Maroc : des droits humains… très homophobes !

Publié par jfl-seronet le 27.02.2018
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Avocat, homme politique, Mustapha Ramid est ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme au Maroc. Enfin, pas de tous les droits de l’Homme... Le ministre a ses têtes comme on dit et même ses bouc-émissaires. Les homos en font partie.

Cela peut paraître paradoxal lorsqu’on occupe ce type de fonction, mais manifestement cela ne semble pas perturber outre mesure ceux qui l’ont nommé comme défenseur des droits humains. Mi février, le site TelQuel Arabi a réalisé une interview fleuve du ministre, proposée en trois parties. L’épisode 2 traite directement des droits humains et a pour titre : "L'homosexualité n'est pas un droit de l'Homme" ! Une affirmation homophobe donc, qui tient lieu de doctrine pour le ministre et, on le craint, pour le gouvernement que ses propos engage.

TelQuel Arabi demande à Mustapha Ramid, quelle est sa position sur les relations sexuelles librement consenties… Et le ministre de répondre : "Les citoyens ont le droit d'exercer leurs libertés individuelles de la manière dont ils l'entendent, mais dans un cadre privé. En ce qui concerne l'exercice de ces libertés dans un cadre public, la plupart des législations l'interdisent au niveau mondial, y compris celles de quelques pays européens". Puis, le ministre admet — et c’est une surprise — quelques dysfonctionnements dans la police. Il explique ainsi à TelQuel Arabi : "Parfois, la police donne l'assaut contre des habitations dans le but de prendre en faute des citoyens. C'est de l'abus et c'est inacceptable". On se dit alors que le ministre des droits de l’Homme a une idée des limites et de ce qui est de l’abus de pouvoir, mais l’embellie, pour sincère qu’elle soit, va être de courte durée. Vient alors la question sur les droits des homosexuels. Et là, c’est la grosse tuile. "L'homosexualité n'est pas un droit de l'Homme. C'est une entorse aux droits de l'Homme", y va franco Mustapha Ramid. Puis, le ministre se lance dans un développement un peu étrange où il est question d’un verdict ancien de la Cour européenne des droits de l’Homme qui estimait que l’ouverture du mariage aux couples de même sexe n’était pas une obligation, dans le sens où la refuser n’était pas considéré (du moins par cette instance) comme une atteinte aux droits humains. Et Mustapha Ramid de revenir à la dichotomie classique entre ce qui est interdit dans la sphère publique et toléré dans la sphère privée. "Et je le répète encore une fois : lorsqu'il s'agit d'agissements dans la sphère privée, on ne dit rien. C'est dans l'espace public que cela pose problème", explique-t-il d’ailleurs dans son interview à TelQuel Arabi.

Ainsi, le ministre chargé des droits de l’Homme considère qu’il n’a pas à reconnaître les droits des minorités sexuelles… qui ne passent d’ailleurs pas uniquement par le mariage. Bien sûr, permettre une reconnaissance égale à tous les couples, c’est bien, c’est même l’idéal. Reste que si un pays ne souhaite pas reconnaître les couples de même sexe — encore que cela aille dans le sens contraire de l’histoire —, il n’est pas obligé non plus de pénaliser l’homosexualité, notamment dans le cadre de relations entre  adultes consentants et dans la fameuse sphère privée que semble défendre si fort le ministre.

En surfant sur la décision de la Cour européenne, il veut faire croire que même dans les pays occidentaux on ne se sent pas obligé de reconnaître le couple homo… c’est vrai… mais dans ces pays, l’Etat ne passe pas non plus son temps à pourrir la vie des gays, à les arrêter sous n’importe quel prétexte. Et aucun ministre, a fortiori en charge des droits humains, ne tiendrait un discours aussi violemment homophobe. En juin 2017, l’écrivain et cinéaste Abdellah Taïa, musulman, homosexuel, accordait une interview au Monde. Le journal lui demandait si l’homophobie était une question politique au Maroc. Il expliquait : "C’est une homophobie du système politique. A partir du moment où la loi marocaine dit qu’un citoyen homosexuel est un criminel, elle donne l’autorisation à tous les autres citoyens de maltraiter les homosexuels. Les lynchages sont une continuité du silence du pouvoir. En évitant de condamner les agressions, les responsables politiques les encouragent de fait. La réaction sociale est liée au pouvoir. Il faut d’abord changer la loi pour changer les mentalités". Il faudrait aussi changer les discours, manifestement. Et tout spécialement celui de celui qui a pour mandat de défendre les droits de l’Homme.

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