L'ARV Isentress en rupture ?

Publié par Mathieu Brancourt le 05.01.2017
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Thérapeutiqueisentressrupture ARV

Le médicament anti-VIH Isentress (raltégravir), commercialisé par le laboratoire MSD, semble ne plus être disponible dans certaines pharmacies de ville. Seronet a joint le fabricant. Le TRT-5 qui a créé en 2012 un observatoire des ruptures concernant les médicaments anti-VIH a également pris contact avec MSD et l’Agence nationale de sécurité du médicament. Alors… que se passe-t-il ?

Isentress en rupture ? C’est Florence Thune, directrice des programmes nationaux à Sidaction, qui a levé ce lièvre en ce début d’année 2017. Elle-même séropositive au VIH, elle a mis près de 48 heures pour se procurer son traitement ARV. Avec pour conséquence, un jour où elle n’a pas pu prendre son traitement. Après plusieurs essais infructueux, Florence Thune a finalement réussi à obtenir une boîte, mais ces informations sont inquiétantes. Plusieurs pharmaciens lui ont affirmé une rupture au niveau national, après avoir contacté le fabricant du médicament. Une autre personne a raconté à Seronet une situation semblable. Après avoir cherché à obtenir son traitement, son pharmacien lui a expliqué que la base informatique de son officine indiquait "rupture fabricant" à propos d’Isentress.

Aujourd’hui, on ne sait pas encore où se situe la rupture et si elle vient d’un problème de stock au niveau du grossiste-répartiteur, en charge de l’approvisionnement des officines, de la fabrication du médicament en lui-même ou du laboratoire MSD. Sur le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), où les pharmaciens signalent ces ruptures et peuvent trouver une ligne téléphonique pour joindre les laboratoires et obtenir en urgence le médicament en rupture, rien n’est encore signalé. Seronet a contacté le laboratoire MSD qui n’était pas en mesure de nous répondre, mais qui va enquêter en interne. De son côté, Hélène Pollard du collectif TRT-5, a aussi pris contact avec le laboratoire et l’ANSM. Ces derniers affirment qu’il n’y a pas rupture d’approvisionnement officiellement déclarée. Hélène Pollard explique que cette situation résulterait plutôt d’une mauvaise gestion des stocks de la part du grossiste-répartiteur en cette période de fin d’année. Et par facilité ou pour se dédouaner, les grossistes indiquent que la rupture proviendrait du fabricant, alors que celui-ci n’est pas en cause. Les répartiteurs doivent alors attendre la prochaine livraison et ne peuvent donc pas répondre temporairement à la demande. Les pharmaciens eux-mêmes n’auraient pas anticipé le renouvellement d’ordonnances et n’auraient pas prévu suffisamment de boîtes d’avance. Ils n’ont bizarrement pas utilisé la ligne d’urgence mise en place par l’ANSM pour obtenir auprès du laboratoire concerné le traitement demandé. Hélène Pollard rappelle enfin l’existence d’un observatoire, mis en place en 2012 par le TRT-5, pour prendre en compte les ruptures de médicaments anti-VIH, et qui doit permettre de documenter cet enjeu et lancer l’alerte rapidement en cas de besoin.

Il y a cinq ans, les associations de lutte contre le VIH avaient signalé aux autorités de santé ce problème des ruptures d’accès aux médicaments pour les personnes vivant avec le VIH. A la clé, une plus grande sécurisation de la fourniture en médicaments anti-VIH et des dispositifs d’alerte : création d’une liste de médicaments "d’intérêt thérapeutique majeur", dont les antirétroviraux, définition de la rupture (indisponibilité de plus de 72 heures) ou procédure d’urgence de livraison par coursier. La loi de modernisation de notre système de santé, entrée en vigueur en janvier 2016, a continué de sécuriser l’approvisionnement des médicaments par de nouvelles dispositions. Reste que ces ruptures de stocks, tous médicaments confondus, deviennent un phénomène de plus en plus fréquent. Selon le rapport 2015 de l’ordre national des pharmaciens, 200 000 ruptures ont été recensées en février 2015 et novembre 2016. Environ 297 médicaments, dont 14 vaccins, ont fait l’objet de ruptures entre janvier et novembre 2016.

Si vous rencontrez un problème dans l’accès et l’approvisionnement de votre traitement, n’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires et à le signaler dans l’observatoire du TRT-5 accessible.

Commentaires

Portrait de alphaglobuline

Mon gentil pharmacien vient de me téléphoner (pour me mettre de coté du reyataz, il y a aussi rupture de stock sur le reyataz.MATHIAS XtopheCommission Vivre Avec

Act Up-Paris

Portrait de rémi75005

Moi aussi j'ai eu ce problème le 3 janvier puis à nouveau le 3 février (sur Paris). En janvier j'ai eu l'Isentress le 7 ou le 8, mais là nous sommes le 10 et toujours rien depuis le 03 février.  Heureusement, j'en ai une boite d'avance. La phramacie, chaque fois que j'ai un nouveau médicament, me demande de refaire une commande 3 semaines après la première et cela plusieurs fois de suite, de façon à avoir au moins 4 semaines d'avance. Le problème, cest que lorsque je change, il y a une boite de gaspilée, enfin pas vraiment, je la donne à mon médecni qui dépanne d'autres personnes ou les envoie à un confrère africain qui soigne des patient-e-s VIH.

Néanmons, aujourd'hui 10 02 2017, j'ai montré mon mécontentement en pharmacie : en effet, en cas de rupture provisoire, il y a un n° d'appel spécial pour puiser dans les réserves d'urgence et je les soupçonne de ne pas avoir appelé. Bien sûr, ils savent que j'ai une petite réserve, mais j'ai dit 15 jours, pas un mois. Par ailleurs je redoute maintenant une rupture de plusiuers mois comme ça arrive, car habituellement le retard n'est que de 2 ou 3 jours maxi, pas une semaine.  Par ailleurs je me demande si à Paris, tout au moins, il ne vaut pas mieux aller dans les pharmacies du Marais. Ils ont beaucoup de patient-e-s et ont peut être des réserves pour chaque médicaments. Quelqu'un a-t-il une info à ce sujet ? Merci. Dans les pharmacies de quartier, ils n'ont aucune réserve, il faut les commander à chaque fois. (Trop cher pour avoir de l'avance dans leurs tiroirs, disent-ils ? ) 

Portrait de omicronxx

Si tu habites paris, il vaut mieux privilégier les pharmacies du centre chatelet-beaubourg-marais.

ils ont tout en stock.

Portrait de rémi75005

En février, selon l'ANSM, la rupture ne concernait que l'Isentress 100 granulé à usage pédiatrique, non l'Isentress 400 en comprimé pour les adultes. Pourtant, en mars, j'ai attendu ma boite 10 jours. heureusement, j'en ai une boite d'avance (pour tous mes ARV d'ailleurs). Et maintenat, à nouveau, même problème : j'ai commendé l'Isentress le 28 mai et aujourd'hui, 12 juillet, soit 15 jours après, toujours rien. Ma pharmacie est dans le Ve. Piur essayer d'en savoir plus, j'ai interrogé des pharmacies dans le Marais ayant beaucoup de patient-e-s séro+ : même son de cloche. Isentress délivré au compte goutte. Le labo prétend que la cause en est le récent piratage informatique dont la presse s'est fait écho et qui aurait tout désorganisé ? Oui, mais en janvier et mars, c'était avant et la pénurie commençait déjà. Alors ? Le plus étonnant est que l'ASNM ne signale rien pour le moment. A quoi servent ces dames et ces messieurs ? 

Portrait de Sophie-seronet

Bonjour,

Nous avons publié une brève pour signaler une nouvelle rupture d'Isentress.

Bonne journée. Sophie