Coûte que coûte

Publié par Rimbaud le 28.07.2017
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« Tu sais, tu as de la chance de pas l’avoir eu dans les années 80. Toi au moins tu as un bon traitement, tu n’as pas à subir les conséquences de l’AZT. En plus, ça va, ton taux de CD4 est bon, tu es indétectable, tu peux même baizer sans capote ! Et puis tu le sais bien, on ne meurt plus du sida, ce n’est plus qu’une maladie chronique. Tu as juste à prendre tes trois cachets. En plus, ton infectio l’a dit, elle va alléger le traitement au prochain rendez-vous. »

Et mon cul, c’est du poulet ? Dans les chroniques de Didier Lestrade, il affirme : il est bien plus difficile d’être séropo en 2017… parce qu’on nous a privés du droit simple de nous plaindre, parce qu’une chape de plomb lourde de silence pèse sur nous et que l’humanité a oublié la beauté de la compassion. J’ai ici même lu l’évocation des « mines affligées compatissantes » mais elles sont superbes ces mines : elles disent la possibilité d’être affecté par la douleur de l’autre, elles disent l’absence d’indifférence, elles disent l’impuissance, elles sont l’une des formes de la manifestation de l’amour. Au lieu de cela, il faut absolument être fort, il faut surmonter, montrer qu’on surmonte, bien l’écrire, bien l’étaler au grand jour : regarde comme moi je fais du sport, je suis heureux, je construis ma vie, je voyage, je vis normalement, je renvoie une belle image à la société, et ce qui est plus important, à moi-même. Moi aussi je vis, je bosse, je suis en couple, je voyage, je rénove… mais dans tout ça, il manque la possibilité de la plainte, de la formulation, de la mise en voix. L’individu met toutes ses forces dans la construction d’une image tronquée de son être.

-          T’as qu’à aller voir un psy !

Mais je ne veux pas enfermer cette parole entre les murs d’un cabinet feutré. Je ne veux pas qu’elle soit livrée à un inconnu. Je veux, tout au contraire, une parole partagée, comprise, avec les plus proches, avec les connaissances plus lointaines, peu importe… sans faux-semblant, sans jouer les héros.

-          Et tu raconterais quoi ?

La honte d’incarner l’échec de l’ensemble des militants depuis des décennies. La culpabilité d’un défaut de protection. Le droit à la jouissance, au plaisir et à l’insouciance. C’est ça : c’est le deuil, à nouveau, de l’insouciance et le retour de la peur et de l’angoisse. Bien sûr que je ris encore, que je ne suis pas dépressif, que j’avance : l’état est plus complexe. C’est l’expression d’un sentiment tapi au fond de soi. Tu. Ce sentiment de ne pouvoir dire sans qu’on envisage un nouvel aspect médical, psychologique cette fois-ci. Comme si tout était symptôme, analyses, remèdes, stratégies… quand il ne suffit que d’échanges tendres, humains et altruistes. Le monde gay est d’un égoïsme absolu, d’un jugement radical, d’un rejet total. Ceux-là même qui sont les premiers à dénoncer l’homophobie rejettent les leurs qui sont les plus touchés. Il est loin le temps de la mobilisation générale. C’est désormais celui de la mise à l’écart.

Le monde est dans la négation et l’obscurantisme, et nous sommes dans l’obligation d’avancer, coûte que coûte. 

Commentaires

Portrait de Backonthestage

Et merci pour ton Post. ... même si tout va bien pour moi, je partage ton sentiment.

Portrait de Rimbaud

Tout va bien aussi... c'est ce que j'essaie d'exprimer... objectivement tout va bien, mais cela ne devrait pas nous contenter, empêcher la révolte, la lutte, le partage... notre monde est comme endormi...

Portrait de Sealiah

Ces mots sont peut-être à replacer dans leur contexte.

Il n'y a pas d'opposition entre nouveaux S+ et anciens.La force des nouveaux S+ vient de l'expérience des anciens.J'ai souvent du mal à lire des posts me renvoyant à un passé révolu.

Le VIH en 2017 est différent des années 80.Parfois je me le demande.

Portrait de Rimbaud

Justement, le contexte est le mien : tu t'adressais à un nouveau séropositif qui justement a besoin de ces "mines affligées compatissantes", parce que oui, la compassion, ça fait du bien. C'est le début de la fin de la solitude.

Quant à l'opposition entre anciens et modernes : j'ai mis des guillemets dans mon texte car c'est justement un discours répandu. Mais le constat de Didier Lestrade est très intéressant je trouve. Ne parlons pas d'opposition (Roméro évoque ses "frères" par exemple) mais d'évolution. On est justement passé de la compassion, de la solidarité au silence. Le virus est le même mais le monde a changé.

Portrait de bubulle

J'approuve la seconde partie de ton post : oui il est scandaleux de devoir encore se cacher, assumer seul etc. etc.

Mais en total désaccord avec la première partie et les propos de D Lestrade.

J'ai été ado dans les années 80 et j'avais 18 ans en 92. J'aurais pu être contaminé pendant cette période. 

Et bien je suis absolument d'accord avec les anciens séropos qui me disent qu'au fond je l'ai échappé belle et que dans ma malchance j'ai tout de même un peu de chance. 

Tristement, l'horreur des années 80 me fait relativiser à 100 % ma contamination de 2013. 

On pourra dire ' oui mais il n y a plus de solidarité comme avant' ' oui mais on est davantage seuls avec la maladie' bref on pourra dire ce qu'on veut mais il n'y a plus à négocier mentalement avec cette notion de mort imminente et ça ça vaut de l'or.

Portrait de Rimbaud

Le truc du "y a pire ailleurs, y avait pire avant", moi ça ne m'aide pas du tout. Je dois être beaucoup trop égoïste ou égocentrique. J'ai bien pensé à tout ça au moment où j'ai découvert ma séropositivté : beaucoup n'ont pas de boulot, n'ont pas de compagnon/compagne, n'ont pas de traitement etc. On est dans un pays riche, tout est pris en charge etc. Bien sûr ça compte, et c'est sûrement ce qui fait que je ne suis pas en dépression mais ça a aussi des effets pervers : les médias se désintéressent de nous, le grand public a une image fausse du virus, les jeunes ne sont plus éduqués, les investissements baissent, la solidarité est devenue médiocre et au final les gens se disent : ils n'ont pas à se plaindre aujourd'hui. Cela crée la solitude, l'isolement et ce sentiment d'une perte de fraternité. Tout cela manque de révolte et sans révolte, rien ne bouge. (Mais oui, je suis d'accord avec toi : ceux qui ont trente ans de VIH sont des SurVivants et nous avons de la chance de ne pas avoir traversé cette période. Mais dire ça ne suffit pas...

Portrait de Sealiah

Je ne suis jamais silencieux.Je compatis à toute causes.Certaines causes ont été entendues et résolues.C'est le passé qui parle.

Mes écrits sont parfois rudes.L'esclavage est aboli,l'homophobie dénoncée, le VIH démystifié.

Ma compassion reste un combat pas à une soumission.Je n'aime pas la complaisance ni la victimisation.Je ne suis victime que de mon ignorance.A l'ignorance j'oppose la connaissance.

Je te rassure je ne connait pas grand chose si ce n'est moi.J'évolue avec le monde.

Portrait de Rimbaud

Aucune cause n'est jamais résolue (mais peut-être évoquais-tu seulement le rapport à toi-même et non la question sociale). Le passé ne parle jamais. Ce qui est passé est ce qui n'a pas pu passer justement. L'homophobie est forte, très forte. Le VIH est totalement mythifié (il n'y a qu'à regarder les derniers résultats des enquêtes auprès des jeunes). Je n'aime pas le mot "victimisation" qui est un reproche adressé aux victimes, encore moins lorsqu'il est associé à la complaisance. On a le droit de se dire victime. C'est une réalité. Personne n'est venu nous dire "dis donc, j'ai le vih, ça t'intéresse ?". 

Je lis tout ce que tu postes Sealiah (et j'ai matté toutes vidéos et je t'en remercie).

Portrait de Sealiah

J'ai beaucoups de problème avec moi.Mon passé ne me parle pas.Je l'interroge en vain.

Je connais le passé du monde.C'est déplorable.Le VIH a 30 ans et les jeunes ne le connaissent pas.Le passé ne parle pas.

Désolé de t'avoir bléssé.Personnellement le VIH n'est plus un problème.Objectivement si les nouveaux S+ prenaient le temps  de s'informer ils en déduiraient la même conclusion.

Je me veux rassurant.Je suis aussi déterminé; le VIH n'est pas la mort.Comment faire passer ce message?Le passé devrait nous parler.

Portrait de Rimbaud

m'informer. "Le VIH n'est pas la mort" mais il est un affaiblissement des défenses immunitaires et multiplie les risques de cancer et autres maladies mortelles : vrai ou faux ?

Portrait de Sealiah

Le VIH n'est pas le seul responsable de la baisse de nos défenses immunitaires.

Portrait de ouhlala

Faux car un séropositif précocément traité ne connaitra pas d'affaiblissement de son système immunitaire et sera donc exempt d'une vulnérabillité particulière aux cancers ou autres maladies mortelles... à condition d'être dépisté précocément... et d'habiter un pays riche ou du moins progressiste en la matière.

Continuum

Ca fait beaucoup de questions tout ça. Quelques remarques.

Un "vieux" séropo peut aller "bien" et un "jeune" séropo aller "mal". Ces catégories n'ont pas beaucoup de sens à mon avis quant au bien-vivre ou à l'état physique. Même si statistiquement... J'en ai tellement vu partir avant de "fêter" leurs 30 ans. Mais je rejoins bubulle la situation a fondamentalement changé quant à la signification de l'annonce. Je suis donc un survivant mais pas sûr d'avoir ni la force ni l'envie de persévérer (et assez peu de possibilité compte tenu de l'accumulation de pathologies). Cela dit, quand on m'a dit à l'époque  "monsieur vous étes séropositif au vih" je n'ai pas pris ça exactement pour une épreuve, juste la fin annoncée, la fin annoncée des épreuves... Et en fin de compte je suis très heureux d'avoir pu éprouver pendant trente ans de plus ! C'est sur la fin que ça se gâte. 

Aujourd'hui l'annonce est une épreuve c'est incontestable. Comme tellement d'autres, cancers, décés d'un proche, misère, chômage, dépression... et plus personne pour ça, affaires de professionnels, les proches (on est évidemment tous des proches) doivent s'épanouir dans un monde dur, pas de temps à perdre avec la douleur d'autrui qui te mine et te ralentit dans la guerre de tous contre tous. C'est un peu partout où on regarde, des calaisiens qui déménagent parce que "toute cette misère c'est pas bon pour le moral et les enfants", les pubs sur la vielle qui comprend très bien que ses enfants ne soient pas là pour la prendre en charge (et s'en va rejoindre une maison de retraite pour bourgeois lol) etc... je ne relève pas tout et j'oublie vite... On a la chance de vivre dans un pays riche, il faut en accepter les tares ou aller voir ailleurs si on peut, ou se battre si on le peut mais je crains que le problème soit plus profond. "Il y a pire que vous"... on pourrait ajouter "nous sommes débordés" et "les caisses sont vides" ! 

C'est révoltant, mais la révolution doit être intérieure et généralisée. Toujours plus d'épreuves pour cela. Quels dommages collatéraux... L'humanité, qui pourrait donc ne plus être bien loin de l'extinction, a selon moi encore de sales jours devant elle. Un gamin inconscient qui va glisser de la balustrade et passer par la fenêtre. 

Portrait de Rimbaud

ça c'est bien dit ! Merci.

Portrait de zak

Quand j etais jeune avant le temps du sida, je craignais d attraper la syphilis.

on pouvait depister et traiter cette maladie bien avant l arrivee d un tabès.

Alors régulièrement je me faisais depister et avant d avoir le résultat c etait des periodes tres dures a vivre pour moi.

Des copains l ont attrapé et se faisait injecter des doses de pénicilline a répétition en sifflotant.

Ce que je veux dire maladroitement c est que nous avons chacun intégré ds representations différentes avec des variantes sociales, spatiales et temporelles et que nos réactions sont necessairement differentes. Chacun vit avec ce qu il est, petri par les representations qu il porte , sauf a les deconstruire

vieux seropo stabilisé depuis 10 ans maitenant apres 15 ans environ d echecs therapeutiques a repetition, je pense que je vais bien? Disons pas trop mal. Assez pour avoir encore qq projets

j ai connu et participé modestement a cette periode ou la bienveillance etait de mise entre les seropositifs, ce qui n empechait pas les coups de gueule, avec des relations vraies, simples il n y avait pas la place pour l esbrouffe, mais beaucoup de tolerance nous misèrions ensemble pas avec pitié mais avec humanité. De cette periode je garde des ami-es aujourd hui encore

et je n ai pas retrouvé une telle complicité, partage de l intimité de nos chairs mises a l epreuve, pour faire de nouveaux amis en dehors de cette sphère des personnes séropositives.

je n en suis pas pour autant seronegatophobes ! Quoique en cherchant bien ^^ non je blague!


pour moi il n'y a pas c etait mieux, c etait pire avant

nous devions faire avec ce que nous etions , face a une réalité le rejet, la discrimination Et aujourd'hui' hui nous pouvons desirer autre chose que l indifference generalisée sur le mode gobe tes cachets et tais toi

Desole ces propos ne sont peut etre pas dans le fil des posts précédents - aucune volonté de juger de ma part juste l expression d idees qui me viennent suite a vos lectures

pardon pour les fautes de frappe

Gamin, avant de glisser de la balustrade donnes moi la main

Portrait de Rimbaud

Tu vois Zak,

en tant que "jeune séropo", ce que je perçois, c'est un discours fort et clair de la part de ceux qui le vivent depuis des décennies. Un discours équilibré d'ailleurs et je dirais un discours humaniste. On aimerait avoir ça avec les nouveaux séropo, une forme de solidarité, de partage, de proximité. On ne peut pas obtenir ça de quelqu'un qui a trente ans de séropositivé derrière lui. Parce qu'on ne vit pas vraiment la même chose, beaucoup de choses ont changé (ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas attentif à ce que toi ou d'autres peuvent dire, au contraire, je lis pas mal de leurs bouquins en ce moment (assez mauvais dans l'ensemble d'ailleurs)). Autrefois, au début de la propagation,  il n'y avait pas non plus les décennies de prévention, les luttes, les actions etc. Vous étiez dans la découverte de cette merde qu'on a appelé le "cancer gay". Il y a une culpabilité vis à vis des gens qui ont lutté, qu'ils soient vivants ou pas. Je suis leur échec en quelque sorte, c'est comme une honte de participer à la propagation du vih (puisque je l'ai) alors qu'on a été totalement informés. Je me sens con, mais alors très con. J'ai aussi le sentiment que la lutte est entre les mains de quelques personnes. Que la parole crédible aussi appartient aux anciens. Que nous ne sommes finalement légitimes de rien ce qui donne un sentiment de rejet et d'inutilité, de passivité. Il faudra que je trouve une forme d'engagement pour combler ça. 

C'est pas moi qui sauterai de la balustrade, j'ai 41 ans et je suis psychologiquement assez construit (mais ta dernière phrase est sublime, forte). Comme je le disais, je ne suis pas dépressif, ni même franchement malheureux : ce sont des états trop radicaux. Mais avec des questions, avec des peurs, avec des fragilités, avec une forme de solitude aussi. J'ai certainement seulement besoin de rencontrer quelques séropos qui me ressemblent avec qui tisser des liens. Mais en province, c'est beaucoup plus difficile qu'il n'y parait. Et puis, quand je discute avec certains, ce qui ressort, c'est qu'ils ont trouvé leur équilibre (et c'est super pour eux) et ils n'éprouvent donc pas le besoin d'une rencontre (en dehors d'un plan cul). 

Portrait de Sealiah

Tu as raison de souligner ce point rimbaud.

J'habite en province et plutôt une"chaudasse" selon la population gay et bi des environs.La communauté n'est pas aussi importante que dans les grandes villes.Les lieux de rencontres étaient peu nombreux (pas de boîtes ni de bars à l'époque) et non spécifiques.On se connaissait tous et tous avaient couché au moins une fois ensemble.En province "profonde" la compétition n'existe pas.Je l'ai découverte à Paris, dans les saunas à Toulouse et sur les plages dans le sud.Pour "chopper" autant être identifiable.Je suis un caméléon (moins maintenant),en "trav", jeune puceau, bel éphèbe, pour "tirer un coup j'étais prêt à tout.

Quand le SIDA( VIH) nous est tombé dessus , j'ai perdu beaucoup d'amis, ils manquaient à l'appel sur les lieux de drague.Le problème n'était pas de fuir celui qui était S+ mais d'obtenir un traitement et de dire au et fort que le VIH n'était pas une maladie de "PD".J'ai connu et pratiqué les années où "baisser" sans Kpote avec éjaculation n'était pas un problème.Les MST n'était pas un souci, elles se soignent.J'ai tout eu.

Même le VIH en 95.Je l'aurais eu en 81 je ne sais pas si j'aurais été encore là?Je suis moi aussi un "échec".Mes ami(e)s partis me traiteraient de "connard".

Un vieux S+ c'est cette main tendue à ce gamin.Sans complaisance, le VIH n'est plus une découverte.

Je ne sais pas ,Rimbaud ( j'ai du mal sans majuscule ) quel pourrait-être ton ou tes engagements?Pour ma part je milite pour que tous et toutes S+ aient un traitement dans le monde  rendant leur CV indétectable et non contaminante.Je milite pour que la santé ne soit plus un enrichissement mais un intérêt humain et fraternel.Je milite pour que tout être humain puisse manger à sa faim.Je milite pour l'égalité.Je milite pour que le genre humain cesse de se prendre pour le centre du monde, voir de l'univers.Je milite pour l'amour.

Tout un programme.Je sème.Je s'aime.Je ne suis pas le semeur originel.

Portrait de zak

comme il y a des générations d âgés il y a des générations dans la contamination

tu t estimes responsable ... de ta contamination ....

L es tu au fond ?

integrer un message dans son usage quotidien n est pas simple quand il s adossé à des fonctionnements "archaïques"

exemple : le tabac, l alcool ne sont pas bons pour la santé. Tout le monde sait cela et des jeunes et des moins jeunes fument et boivent plus que de raison

la question est de savoir ce qui est compensé par ces consommations

Quand tu as du diabète tu dois faire attention aux sucres absorbés donc cela impact ton régime alimentaire. Changer ses habitudes la ne sont pas si évidentes pour tout le monde. Manger renvoie à l enfance avec une forte charge affective inconsciente...

quand on aime (peut on baiser sans un minimum d amour de desir de l autre ?) on est dans une pulsion de vie, pas évident de penser que le VIH et d autres rodent

si il y a des responsables je crois que ce sont ceux qui refusent de soutenir l affirmation de jeunes gays qui se découvrent qui parfois se structurent avec une honte de ce qu ils sont. La discrimination est pour moi un terreau non négligeable.

connais tu les Seropotes? C est une Asso pour les néo seropo

Portrait de ouhlala

ce n'est pas moi qui glisserai de la balustrade, juste une image concernant une humanité présenté parfois comme au bord de l'extinction, je m'en réserve le droit mais ce n'est pas d'actualité...

Portrait de Rimbaud

Sealiah, comment se traduit concrètement ton engagement ? Tu agis au sein de structures ?

Zac, je ne suis pas "responsable" au sens où je ne l'ai pas cherché (au contraire, je pensais faire très attention) mais ma vigilance n'a pas été suffisante. Je l'assume et je ne regrette pas mes expériences mais l'excès a des conséquences. Tu mets l'accent sur toutes les problématiques de ma vie. L'excès comme compensation à un vide, un manque, pour ma part lié à l'enfance, à l'absence d'amour, à la violence familiale, à vingt années pourries. "la question est de savoir ce qui est compensé par ces consommations"... la priorité actuelle, au-delà de la tri, c'est la question du tabac qui me tuera avant le vih. Je dois travailler sur cette question et ta phrase m'aide beaucoup. Faut que je vois ça avec un psy mais j'attends que la cohorte des examens médicaux se calme un peu et que mon cerveau redevienne un peu disponible. 

Même la baize implique une part de tendresse, ça m'a toujours frappé dans les saunas et les backrooms de voir qu'il y avait de la sensualité. Loin des clichés. 

"Séropotes", j'en ai entendu parlé, il y a cette réunion à Besançon une fois par mois. La dénomination est horrible, elle se veut légère, allez viens on est potes parce qu'on a le vih, beurk... ça ne suffit pas à l'amitié. J'ai peur qu'on se retrouve trois personnes assises sur une chaise en rond genre thérapie de groupe, même pas un verre de vin à la main... si c'est ça, je fuis... alors je ne sais pas trop... J'irai peut-être une fois pour voir mais ça doit être désert ici où tout le monde connait tout le monde, où tout le monde parle de tout le monde, où tout le monde préfère se cacher... A suivre donc... 

La consommation est une compensation, voilà la phrase qui m'aide à avancer. Merci.

Portrait de Sealiah

Je jouis de ces derniers sursauts.

M'engager!!!Je suis qui pour changer le monde?Je change juste mon monde.Mon monde est dans ma tête.Dans mon monde il n'y a pas de guerre , pas de famine ,ni discriminations.Deux trous rouge du côté droit, le poête t'invite à un dormeur, le monde à un mort.Tu es très fort Arthur.

Notre problématique est commune Rimbaud.

Portrait de Rimbaud

"je suis qui pour changer le monde ?"... heureusement que tout le monde ne pense pas ça ou rien ne changerait jamais. Personne n'a plus ou moins de légitimité pour agir. Nous sommes tous citoyens du monde et à ce titre chaque voix devrait compter, doit compter. Une idée géniale contre le vih peut surgir d'un survivant, d'un néo-séropo ou d'un séronégatif. Agir, peu importe le domaine, donne du sens à la vie. Ecrire ici, c'est d'ailleurs une forme d'action tournée vers les autres.

Portrait de Sealiah

Et en réalité?

Portrait de Rimbaud

chaque voix ne compte pas mais est-ce une raison pour se soumettre à cette réalité ? Mauvaise excuse pour ne pas agir. :)

Portrait de Sealiah

décevante,je m'invente ma réalité éblouissante.Le rêveur agit mais ne donnera plus son sang.Ecrire ici donne le sens à ma vie.Des mots changent-il le monde?Ils changent au moins le mien.Je ne peux changer vos mots.

"Je suis qui pour changer le monde"?Se bercer d'illusions est illusoire.Je me rends à l'évidence.Je suis ici pour changer le monde.

Si comme moi tu te rends à l'évidence, combattre devient inutile.Parlons d'amour.J'aime beaucoup ton blog"à l'homme que j'aime".Pourrais-tu mettre une majuscule à ton pseudo?

Portrait de Rimbaud

J'ai retourné le site dans tous les sens, je ne vois pas comment changer mon pseudo pour y mettre une majuscule. Ca m'énerve aussi particulièrement. Si tu as la clef, dis-le moi.

S'inventer un monde déconnecté du réel... je respecte ton choix mais cela isole, empêche une connexion réelle. Ton ordinateur est une prison que tu penses libératrice mais elle n'a pas la pulsion de la réalité. Combattre est nécessaire, la colère l'est aussi. Et c'est bon pour la santé ! Aux âmes citoyens ! Combattre sans être certain de faire avancer quoi que ce soit, c'est le panache de Rostand, c'est superbe ! C'est se tenir debout, c'est dresser la voix, c'est affirmer, c'est lutter contre l'obscurantisme, c'est trouver des alliés, c'est se fatiguer, c'est expérimenter la palette des émotions pour enfin, un instant, exister vraiment.

Portrait de Sealiah

Plus ou moins déconnectés du réel.Cette nouvelle réalité virtuelle ne me demande aucun contact ni effort physique.J'ai rendu visite hier soir à mon cousin installé à Sydney.Il posait sa planche à Bondi beach.Je suis satisfait de cette virtualité et frustré de ne pouvoir le serrer dans mes bras(pulsion de la réalité).Je suis allé aussi au cinéma hier soir: "Le cercle" avec Tom Hanks: problématique sur la totale connextion virtuelle des gens , les limites?Pas de problème pour trouver une place de parking, ni t'attente au guichet, ni de bruits parasites (virtualité).Pas non plus quelqu'un avec qui partager son ressenti(pulsion de la réalité).

C'est un isolement confortable, silencieux.

Je m'échappe parfois dans la réalité: concert ce soir avec Natasha St Pier entre amies, ballade citoyenne dimanche et sûrement visite de villages médiévaux.Ma dernière échappée réelle à été catastrophique: bagare verbale entre deux invité(e)s.Virtuellement un repas n'est pas un ring.J'aime bien ma virtualité paisible.

Pour la MAJUSCULE demande à Sophie-seronet.C'est une magicienne.

Portrait de zak

nos visions du monde ne sont pas identiques

cherchons nous le paradis pour dire autrement un espace de quietude et de plénitude ? Espace mental qui peut se nourrir d une distanciation ou d un engagement

Il m apparait avec le temps que nous aurions chacun le notre... Et que celui-ci peut evoluer avec le temps

en même temps, nous sommes interconnectés (et pas seulement par la technologie), faits des mêmes éléments et ce qui m arrive ne peut que très exceptionnellement n'arriver qu´à moi, d'autres vivent les mêmes événements et ont les mêmes ressentis... Cest le fameux déterminisme.

cela ne me deroute pas de la quete du bien etre avec les autres et face a moi meme malgre mes contradictions

Mary poppins va lacher son parapluie pour ce soir

Portrait de Rimbaud

Admire la belle majuscule au pseudo !! 

Portrait de Sealiah

Merci pour ton éffort.Bien à Toi, Lohic.

Portrait de Rimbaud

à Sophie surtout ! ;)

Portrait de Sealiah

Merci Sophie.