Une affaire de "star" en Allemagne !

Publié par jfl-seronet le 21.04.2009
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justice et VIH
Belle, jeune, sexy, Nadja Benaissa est l'une des quatre chanteuses du groupe No Angels. C'est une vedette en Allemagne. Elle a été arrêtée le 11 avril dernier juste avant d'entrer en scène pour un concert dans une boîte de Francfort. La justice accuse la jeune chanteuse allemande d'avoir transmis le VIH à l'un de ses amants.
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Une jeune popstar séropositive, un ancien amant touché par le VIH, une police qui a le sens du spectacle, des fans incrédules… Tous les ingrédients semblent réunis pour faire de cette nouvelle affaire de pénalisation le nouveau feuilleton trash de la presse populaire… du moins en Allemagne. Ancienne concurrente au concours de l'Eurovision en 2008, Nadja Benaissa a 26 ans. Elle a un enfant. Elle est arrêtée, le 11 avril dernier, suite à la plainte d'un ancien amant, séropositif, qui pense que la jeune chanteuse est responsable de sa contamination. Elle est immédiatement placée en détention. Interviewé par Time.com (version allemande), Ger Neuber, le procureur qui a engagé les poursuites, explique qu'elle constitue un "danger" si elle recommence à avoir des relations sexuelles non protégées. Prison donc ! Selon l'accusation qui mène une enquête depuis juin 2008, la jeune femme se savait séropositive depuis des années et l'aurait caché à trois partenaires avec lesquels elle aurait eu des rapports non protégés entre 2004 et 2006. D'après une information publiée par le site de RTL, suite à cette plainte, "la police a (…) enquêté sur la jeune femme, retrouvant deux autres anciens amants, eux aussi contaminés par la terrible maladie." Une information que ne confirme aucune autre source.

Dans l'article de Time.com, le procureur rappelle que cette affaire n'est pas l'unique affaire de ce genre en Allemagne, mais que cette dernière a un caractère particulier du fait que la présumée coupable est une "célébrité". Effectivement, le statut de vedette n'a pas que des avantages. Ainsi le tabloïd "Bild" (le plus trash et le plus lu des journaux allemands) interviewe un des anciens amants de la chanteuse, qui a porté plainte. Klaus (un pseudo) affirme qu'il a d'abord eu des relations avec préservatifs avec la chanteuse, puis le couple a décidé de s'en passer. Il aurait alors présenté un certificat comme quoi il était séronégatif et lui aurait demandé si tout allait bien pour elle côté santé. Elle aurait répondu par l'affirmative. Klaus indique à "Bild" qu'il lui aurait alors fait confiance. Deux ans plus tard, une connaissance lui affirme que la chanteuse serait "séropositive depuis des années". L'affaire démarre. Sur le plan pénal, si la chanteuse est reconnue coupable, elle risque jusqu'à dix ans de prison. Selon la jurisprudence, une personne qui transmet le VIH alors qu'elle se sait séropositive tombe sous le coup de l'article 224 du Code pénal qui sanctionne les "lésions corporelles dangereuses". En revanche, la loi indique très clairement que "si le partenaire, au courant de la situation, accepte les relations non protégées, la personne séropositive n'est pas punissable."
 
Suite à la plainte de l'entourage de la chanteuse, son producteur notamment, la justice allemande a interdit au groupe de médias Springer (l'éditeur de "Bild") de faire état des conditions de détention de la jeune chanteuse et de la présenter comme coupable. Le groupe Springer a fait appel de ce jugement. De nombreuses associations allemandes de lutte contre le sida ont condamné les conditions d'arrestation et l'arrestation même de Nadja Benaissa. La Deutsche Aids-Hilfe, l'association nationale allemande de lutte contre le sida, a protesté contre le "outing sérologique" de la chanteuse par la justice qui tiendrait de la chasse aux sorcières. Pour la Deutsche Aids-Hilfe : "la criminalisation de la transmission du VIH (…) sape les efforts de prévention et entretient la stigmatisation des personnes séropositives."
 

Commentaires

Portrait de Osmin

Pour rappel : "Plus la stigmatisation est présente dans une société, plus il est complexe et difficile de dévoiler son statut. Donc, croire que la criminalisation de la transmission du VIH influencera plus de personnes séropositives à dévoiler est un leurre." Voir article sur la criminalisation au Canada . Petit Poucet