VIH en France : rien n'a bougé en 2016

Publié par Mathieu Brancourt le 01.12.2017
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Chiffresépidémiologie

Lundi 27 novembre, Santé publique France a présenté les données actualisées de 2016 concernant les épidémies de VIH et des hépatites virales en France. Pas de changement majeur dans la dynamique des nouvelles contaminations au sein des groupes les plus exposés. L’effet Prep n’est toujours pas quantifiable chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et l’enjeu du dépistage, faiblesse de la réponse française au VIH, constant. Toute ressemblance avec les chiffres de l’année précédente n’est (malheureusement) pas fortuite.

Chaque année, l’antenne épidémiologie de Santé publique France (auparavant connue sous le nom de l’Institut de veille sanitaire) réalise un état des lieux des réalités de l’épidémie de VIH qui, en 2016, demeurent contrastées. A l’approche du1erdécembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, ces données sont aussi l’occasion d’évaluer l’impact des outils de prévention aujourd’hui disponibles et des campagnes de prévention nationales. Cette année, la ressemblance des chiffres avec ceux de l’année dernière reste trop frappante pour être rassurante. Le nombre de découvertes de séropositivité en 2016 est évalué à 6 000, soit peu ou prou la même proportion depuis trois ans (légère baisse de 5 % depuis 2013).

Concernant les nouveaux cas de VIH diagnostiqués, les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) et les hétérosexuels (hommes comme femmes) nés à l’étranger représentent toujours les groupes les plus touchés, avec respectivement 44 % et 39 % des découvertes en 2016. Comme les années précédentes, les hétérosexuels et hétérosexuelles nés en France et les personnes usagères de drogues représentent respectivement 15 % et moins de 1 % des nouvelles contaminations.

Si on prend l’ensemble des hétérosexuels, ils conservent la majorité des contaminations (3 200 cas en 2016), contre 2 600 découvertes chez les HSH. Tandis que leur nombre est stable chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, il continue de baisser chez les hétérosexuels, notamment hommes, depuis 2013, (5 %). Pas de changement non plus au niveau géographique. L’Ile-de-France et les départements français d’Amérique (Guyane, Martinique, Guadeloupe) sont les plus touchés par l’épidémie. Et là encore, aucune diminution significative du nombre de découvertes de séropositivité n’a été observée depuis 2013. La région Ile-de-France concentre 42 % des découvertes, les DOM 8 % alors qu’ils ne sont que 18 % et 3 % de la population totale française.

Le nombre global de dépistages augmente très peu, autour de 5,5 millions de tests réalisés chaque année. Plus inquiétant, rien ne change concernant le nombre de personnes ignorant leur séropositivité. Ce chiffre est estimé à 25 000 personnes, comme les années précédentes. En sachant que 43 % des personnes dépistées séropositives en 2016 n’avaient jamais réalisé de test auparavant. A noter que les autotests, fin 2017, se vendent plutôt bien, avec près de 75 000 tests vendus en pharmacie l’année dernière. Mais même dans les groupes les plus exposés au VIH, la proportion de nouvelles infections où aucun test n’avait été effectué jusque-là reste massive, allant de 28 % chez les HSH à 58 % chez les hétérosexuels nés à l’étranger. "Dans un contexte de prévention combinée du VIH (préservatif, dépistage, PrEP, TPE, Tasp), le dépistage du VIH doit donc encore être intensifié dans les populations les plus exposées, afin de réduire la proportion de celles et ceux qui ignorent leur séropositivité", insiste Santé publique France dans son bulletin épidémiologique pour le 1er décembre. "La seule façon de connaître son statut sérologique, c’est le dépistage. C’est un outil de prévention majeur pour contrôler l’épidémie. Aujourd’hui, l’offre de dépistage est variée et s’adapte aux besoins de chacun. Cependant, elle reste méconnue", explique François Bourdillon, directeur général de Santé publique France.

Le dépistage est d’ailleurs le point de faiblesse de l’objectif 90-90-90 français, puisque ce premier 90 est le seul non-atteint encore dans l’hexagone (84 %). D’où une campagne nationale de Santé publique France, qui a été révélée ce lundi et qui sera affichée le mois prochain. Elle vise notamment à promouvoir tous les types de dépistages (rapide, en Cegidd, en laboratoire) et leurs avantages auprès du grand public, afin de banaliser ce geste. Une campagne nécessaire, mais aux airs de déjà-vu et qui se refuse à de la prévention ciblée, un an après la polémique de la campagne spécifique auprès des gays, qui avait été interdite sous des prétextes homophobes par certaines mairies.

Le nombre d’inconnues dans les stratégies efficaces de fin des nouvelles contaminations et de contrôle de l’épidémie n’a jamais été aussi réduit. Pourtant, l’impact de l’ensemble des outils et actions pour impacter concrètement les courbes d’infection se fait attendre. La PrEP, lancée début 2016 au sein d’une communauté très touchée comme le sont les hommes gays, fut la dernière non surprise de la journée : "Le nombre de personnes ayant initié une prophylaxie pré-exposition au VIH (Prep) en 2016 (environ 3 000, principalement des HSH) est sans doute encore trop faible pour avoir un impact sur la dynamique de l’épidémie dans cette population", estime encore les expertes et experts de Santé publique France. Pourtant à l’étranger, les effets du traitement comme prévention ou de la Prep, grâce à des campagnes de grande ampleur se mesurent déjà. Il est donc grand temps de briser la monotonie des chiffres de l’épidémie de VIH.

Les données sur les autres IST
Comme pour le VIH, les données actualisées sur les infections sexuellement transmissibles (IST) ne comportent pas de nouveautés. Comme pour les années précédentes, elles se maintiennent à des niveaux élevés, voire augmentent encore. La hausse des infections à gonocoque et des infections ano-rectales à chlamydiae se poursuit chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Pour le gonocoque, la progression est particulièrement marquée chez les HSH (+127 % entre 2014 et 2016), comparés aux hétérosexuels (+29 %). Pour le gonocoque, les cas concernent à 70 % des HSH. Pour les infections ano-rectales à chlamydiae, c'est près de 90 % de nouveaux cas chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. La stabilisation du nombre de cas de syphilis concerne aussi bien les HSH, qui représentent 81 % des cas, que les hétérosexuels. En revanche, le nombre de syphilis n’augmente plus en 2016 dans cette population. "Ce constat devra être consolidé dans les années à venir", nuance d'emblée Santé publique France. Seul point rassurant : les données de surveillance de la sensibilité aux antibiotiques sont encourageantes : aucune souche résistante au traitement de référence n’a été isolée depuis cinq ans.

Commentaires

Portrait de Exit

Vivement de voir les résultats de la Prep.... 

Portrait de Sophie-seronet

Hello,

Voici un lien vers un article sur la Marche parisienne du 1er décembre avec à mi-article les dernières données de l'ANSM sur la Prep.

Bonne lecture ! Sophie

Portrait de Exit

Merci pour l'information, mais je pensais plutôt aux derniers chiffres de l'efficacité de la Prep. A savoir sur le nombre de personnes qui sont sous Prep, si il y a eu des cas de personnes infectées par le Vih malgré la prise de la Prep.

Cdt. 

Portrait de bonheur9

En Allemagne ils ont publier leur chiffres dans une émission TV aucune contamination n'as été enregriistré  grace à ce médicament miracle  et  beaucoup de jeune en Allemagne sont sous prep car là bas , ils  disent que baiser BIO est bien meilleur et paradoxalement ils baisent plus sans préservatif quand France et  ont beaucoup  moins de contamination sur les 20 dernières années à croire qu'ils ont une meilleur résistance  car en Allemagne  beaucoup de gens  sont bisexuel  et ils n 'aiment pas les  capotes en général et  souvent cela  étonne  beaucoup  de gens parmi  les autres pays d Europe .ils ont une philosophie  super positive de la vie  , les  Allemands disent  qu'il ne faut jamais juger les gens  et disent souvent ont baise et puis voilà  car nous sommes tous  éphèmères cela peut choquer beaucoup de gens qui ne sont pas de leur mentalité  , ils se prennent pas la tete comme en France.