Quand le corps contrôle le VIH : mécanismes et pistes pour demain

5 Juillet 2016
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Depuis la découverte du VIH, tous les moyens sont mis en œuvre pour éliminer sa présence dans l'organisme. 1996, les trithérapies arrivent et contrôlent le virus, de plus en plus efficacement, sans jamais parvenir à l'éradiquer. Or, on sait que certaines personnes maîtrisent naturellement le virus : il s'agit de personnes séropositives asymptomatiques qui n'ont jamais pris de traitement ARV (HIV controllers ou asymptomatiques à long terme) ou qui ont arrêté leur traitement, après l'avoir initié pendant la primo-infection, et qui sont en contrôle (étude ANRS-Visconti). Dans le cas de la guérison fonctionnelle du patient de Berlin la situation est encore plus extrême. Ces cas minoritaires et particuliers offrent des pistes de recherche qui intéressent les chercheurs : analyser, décoder les mécanismes et être en capacité de les reproduire pour atteindre l'objectif de l'élimination du virus dans l'organisme. En France, c'est l'ANRS avec la cohorte Codex (plusieurs centaines de personnes suivies) qui explore la piste du contrôle du virus par les personnes séropositives sans traitement. Mieux comprendre les cellules réservoirs et lutter contre l'inflammation liée au VIH sont également au cœur des pistes de recherche qui sont structurées dans une stratégie scientifique mondiale (cure) lancée en 2012. Croyez-vous en la guérison du VIH et à quel horizon ? Selon vous, quelles pistes de recherche sont prometteuses ? Venez parler avenir mardi 5 juillet de 21h à 22h, pendant le chat thématique, en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

En petit comité, une huitaine de personnes s'est retrouvée pour s'interroger sur le contrôle du VIH par l'organisme. Tandis que dans le cas général la majorité des personnes voient leurs défenses immunitaires s'affaiblir après quelques années en l'absence de traitement, on estime à moins de 0,5% le nombres de personnes vivant avec le VIH qui maintiennent un haut niveau de CD4 et une faible charge virale sans prise de traitement.  Le phénomène n'est pas connu de tous, et peut paraitre complexe pour certains. Des personnes temoignent de leur passage de plusieurs années sans traitement, mais conduisant au stade sida, ou faisant suite à une période initiale de traitement. Dans le deuxième cas, l'équipe médicale va accompagner cet arrêt de traitement avec des bilans très rapprochés confirmant le contrôle "naturel" sur le virus. Mais après quelques années celui-ci reprend son activité et conduit alors à une nouvelle mise sous antirétroviraux. Les médecins restent dans le constat sans avancer d'explication. La situation pose la question des comorbidités qui vont de plus en plus accompagner par la suite le virus redevenu actif : problèmes respiratoires, neurologiques. Pour une personne, qui correspond aux critères d'une personne contrôleur du VIH (ou HIV controller) et qui est suivie dans la cohorte CODEX Extrême de l'ANRS, conduite par le Pr Lambotte du CHU du Kremin-Bicêtre, ces comorbidités sont un enjeu majeur : elles font l'objet d'une attention toute particulière de Marion Mora, chercheur à l'Inserm : les survenues de cancers, de problèmes vasculaires, de dépression sont plus fréquents chez les contrôleurs que chez les personnes traitées. Mais cette cohorte d'observation est essentielle aussi pour une avancée sur la compréhension des réservoirs du virus par exemple. Concernant Codex, les recommandations de mise sous traitement précoce (dès la connaissance d'une séropositivité) ont un effet bénéfique pour les personnes mais réduisent la possibilité de repérer et d'inclure des personnes qui auraient potentiellement le profil d'un contrôleur VIH, et les médecins informent peu ou pas sur cette recherche. On peut être orienté par hasard par un ami militant qui a su lire dans vos bilans les caractéristiques de cette prédisposition. L'étude continue à inclure de nouvelles personnes, vous pouvez donc vous informer.

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer ici vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

La semaine prochaine, ce n'est ni l'ARN ni l'ADN que l'on recherchera mais, sur une autre piste, la DCA de Philippe Découflé et son Decodex, qui explore lui aussi des extrêmes, corporelles et visuelles.

Portrait de bernardescudier

Beaucoup d'erreurs  sur la définition des Hiv controllers dans ce résumé : un Hiv controller est une personne séropositive qui sans traitements depuis sa contamination contrôle naturellement le virus, avec des Cd4 élévés, et une réplication virale inférieure à 50.

Ce statut peut être exclusivement validé aprés des périodes de 5, ou 10 ans.

La prise de traitements précoce pour un Hiv sans controllers n'est pas bénéfique et n'est pas nécessaire.

L'état de la recherche dans les équipes de recherches menées par le Prof. Lambotte à l'anrs  ou l'équipe prestigieuse de Raoult dans le pôle de virologie de Marseille rend compte de l'importance cruciale des Hiv controllers pour la compréhension du mécanisme du système immunitaire.

 Au sein de la cohorte Codex à l'anrs, le Prof. prend en compte cette population infime des séropositifs que sont les Hiv controllers. La cohorte intégre toujours des candidats. La plupart du temps les Hiv controllers ne sont pas répérés par leurs docteurs et ignorent meme leur contamination et leur controle naturel du Hiv sans traitements.

Enfin, le contrôle de l'adn proviral chez les Hiv controllers permet à certains chercheurs de prétendre à une définition de la guérison : ces tentatives sont récentes et s'inscrivent dans un un discours trés réducteurs.

Dans tous les cas, les Hiv controllers doivent faire des bilans tous les 3 mois et rappeler leur statut de séropositif : les maladies cardiovasculaires, les cancers et les dépressions sont nombreuses chez les Hiv controllers. 

Portrait de Yanphebus644

je voulai vous remercier , pour ce sujet , que découvre dans  vos explications , un grand merci , aussi de pouvoir par le biér du net , de pouvoir échanger et discuter , sachant que je suis séropo , avant j'étais currieux de nature , mais maintenent je le suis encore beaucoup plus , et je fait en sorte , de suivre cette évolution ,

A bientot

Yan Phébus 644