvelle VEH (voie expresse hyperspatiale).

Bonne journée.

P.S. : penses-tu que je devrais reprendre la consommation de produits illicites ? j'ai le sentiment, depuis que j'ai tout arrété, que mon état cérébral s'empire, même si mes idées n'ont pas d'odeurs.

 

Portrait de Lili11

Et bien grâce à mes super pouvoirs sensoriels, tes idées respirent un parfum de vie, d'envie, de poésie! ("amis de cette dernière Bonsoir").

Je reçois ton état cérébral comme plutôt "de compétition", que "proche de l'ohio"!  Re-prendre une conso, No no no... Mais, je serai bien mal-aise de prétendre quoi que ce soit pour qui que ce soit, cependant le RE devant le prendre, associé à ma place d'expérience expertise en la matière (pas fière.... ), hé bin je me permets de confirmer: nonono-Ho'oponopono! C'est comme le verre à moitié vide; non plein! sorry... Heureusement, de ma région Chablisienne, de naissance jusqu'à la grande adolescence, je n'ai jamais apprécié trop l'alcool (à part un peu de champ, ou de snake bites à London!) Sinon, je serai devenue al'cooliK sûr.

Quand je trouve des occaz rares de bon son pour danser, mon petit diable convoque des vieux réflexes de "désirs de plus", faire "buzzer" mon corps, inhaler du perlimpinpin, puis hop! (sagesse de l'âge apprentissage), mon peti Ange surgit et rappelle les "souvenirs de trop", des heures d'idées dark archisombres, de recroquevillements, de serrage de dents, de calvaires d'enfer.... et ça passe. Un peu d'écran de fumée pour allumer les neurones? Why not ...

Et puis, de ma nouvelle place de thérapeute (avec les animaux), je propose des pistes de solutions, j'expérimente les outils que je transmets... Et, le meilleur shoot, c'est l'oxygène de faire galoper un cheval, en liberté dans un corral "pur courrant énergétique". C'est rire avec ma chienne qui fait des blagues, guiliguiliter mes ptipti n'veux & nièces quand je les vois.... Donc, pour renaître, ce serait.... en 1 animal! Pour les gratifier de m'avoir sauvée...

Bref, j'ai beaucoup d'admiration pour les abstinances de compét. Podium Gold !!! Si ça a un sens... si on le saura.... J'arrive à m'arranger avec ça.... C'est la mode de l'instant présent, de la plein conscience... ça a ses qualités....

Pour le gps de mon vaisseau, je vois Cassis par là? ça semble magique beau!!! (J'ai 1 pti nveu qui se prénomme CassiUs, dans le sud, de Sète).

Bon, c'est daillleurs et d'ici l'heure du nourrissage de ma ménagerie, ainsi sur ces drôles de pensées, je te souhaite une chouette suite de sens! ...

xxx

LiLi