VIH et vaccinations : quelles attentes ?

29 Mars 2016
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Malgré la reconnaissance largement partagée de l'efficacité des vaccins dans la prévention de certaines infections ou maladies, les obligations et les recommandations émises par les autorités de santé peinent de plus en plus à être suivies. De ce fait, par manque d'une couverture vaccinale suffisante, la population ne bénéficie pas de l'effet de protection optimale pour certaines vaccinations, et on assiste quelques fois à la résurgence de maladies qui avaient disparu ou étaient devenues rares. Des polémiques qui ont surgi autour des vaccinations contre l'hépatite B et le HPV (papillomavirus humain), ou le H1N1, ont pu créer la confusion. Les études scientifiques et les derniers jugements rendus ont toutefois conclu à l'absence de liens entre les vaccinations et la survenue pour certaines personnes de maladies comme la sclérose en plaques, et ont clos le débat. Pour les personnes vivant avec le VIH, les recommandations sont quelques fois plus renforcées que pour la population générale pour certains vaccins (hépatite B, grippe, etc...), en respectant cependant les précautions liées au niveau des CD4 ou de la charge virale. Et vous, quelle est votre stratégie vaccinale ? Percevez-vous des risques liés à la vaccination ? Quelle protection en attendez-vous individuellement et collectivement ? Venez en discuter pendant le chat thématique mardi 29 mars, de 21h à 22h, en compagnie d’Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Nous étions un petit quart de quarantaine pour parler VIH et vaccinations. Question majeure, et loin de faire consensus, les avis et les expériences très hétérogènes des participants traduisent les tensions du débat public sur ce thème. Si une majorité recourt à la vaccination et en reconnait la pertinence, une minorité s'y dit réfractaire, ou la contourne par le biais de la "vaccination homéopathique" : et le fossé se creuse alors entre les deux camps dans l'examen de l'efficacité ou des risques anticipés des solutions possibles. Dans un contexte médiatique où peuvent être évoqués les adjuvants, et en particulier l'aluminium, qui induiraient de possibles effets, et influençant l'appréciation d'un équilibre bénéfice/risque, la parole du médecin, de l'infectiologue apporte toutefois des informations et des recommandations jugées utiles, fiables et généralement suivies  : dès l'annonce de la séropositivité, qui peut générer une fragilité plus importante, une stratégie se met en place , visant essentiellement la grippe, renouvelée tous les ans, et ou par exemple la coqueluche. Dans le cas de certains, la vaccination pour la grippe, si elle ne s'avère pas totalement efficace, ne laisse du moins s'en manifester qu'une forme attenuée. En général, aucun effet indésirable n'est signalé, et ce n'est que dans le cas d'un HIV-controller, dont l'organisme contrôle la présence du virus sans prise d'ARV, où la vaccination peut induire, dans un effet de sur-réaction,  les quasi-symptômes des maladies visées (rougeole, typhoïde, ...), conduisant même, contre l'avis médical, à renoncer à la protection anti-grippale. De même les occasions de voyages conduisent également à étendre la protection vaccinale contre des virus et bactéries absentes ou devenues rares en France. A l'opposé c'est pour certains sur le conseil médecin qui douterait de l'efficacité de la vaccination qu'on emprunte la voie de la "vaccination homéopathique" : les granules vont remplacer les injections : l'Influenzinum 9CH, [obtenu par dilution puis dynamisation des souches du vaccin de la grippe pour l´année en cours], avec un effet préventif attendu et comme une alternative au vaccin grippal. Or pour quelques-uns la vaccination ne passe que pas l'injection, et pour beaucoup, avec le principe homéopathique de dilution des principes actifs, on ne produit qu'une substance proche du sucre et donc sans aucune efficacité. Le débat rebondit sur la remise en cause de l'innocuité des vaccins en général, remettant même en cause l'alternative qu'un vaccin anti-VIH pourrait apporter un jour aux ARV, tant la défiance vis à vis des laboratoires, des médecins, des études publiées, amène à bannir toute idée de vaccin. Cependant dans une balance entre les effets indésirables possibles des ARV et  le risque supposé associé à un vaccin, en regard de millions de vies sauvées par le recours à la vaccination, une large majorité se dégage et se prononce en faveur de ce dernier s'il devait, ce que beaucoup attendent, advenir un jour.