Notre campagne sert à lutter contre les préjugés tenaces autour de la séropositivité

Publié par Aurélien Beaucamp le 26.11.2016
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InterviewTasPcampagne de communication

AIDES lance une première campagne grand public sur le Tasp (traitement comme prévention de la transmission). Président de AIDES, Aurélien Beaucamp en explique les ressorts et les objectifs. Interview.

AIDES lance une première campagne grand public sur le Tasp. Quelles étaient vos consignes à l’agence lorsque cette campagne a été commandée ?

Aurélien Beaucamp : Nous avons demandé à l’agence de réfléchir au meilleur moyen de faire connaître au grand public cette information capitale : une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le VIH. Nous avions besoin d’une campagne qui marque les esprits, qui permette d’ouvrir le débat mais sans choquer. C’est la première fois qu’un tel message fait l’objet d’une grande campagne nationale, il convenait donc de le délivrer avec sérénité… et un peu de légèreté aussi. Nous voulions également éviter un écueil potentiel : il ne fallait pas que cette campagne discrimine en creux les personnes séropositives qui ne sont pas sous traitement.

Quels sont les objectifs de cette campagne et quels publics sont visés ?

Cette campagne vise d’abord à informer le grand public et à lutter contre les préjugés tenaces autour de la séropositivité. Car un décalage considérable subsiste entre progrès thérapeutiques et perception sociale du VIH. En France, 86 % des personnes dépistées et sous traitement ont une charge virale indétectable. Elles sont donc en bonne santé et ne transmettent plus. Pourtant elles continuent d’être victimes de rejets très importants dans la sphère affective et sexuelle. Selon notre dernière enquête "VIH, hépatites et vous" réalisée en mars 2016, 49,1 % des cas de discriminations déclarés ont lieu dans le contexte sexuel. Ces discriminations qui touchent à l’intime sont ressenties de façon extrêmement violente par les personnes séropositives et ont un impact désastreux sur leur qualité de vie. Le second objectif est de revaloriser l’image des personnes vivant avec le VIH, en donnant à voir des personnes heureuses, épanouies et talentueuses, loin du cliché misérabiliste qui entoure généralement la séropositivité.

L’intérêt du Tasp est connu depuis longtemps et a été largement popularisé par l’avis suisse en 2008. Cette campagne peut sembler bien tardive. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour communiquer à grande échelle sur ce sujet ?

Depuis 2010, nous nous évertuons à faire connaître cette information au public, notamment à travers de multiples interventions dans les médias. Mais nous ne nous étions encore jamais lancés dans une campagne de communication sur cette thématique. D’abord parce que notre mission n'est pas de nous substituer à la puissance publique : l’achat d’espaces publicitaires coûte cher et nos moyens ne nous permettent pas de diffuser des campagnes nationales d'information et de prévention à très grande échelle. Je rappelle que nos campagnes sont toutes réalisées gracieusement. Ensuite parce que nous considérions peut-être qu’il revenait à la communauté scientifique, aux médecins et aux pouvoirs publics de faire ce travail d’information, afin de donner plus de force au message. Or huit ans après, malgré les données scientifiques qui s’accumulent, ce message reste encore méconnu du plus grand nombre. Nous avons donc décidé de lancer notre propre campagne.

On constate une méconnaissance du grand public, de certaines personnes vivant avec le VIH et même des réticences chez certains professionnels de santé concernant le Tasp. Comment expliquez-vous un tel déficit et cette campagne est-elle suffisante pour le combler ?

Une campagne à elle seule ne suffit pas à changer les comportements et mentalités de toute une population. Mais c’est un premier pas et il était de notre responsabilité de le faire. En parallèle, nous continuerons à informer et sensibiliser les professionnels de santé sur cette question, comme nous le faisons déjà depuis plusieurs années.

Concrètement où et quand cette campagne sera-t-elle visible ?

Cette campagne sera visible en print et digital. Elle sera diffusée sous la forme d’encarts presse dans de nombreux titres de presse nationale. Et bien sûr, elle sera largement affichée dans nos 75 lieux de mobilisation et chez nos partenaires partout en France.

Propos recueillis par Jean-François Laforgerie

Commentaires

Portrait de jl06

Le bonheur du piano à queu !!!!!!!!!!!!!!!Tongue Out

Portrait de unepersonne

... ne soit pas violente au yeux du public, il ne faudrait pas montrer d'humains nus se rapprochants, des mots choisis parlent d'eux memes

si ces campagnes du pubs apparaissaient plus souvent avec un slogan clair et comprensible, avec le temps le rejet l'exclusion affective et sociale diminuerait vis à vis de la societé

aujourd'hui trop de gens sont toujours tres mal informés sur le VIH or il a presque 40 ans, des mises à jours regulieres sur le VIH interpelleraient les plus ensuqués, les plus quillés , les plus je m'en foutistes, les plus nombrilistes

plus de 30000 personnes vivent avec le virus du sida sans le savoir , ces gens ne se sachants pas contaminants ne se protegent pas obligatoirement  sexuellement , ce qui entretient ce chiffre enorme de 30000 personnes ignorants leur VIH

malgré que les personnes VIH ne soient plus contaminantes, il n'empeche que beaucoup vivent exclus et dans la precarité à cause du rejet de la societé, malade ok mais , mais seul  et pauvre à cause du VIH non

seules des campagnes de pubs bien ficelées et repetées contre le VIH pourraient  faire changer les mentalités pour que ce dernier entre dans les moeurs une fois pour toute

un probleme persiste, l'optimimisme autour du VIH entraine de la part des MDPH et CAF des refus de renouvellement d'AAH , si une CV indetectable permets d'avoir des rapports sexuels non contaminants , elle ne signifie pas une santé suffisement bonne pour aller chercher du travail  , il y a des personnes sous ARV depuis 30 ans qui sont dessechées usées  par les ttt tant physiquement que psychologiquement

la maladie du sida n'est pas une maladie chronique , seuls 86% des VIH ont une CV indetectable , les 14% restant sont au bord du gouffre

Portrait de Charles-Edouard

Et ca tue le message

SVP : pas dans ma rue ! 

Portrait de jean-rene

Tout à fait d'accord, Charles-Edouard.

Le pékin qui voit ça ne retient qu'une chose : les séropos passent leur vie à poil.

Portrait de la-vie-en-rose

Mais ça irait mieux en le disant...de manière claire et précise !

« Nous avons demandé à l’agence de réfléchir au meilleur moyen de faire connaître au grand public cette information capitale : une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le VIH. »

Je pense que cet objectif n'est pas du tout atteint par cette campagne.

Si je me mets à la place d'une personne qui ne connait pas cette info (c'est à dire la grande majorité des personnes séronégatives) et qui regarde ces visuels et leur message je me demande bien par quel miracle cette personne pourrait DEVINER qu'une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH. 

Que voit cette personne sur les photos ? Des personnes séro+ (c'est précisé dans le message) dans le cadre de leur profession (pianiste, parachutiste, danseur, prof de plongée) et avec une autre personne (qu'on SUPPOSE séronégative mais ça n'est pas dit clairement) avec qui elles vont PROBABLEMENT faire l'amour (c'est SUGGÉRÉ par le fait que les deux sont à poil). 

Que leur dit le message ? Que ces personnes séro+ et sous traitement peuvent transmettre beaucoup de choses (dans le cadre de leur profession qui est indiquée sur chacun des visuels) quand elles sont sous traitement. 

Que comprend donc cette personne (qui ignore que le traitement rend la charge virale indétectable et DONC la personne séro+ non contaminante) ???

Elle comprend que la personne séro+ qui est sous traitement peut vivre une vie presque normale avec un état de santé satisfaisant qui lui permet de travailler COMME TOUT LE MONDE. Et que, COMME TOUT LE MONDE, elle peut donc transmettre plein de choses dans le cadre de sa profession. 

Le fait d'ajouter après « Mais pas le virus du sida. » n'est pas suffisamment explicite pour que cette personne comprenne qu'il n'y a pas transmission du virus lorsqu'une personne séro+ est sous traitement. 

De même, le fait que les deux personnes sont nues ne permet pas de comprendre qu'il est AUSSI question de sexualité et pas seulement de profession. 

Quid du second objectif ?

« Le second objectif est de revaloriser l’image des personnes vivant avec le VIH, en donnant à voir des personnes heureuses, épanouies et talentueuses, loin du cliché misérabiliste qui entoure généralement la séropositivité. »

Je trouve que cette campagne pêche par l'excès inverse. Elle nous donne à voir des personnes séro+ qui ont la chance d'exercer des professions peu courantes et même réservées à une élite : artistes (pianiste, danseur) et sportifs professionnels. Ces personnes ont également la chance d'être manifestement en très bonne santé. Et le tout baigne dans une ambiance hyper-esthétisante... 

Bref, en 2016, de quoi pourraient bien se plaindre les séro+ ?

D'encore beaucoup de choses, Monsieur Beaucamp. 

Portrait de jl06

 désolé ...mais j'ai troujours pratiqué le naturisme (avant la mode ) de voir un corps à poils ne me géne pas du tout ! 

bon après la position une autre paire de ....

profité bien de voir encore des images de liberté ....peut etre plus pour longtems ....

je prevoi un grande retour de la robe de burre .....

Portrait de la-vie-en-rose

« Je rappelle que nos campagnes sont toutes réalisées gracieusement. »

L'agence TBWA-Paris aurait donc réalisé cette campagne sans facturer un seul centime à l'association Aides !

C'est ce que j'appelle un scoop. 

Portrait de jean-rene

"Les séropositifs sous traitement ont beaucoup de choses à nous transmettre mais pas le virus du SIDA". Voilà le message très pertinent de la campagne.

Mais ce message sera-t-il compris par le pekin moyen ?

Le pékin moyen voit de très belles photos représentant un homme nu, sensé être "séropositif sous traitement", transmettant son savoir professionnel à une femme nue.

Est-ce le fait qu'ils soient nus qui doit faire penser qu'après la leçon, ils vont automatiquement faire l'amour et que là, comme le professeur prend bien son traitement, son élève ne sera pas infectée ?

C'est viser le pékin plus que moyen, peut-être viser un peu trop haut.

Avez-vous testé par un sondage la réaction probable du public à ces affiches ?