Etre un homme ou une femme face au VIH : quelle différence ?

6 Mars 2018
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Ces dernières années, la pandémie de VIH s’est largement féminisée. Aujourd’hui, 51 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde sont des femmes, 60 % en Afrique subsaharienne. De nombreux experts considèrent, études à l’appui, que les femmes ont plus de risques d’être contaminées par le VIH et d’autres IST que les hommes en raison de spécificités anatomiques, biologiques et sociales ; soit un ensemble de facteurs rendant la transmission plus facile de l’homme à la femme. Si on prend en compte les caractères anatomiques (pour ne mentionner que ceux-là), le risque de transmission du VIH d’un homme contaminé à une femme est deux fois supérieur à celui d’une femme contaminée à un homme : plus grande surface des muqueuses, perméabilité du col de l’utérus, contact prolongé du sperme avec la muqueuse vaginale, explique ainsi le site du Planning familial. Du côté de l’Organisation mondiale de la santé, on prend bien en compte ces données biologiques, mais on explique surtout que les chiffres globaux des contaminations cachent des différences considérables quant à ce que la maladie implique pour les hommes et les femmes. Dans la plupart des cas, ces différences résultent de normes définies par la société. Dans de nombreux pays, les taux d'infection sont beaucoup plus élevés parmi les jeunes femmes que parmi les jeunes hommes. Mais cette question ne se pose pas seulement en termes d’exposition au risque, elle concerne évidemment la vie avec. Qu’est-ce qui peut différer dans la vie avec le VIH lorsqu’on est une femme ou un homme ? Une femme a-t-elle plus de difficultés à négocier la prévention qu’un homme ? Sur le plan économique, vivre avec le VIH est-il plus difficile pour une femme ? C’est autour de ces questions qu’on vous propose d’échanger mardi 17 avril dès 21 heures, pendant le chat thématique, en compagnie de Diane-Seronet.

Commentaires

Portrait de Tom Sawyer

Il est scientifiquement reconnu que le risque de contamination du VIH est plus élevé chez la femme que chez l'homme notamment en raison de différences anatomiques et biologiques. Cependant la question des différences se pose bien au-delà. Par conséquent nous avons consacré ce chat thématique sur les différences hommes/femmes séropositifs-ives dans la vie quotidienne. La discussion s'est articulée autour des points suivants :
- qu’est-ce qui peut différer dans la vie avec le VIH lorsqu’on est une femme ou un homme?
- une femme a-t-elle plus de difficultés à négocier la prévention qu’un homme?
- sur le plan économique, vivre avec le VIH est-il plus difficile pour une femme?

Tom Sawyer
Déjà face aux traitements, car il me semble que ceux ci n'étaient (ou sont encore) testés majoritairement que sur les hommes.
Pendant longtemps, surtout au début de l'épidémie, j'ail'im pression que les femmes étaient mises de côté (façon de parler), n'étant pas considérées comme une population à risques.
Il y a même eu des scientifiques qui pensaient que les femmes ne pouvaient pas contracter le VH car leur vagin était "robuste" pour l'accouchement (Diane). Les médicaments sont souvent surdosés pour les femmes car ils sont peu testés sur les femmes (Diane).
Si je m'en tiens à ce que je peux voir ou lire sur seronet, même si l'échantillon des seronautes qui fréquentent le site ne put pas être considéré comme un échantillon représentatif (selon moi), c'est souvent les hommes qui parlent des traitements et des effets secondaires ... les femmes plus rarement.
Sur le plan économique, je ne pense qu'il y ait une différence en France, entre les hommes et les femmes. L'accès aux soins et les indemnités versées aux hommes et aux femmes sont les mêmes. C'est difficile dans les deux cas.
Je pense que les différences ce sont installées dans les esprits dès le départ, dès le début de l'épidémie : perception de la société et aussi au niveau médical. Par conséquent je pense que le VIH induit une plus grande solitude chez les femmes que chez les hommes. Maintenant reste à faire évoluer les mentalités pour rééquilibrer les choses ... facile à dire. Ma  séropositivité n'a jamais posé de problèmes à mes partenaires masculins. Pour les femmes je ne sais pas.
En dehors du VIH, j'ai beaucoup d'amis célibataires, hommes et femmes, toutes sexualités confondues, qui recherchent désespérément l'âme soeur. Les problèmes rencontrés par les séropositifs-ives, à mon sens, n'est pas seulement dû au statut virologique, mais certainement à un problème sociétal général plus complexe. Ceci étant dit, c'est sûr que le VIH vient compliquer les choses.

JPH
Différence face aux traitements.
La perception sociale, la religion : les femmes sont jugées plus sévèrement que les hommes.
Avant l'apparition du préservatif féminin, les femmes étaient plus exposées au risque, surtout dans les sociétés où la femme a moins de poids que l'homme.
Il y a aussi la question de l'acceptabilité de la maladie. Le femme, vu qu'elle a le désir de l'enfant (dans certains cas bien entendu) vivrait la chose plus difficilement compte tenu de l'âge et du risque.
Qui plus est, quand le statut social est connu (mère célibataire qui a contacté le VIH) beaucoup de gens vous tournent le dos. Parfois même la religion enfonce le clou.  
Il n'y a pas de discrimination au niveau de l'accès au traitement (payer les soins, les médicaments ,etc.).
La question de la solitude n'est pas seulement liée aux femmes. C'est surtout comment la personne réagit après l'avoir appris. Est ce que c'est plus difficile pour les femmes d'assumer ce statut par rapport aux hommes? Je pense que oui, et là je pense qu'il y a une différence.
Les hommes cherchent des relations séreuses aussi. Après ça dépend de la personnalité de chacun.

louplyonnais
Je pense déjà que, nous ici, ne pouvons pas savoir chez qui la trithérapie réussi le mieux, Hommes ou Femmes.
Les gays qui sont nombreux à être séropositifs. Les lesbiennes plutôt rare et comme moi hétéro il peut y avoir gros risque et aucun pour ceux en couple fidèles.
Les dosages des trithérapies sont fixes alors un peu faible pour un costaud de 100kg et bien plus dur pour une femme de 50 kg.
Les problèmes de santé c'est même chose pour les hommes et les femmes, même dans le cas d'une demande d'AAH.
J'ai l'impression qu'il y a une différence psychologique entre les hommes et les femmes face au VIH. J'ai fait des rencontres avec des femmes séropositives et ces femmes ont un caractère délicat, susceptibles. Alors que l'homme ne cherche qu'à vivre normalement. Une impression que la femme séropositive renonce à une vie sentimentale.
L'homme a une diminution de libido à cause de la trithérapie, la femme de même mais c'est plutôt le mental.
Personnalité qui reste la même pour l'homme mais la femme s'en retrouve aigrie : c'est le ressenti que j'ai eu par des rencontres de femmes VIH séropositives. Les rencontres ont tourné court à chaque fois. Avec les femmes il faut savoir être délicat.

cbcb
Au début, le VIH était souvent lié à l'homosexualité, ensuite vinrent les problèmes liés à la prostitution et à la toxicomanie. Beaucoup d'hommes qui vont voir les prostituées ne veulent pas entendre parler de préservatifs.
Dans un reportage, j’ai entendu qu'outre le fait que la femme est plus vulnérable que l’homme, il semble aussi que l’homme est plus réceptif au traitement que la femme, que biologiquement, aussi, on a remarqué des différences (changement de la morphologie). Il semble aussi que les effets secondaires des traitements sont plus mal vécus par les femmes (problèmes de solitude plus fréquent, de dépression, voire de suicide…). Maintenant, est-ce fiable ? Je ne sais pas.
La peur de transmettre le VIH a un enfant est horrible à vivre. Je pense que c'est surtout lié à l'accouchement pour la femme ... maintenant certainement que pour le père, cela doit être aussi très dur à vivre.
La question de l'inégalité hommes/femmes face au VIH est très vague. cela diffère des pays, des religions.
Malheureusement dans certains pays, l’éducation, l’instruction, l’information passent encore par l’homme.
Et pourtant dans ces mêmes pays, c’est la femme (la mère) qui doit souvent gérer les problèmes de santé de la famille.
Si je parle de mon cas personnel, quand j’ai appris que j’étais séropositive, nous étions déjà en couple depuis 2 ou 3 ans. Cela n’a rien changé à notre relation, je pense même que cela a solidifié notre couple.
Et je pense que si c’était lui qui m’avait appris qu’il était séropositif, je serai aussi restée avec lui.
Aujourd’hui, beaucoup de séropositifs sont en bonne santé et peuvent avoir (homme ou femme) une vie tout à fait normale.
Maintenant, pour les personnes qui cumulent plusieurs problèmes de santé, bien sûr que cela engendre de gros soucis sur le plan professionnel, donc sur le plan économique.
Si on souhaite une relation durable (homme ou femme), on recherche une certaine confiance, une complicité, de la douceur bien sûr, et de vrais sentiments.

luso
Il y a des aspects différents, souvent clichés ou négatifs selon le genre et la sexualité. Des jugements de valeurs : la fille parce qu'elle est facile, le gay parce qu'il l'a bien cherché, etc... avant même d'être confronté aux médicaments on commence par des mises à l'index parfois.
Je me demande s'il y a des effets secondaires différents ou plus prégnants chez les femmes que chez les hommes à cause du dosage médicamenteux?
L'écart salarial homme-femme peut peser sur certaines conditions déjà défavorables.
Sur les aspects de la sexualité et de la libido je pense que c'est plutôt propre à la personnalité. J'ai pas mal d'amis hétéros qui me racontent leur vie et le fait que des fois ça marche pas avec des filles. C'est pas lié au VIH, mais à la drague en général je crois.

En conclusion, nous voyons que, malgré le nombre restreint de participants à ce chat thématique (7 seronautes), le sujet des inégalités hommes/femmes suscite beaucoup d'intérêt, tant les échanges furent riches et intéressants.
Bien entendu les avis divergent, mais dans les grandes lignes nous pouvons retenir que différences qui peuvent peser sur les femmes vivant avec le VIH se situent sur le plan médical (traitements surdosés pour les femmes), sur le plan économique (les femmes occupent généralement des postes moins rémunérés et par conséquent toute difficulté supplémentaire, médicale ou non, aggrave davantage leur situation), sur le plan sociétal (perception de la femme par la société et la religion, les femmes jugées plus sévèrement que les hommes) et enfin sur le plan intime/psychologique, même si sur cet aspect la majorité des participants pensent que c'est la personnalité de chacun qui influence davantage cet aspect.

Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet, Diane vous laisse un documentaire :

https://www.youtube.com/watch?v=khWkXFC4hPg
Ça s'appelle "À tire d'Elles", ce sont des témoignages de femmes.

Je vais laisser le mot de la fin à guhe24 : "Cette affaire est compliquée pour les hommes et les femmes".

J'ai pris un peu de retard dans la rédaction du compte-rendu, mais voyons le côté positif des choses, cela a laissé à Luso le temps de préparer son sac pour son séjour avec Bob. C'était le potin de la semaine.

Tom Sawyer.

Portrait de cbcb

Pas facile à rédiger, en considérant les divergences de points de vue !